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Citations sur Le vallon des Parques (23)

Le siège de l’Ahnenerbe se trouvait à Berlin. La vaste demeure servait d’épicentre à la plus étonnante organisation qu’il lui fut donné de connaître. La Société pour l’étude de l’histoire des idées premières comportait de nombreux départements scientifiques, allant de l’archéologie à l’anthropologie. Elle réunissait des experts venus de toute l’Allemagne. Ces sommités s’employaient à retrouver les croyances, les pratiques et le langage des ancêtres de la race germanique. Un très discret « département R» faisait même de la prospective militaire. Les allées et venues d’officiers de la Luftwaffe rattachés au centre de recherche de l’armée de l’air de Dachau en témoignaient. Toutefois, le conventicule le plus secret de l’Ahnenerbe, dont on disait que ses membres rendaient compte directement à Himmler, concernait les sciences paranormales. La cellule possédait une galerie de bourlingueurs aussi farfelus que passionnés. Leur champ d’études transcendait tous les dogmes du national-socialisme en se basant sur l’analyse des grandes traditions ésotériques. L’objectif était toujours le même: remonter aux sources et démontrer que les grandes civilisations de l’humanité procédaient d’un seul et même tronc commun: la race immémoriale des Aryens
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En utilisant la gouttière pour descendre tu seras vite dans les parcs. Prends un vélo-taxi et rejoins la gare sans tarder. Tu as un train pour le Puy-en-Velay dans moins de trente minutes. Ne dis rien. C'est ainsi. Tout ce qui arrive, c'est la faute à la guerre et à ce salaud d'Hitler. Pas à nous.
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Ça râlait dur, excepté du côté des jeunes au béret, qui semblaient s’amuser de la balade. En tête du cortège, un paysan fouaillait les fougères sur le bas-côté. Il rouscaillait dans sa moustache en disant que la loco ne transportait que des pommes de terre et des planches de bois et qu’aucun abruti ne gâcherait des explosifs à faire dérailler la 130 T Schneider. Assurément qu’à Vichy on n’accordait aucun intérêt à la sécurité de la ligne du tacot. Pourtant, au lieu de surveiller la gare de Saint-Germain-des-Fossés, nœud ferroviaire stratégique pour tous les trains reliant Lyon à Clermont-Ferrand, on se focalisait sur ce petit chemin de fer qui permettait surtout aux bourgeois de Vichy de partir se ravitailler auprès des fermes de montagne. Les hameaux, disséminés au milieu des champs et des forêts, étaient un pays de cocagne; un paradis où on tuait le cochon, récoltait les œufs et faisait couler le lait en généreuse quantité. Une manne en ces temps de restriction où la faim tordait le ventre à tout le monde. On racontait dans les troquets de la cité thermale que des ambassadeurs missionnaient même leurs commis pour des courses spéciales. Le week-end: la gare de Cusset bruissait d’une foule d’urbains en quête de victuailles.
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Non loin de Vichy, dans la montagne bourbonnaise, les hommes s’étaient retrouvés devant la gare de Mayet. Ils pestaient contre la pluie et le froid en faisant passer de main en main des cigarettes de trèfle séché. Des moucherons dansaient dans la lumière des lampes à pétrole.
Un gendarme rompit le cercle et fit l’appel. Il y avait là un facteur de Molles, des paysans du bourg voisin et trois jeunes issus des Équipes nationales qu’on reconnaissait à leur uniforme bleu marine.
Suite aux nouvelles réquisitions générales prises par les maires, personne ne sachant vraiment si cette contrainte avait pour origine une directive allemande ou française, des groupes étaient constitués parmi les hommes adultes pour surveiller les voies de chemin de fer. Chacun s’efforçait de repérer d’éventuelles charges explosives laissées par des terroristes. Cette nuit, l’équipe devait remonter la ligne jusqu’à l’aube, soit une vingtaine de kilomètres aller et retour entre le Mayet-de-Montagne et la gare de Lavoine. Emprunté par une locomotive à vapeur, le rail partait de Cusset, près de Vichy, et s’enfonçait dans des contrées sauvages, entre Loire et Puy-de-Dôme.
