AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246832553
256 pages
Grasset (11/01/2023)
4.29/5   97 notes
Résumé :
Comment mesure-t-on une vie ? Peut-elle se stérer en poèmes, comme on compte les pieds dans un alexandrin ? Que reste-t-il de nous quand nous ne sommes plus ?
À sa mort en 1886, Emily Dickinson a laissé derrière elle, pêle-mêle, des centaines de textes griffonnés sur des bouts de papier que sa soeur Lavinia découvre avec stupéfaction. Elle en confiera la publication à Mabel Loomis Todd, la maîtresse de leur frère. Sans ces deux femmes, et l’... >Voir plus
Que lire après Les ombres blanchesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
4,29

sur 97 notes
5
16 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Choses qui vivent dans le ciel
Les oiseaux
Les libellules
Les nuages
Les chauves-souris
Les étoiles
La lune
Mademoiselle Emily
(p.143)

A l'instar de sa soeur Lavinia, Dominique Fortier s'empare de l'oeuvre d'Emily Dickinson
Lorsque le 15 mai 1886, Emily Dickinson, alors parfaite inconnue, décède, un microcosme s'agite autour de ses écrits.
Si sa soeur Lavinia a respecté ses dernières volontés en jetant ses lettres au feu, une intuition la retient d'y jeter ses nombreux poèmes dont elle découvre avec surprise l'existence. Que faire de tous ces petits bouts de papier griffonnés à la hâte, dans l'urgence, parfois sur des emballages ?
Avec beaucoup de délicatesse et une plume poétique, Dominique Fortier reconstitue l'atmosphère de la maison presque vide, qui n'est plus habitée que par Lavinia, ses chats et quelques fantômes.

« Cela la frappe à ce moment-là, en plein soleil : ses fantômes n'habitent pas à la maison, ni même le cimetière, c'est elle qu'ils habitent, elle les transporte partout où elle va. Elle est, nous sommes des assemblages de poupées russes, spectres, souvenirs, disparus jusqu'au coeur en bois vivant et mort à la fois, jamais à l'abri d'une flambée. (p.133) »

Emily a écrit sans tenir compte des codes de la poésie en vogue à l'époque comme de donner un titre à chaque poème, elle met des majuscules où ça lui chante, des tirets un peu partout, en faisant fi des conventions. Qu'à cela ne tienne, l'éditeur Thomas Higginson et Mabel Todd chargée de déchiffrer les pattes de mouche d'Emily remettront « de l'ordre » dans tout cela. Il faudra ainsi attendre 1955 pour que paraisse un recueil au plus près de l'écriture d'Emily Dickinson.

« Elle [Lavinia] voudrait dire que, pour ce qu'elle en comprend, la poésie de sa soeur est le contraire de la correction, qu'elle appartient au domaine de la faute, de ce qui ne figure ni dans les manuels ni dans les dictionnaires, qu'elle réside dans cette distance qui l'éloigne de ce qui est normal, attendu, que la poésie vit dans cette surprise, qu'elle se construit avec de l'étonnement comme la ruche se construit avec du miel. Les poèmes d'Emily sont le contraire d'une ligne droite - labyrinthe, vol d'abeille - en même temps qu'ils vont droit vers leur but, comme la flèche vers sa cible, qu'ils sont à la fois à la flèche, la cible, la main qui tire et l'air fendu par la pointe d'acier. » (p.123)

A pas de louve, Dominique Fortier retisse avec patience les fils entre les personnages.
L'auteure a une très belle écriture, douce, dépouillée, lumineuse, elle touche au coeur avec ses mots. le lecteur se coule dans la vie solitaire et austère de Lavinia et suit avec bonheur l'attachante petite Millicent, fille de Mabel, qui avec son coeur d'enfant est celle qui comprend le mieux les poèmes d'Emily, dont elle deviendra plus tard l'une des plus grandes spécialistes.
Un livre hommage contemplatif, sensible et profond, qui donne envie de découvrir l'oeuvre d'Emily Dickinson, ainsi que le précédent livre de Dominique Fortier, « Les villes de papier » sur la vie de celle reconnue aujourd'hui comme l'une des plus grandes poétesses américaines.
Mon bémol serait que malgré la beauté de certains passages, les nombreuses libertés prises par l'auteure m'ont parfois un peu dérangée, l'histoire étant beaucoup plus romancée que fidèle à la réalité. Les nombreuses projections de Dominique Fortier sur les sentiments prêtés aux personnages prennent beaucoup de place. Cependant, pour ceux, qui comme moi, ne connaissaient pas l'histoire des Dickinson, ce roman se révèle riche en enseignements.

