Il ne faudrait pas, lorsque le temps viendra de se souvenir des belles choses, oublier ces modestes journées durant lesquelles l’existence s’est contentée de l’essentiel.
Un bouquet de souvenirs d’oiseaux.
Les poches toujours bourrées de coquillages, je comprends que ce sont là autant de minuscules maisons de rechange que je traîne avec moi, et que c’est sans doute la même impulsion qui me fait m’entourer de livres.
Le soir, peu après le coucher du soleil, les lucioles apparaissaient au-dessus du champ, petits feux clignotants et papillonnants. Elles étaient des milliers, suspendues comme de minuscules lanternes dans le soir bleuté. Le ciel avait jeté par terre des poignées d’étoiles en trop.
Je m’en voudrais de ne pas saisir si belle occasion de t’annoncer ceci, qui est parfaitement vrai : le petit du hérisson a pour nom choupisson. Ce sera tout.
Je sais maintenant la quantité de terre qu’il me faut pour être heureuse : quasiment rien, un kilomètre de plage, depuis les rochers jusqu’à la rivière, et puis la mer jusqu’à l’horizon.
On ressemble plus aux arbres qu’on veut bien le croire. Il me semble que, comme eux, nous continuons de porter celui ou celle que nous étions à quatre, onze, trente ans. En nous sciant en deux, on verrait toutes ces personnes imbriquées, de la plus petite à la plus grande, comme des poupées russes.
Une grande tristesse, et une grande richesse, que de découvrir qu’il faut faire un certain nombre de pas de côté, avoir fréquenté les angles morts de nos vies et savoir regarder ce que nous sommes de face, mais aussi de profil et même par en dessous, pour commencer à profiter de ce que nous sommes et de ce que nous avons été.
Pour recevoir chaque jour une décharge minuscule et imprévisible de beauté, c’est facile : installer devant une fenêtre une mangeoire à oiseaux.
Bien sûr que la beauté rend heureux, encore faut-il pouvoir l'être au moment où on la croise.