Le gendarme qui portait un revolver distribua deux torches électriques et fit mettre les gars en file indienne.
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Apolline repoussa les couvertures et se dirigea à tâtons vers le cahier qu’elle dissimulait dans une boîte à chaussures. Dans une enveloppe se trouvait une minuscule touffe de cheveux; ceux de la défunte. Sa mère les conservait pieusement avec la photo de l’enfant. Apolline avait retrouvé l’image par hasard, au fond d’une malle. Elle l’avait chipée. La relique était disposée à côté d’articles qu’elle découpait dans les journaux. Son père en ramenait souvent du bureau pour allumer le feu. Jeanne les parcourait en cachette. Elle ne lisait que les gros titres. Toujours le même sujet: ce qu’on faisait à ces jeunes filles dans les bois.
Nicole était venue pour ça. Apolline saisissait le message.
Ses parents n’avaient pu sauver sa sœur, ils ne la protège-raient pas davantage.
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Une nuit, peu de temps après leur installation, il se produisit quelque chose d’étrange. Nicole était venue lui parler. Elle était là: assise en tailleur sur le coffre à jouets. Une gamine blonde à la silhouette filiforme. Ses paupières ne bougeaient jamais.
C’était la sœur qu’elle n’avait jamais connue. Décédée à l’âge de six ans d’une méningite, sa cadette était sortie d’outre-tombe pour la mettre en garde.
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Apolline ne dormait pas. La chambre était plongée dans le noir. En bas, ses parents se disputaient. C’était à propos d’elle, elle le savait. Depuis des mois, des pensées l’obsédaient.
Lorsqu’ils déménagèrent à Cusset, elle fut triste. Sur la route, elle ne cessa de pleurer et de crier. Elle disait qu’ils allaient être bombardés ou que leur voiture sauterait sur une mine.
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— J’ai vu la maîtresse d’Apolline, fit Jeanne. Ses notes sont catastrophiques; elle n’est pas intégrée dans sa classe. Tu trouves normal qu’elle ne soit jamais invitée chez ses camarades?
André Lange n’aimait pas cette conversation; mais il fallait crever l’abcès. La situation d’Apolline ne cessait d’empirer, insidieusement. Depuis de longs mois, elle vivait repliée dans son monde.
Jeanne se tordait les mains devant les flammes. André l’observa à la dérobée: elle avait vieilli de dix ans en quelques semaines.
— À l’école, ils sont tous désemparés. La maîtresse dit qu’elle aurait mieux sa place dans un institut spécialisé... avec des enfants... comme...
— Tu veux dire comme elle, un peu toqués?
Jeanne éclata en sanglots.
— S’il te plaît André! Oh, qu’est-ce qu’on va faire Seigneur! On n’a qu’elle.
Il prit son épouse dans ses bras et remonta une des mèches qui barraient son front.
Quelque chose d’acide et de poisseux fourmillait dans sa gorge.
— On va s’en sortir, ne t’inquiète pas.
Il essayait de se convaincre lui-même.
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André n’aimait pas cette maison. Trop grande, trop pleine de souvenirs attachés à des gens qu’il ne connaissait pas. Il s’était dit, quand le ministère lui avait proposé cette demeure, qu’elle appartenait peut-être à un riche entrepreneur juif dont l’usine venait d’être aryanisée. Inquiet, il avait passé la journée à fouiller la cave et le grenier. Il craignait de tomber sur une mezouza ou un chandelier à sept branches. Mais il ne trouva rien. N’empêche, il n’aimait pas cette maison: une vieille chouette insomniaque, impossible à chauffer. Il regrettait leur foyer campagnard près de Royat, dans le Puy-de-Dôme. Le grand jardin éclairé par la lune, le bruit de la pluie piquetant les tuiles en lauze et le givre sur les volets les matins d’hiver.
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Après avoir couché la petite, Jeanne rejoignit André au salon; il rajoutait une bûche dans la cheminée. Seuls le bruissement des flammes et le battement d’une pendule troublaient le silence. Son mari semblait abîmé dans ses pensées.
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