« Quand elle pense à Emily, à Gilbert ou à sa cousine Sophia, morte à quinze ans, Lavinia les voit tels qu'ils étaient au printemps ou à l'été de leur vie, insouciants comme des chiots. Mais elle sait que la vérité est tout autre, plus merveilleuse encore ; leurs chairs fragiles se sont défaites, leurs os sont aussi lisses que les touches d'un piano, leurs cheveux, telles des soies d'araignée, leurs coeurs, leurs poumons, le blanc de leurs yeux et la pulpe rose de leurs doigts sont allés rejoindre la terre et ils nourrissent l'herbe tendre, ils sont devenus saule, tilleul, sycomore, il servent de maison aux oiseaux et leurs bras grands étendus touchent enfin les étoiles dans le ciel.
Au jardin, à la tombée du jour, les lucioles dessinent des guirlandes mouvantes, qui dansent un instant et se défont aussitôt. Lavinia les observe de la fenêtre de la cuisine, empêche les chats de sortir pour ne pas troubler les fées. Lorsqu'elle monte à l'étage, des heures plus tard, en passant devant la chambre d'Emily, dont la porte est entrouverte, elle découvre qu'une mouche à feu, une seule, est entrée dans la maison et clignote au-dessus de l'oreiller. » (p.114 115)
Commenter  J’apprécie          475
Dès les premières lignes, je me suis faite toute petite et suis entrée sur la pointe des pieds dans le monde d'Émily Dickinson. Douceur, délicatesse, sensibilité sont au rendez-vous.
J'ai côtoyé ceux qu'elle a laissés et en qui elle demeure, tellement absente, tellement présente. Émily a laissé une empreinte indélébile sur sa famille et ses amis.
_ Millicent s'allonge sur l'herbe glacée. Elle aussi a l'impression de tomber dans le grand bassin d'étoiles. Sur la pulpe de son doigt, le flocon ne fond pas. Au contraire, il brûle ; c'est une toute petite flamme blanche.
_ Lavinia : Dimanche, au cimetière après s'être recueillie un instant devant la stèle d'Émily, elle prend l'étroit sentier qui mène jusqu'à la tombe de Gilbert, et dépose sur le sol le bonnet, l'écharpe, la paire de mitaines qu'elle a tricotés à son neveu pour le tenir au chaud les nuits de novembre.
_ Susan : Les livres sont des fantômes. Les lettres ne valent guère mieux, qui se construisent à m^eme l'absence de ceux qu'on aime. Même les plus belles, les plus tendres et les plus émouvantes ne cessent de chuchoter : je ne suis pas là.
Chacun vit son deuil à sa façon à l'ombre d'Émily.
J'ai adorée la Plume de Dominique Fortier qui s'immisce dans celle d'Émily. C'est un monde à part doux, feutré. J'y retrouve Émily Dickinson telle que je l'avais imaginé. Il ne me reste plus qu'à lire Les villes de papier.
L'auteure a écrit une bonne partie de ce livre pendant le confinement comme une invitation à ressentir ce qu'était vivre en recluse. Pourquoi une suite ? « Échafauder une suite à la mort, c'est ce que nous faisons tous les jours de notre existence. Ça s'appelle continuer à vivre. »
Un coup de coeur. Un livre envoûtant, magique, un lieu d'éternité avec une flamme en incandescence.
Merci aux éditions Grasset
#Lesombresblanches #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          5412
En 1890, à Amherst, dans le Massachusetts, Emily Dickinson est décédée à l'issue de plusieurs années de réclusion volontaire. le chagrin est immense pour sa famille. le vide que sa disparition laisse est peuplé des innombrables écrits disséminés sur des fragments de papier, perpétuant sa présence.
Mais que faire de cet héritage éclectique ? Si elle avait anticipé les choses pour son courrier et son journal, exigeant qu'ils soient détruits à sa mort, aucune consigne pour le reste.

La famille est unanime, il faut les publier. Mais la tâche est complexe. Parce qu'il n'existe aucun repère d'un quelconque classement ni même de ce qui doit être gardé ou supprimé. D'autre part, dans cette Amérique du 19è siècle, les écrits posthumes d'une femme se voient gratifiés d'emblée d'un mépris condescendant.

C'est Mabel, la maitresse du frère dEmily qui se sent investie des qualités nécessaires au défrichage de l'oeuvre. Son parcours brillant et sa proximité de la famille l'autorisent à s'emparer de l'affaire. Mais l'écriture d'Emily n'est pas simple. Entre les exigences de l'éditeur qui veut rendre les poèmes accessibles et les difficultés de Mabel pour comprendre intuitivement cette poésie, il faut une bonne dose d'obstination pour poursuivre, ou bien l'aide miraculeuse d'une enfant sensible…

C'est avec beaucoup de délicatesse que Dominique Fortier s'immisce dans l'entourage affligé de la poétesse américaine la plus célèbre. Elle restitue l'ambiance morose dans laquelle la perte d'Emily a plongé cette famille disparate. On partage les secrets d'alcôve et les regrets enfouis. On y lit aussi de nombreux extraits des écrits laissés par la recluse.

Le vide qu'elle a laissé, l'incertitude et les hésitations de la famille sur le devenir de l'oeuvre, la place d'une femme écrivaine à cette période de l'histoire, tout cela est abordé avec pudeur mais assurance. On devine à travers le récit l'admiration sans borne de l'autrice pour Emily Dickinson.

Très beau récit, indispensable pour tous les lecteurs fascinés par le destin de la poétesse et pour ceux qui souhaiteraient le découvrir.


256 pages Grasset 11 janvier 2023
#Lesombresblanches #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          521
Il y a des livres qui nous plongent dans la noirceur de l'âme humaine, celui-ci nous élève dans la blancheur éthérée de la poésie…

Le roman est la suite de « Les villes de papier », où Dominique Fortier racontait l'histoire de la poétesse américaine Emily Dickinson. Recluse dans la dernière partie de sa vie, Emily écrivait constamment de la poésie, mais n'avait jamais publié ses oeuvres.

« Les ombres blanches » commence à la mort de la poétesse. Sa soeur célibataire qui avait toujours veillé sur elle doit apprendre à vivre avec l'absence, mais doit aussi ouvrir les coffres et les tiroirs pour trouver les lettres et les poèmes. Si Emily lui avait demandé de brûler ses lettres, elle n'avait pas mentionné les poèmes et Lavinia entreprendra d'en faire un livre, avec la collaboration de Mabel, l'amante de son frère et un vieil ami éditeur. On fera connaissance de Millicent, la fille de Mabel, qui se passionnera aussi de la poésie de Dickinson et il sera question du sens de la vie et des livres.

Je m'aperçois que ce bref résumé ne montre pas la beauté de ce roman.

Ce n'est pas un suspens plein de rebondissements. C'est une dentelle de mots, décorée de perles de muguet, au son des trilles de merles…
Commenter  J’apprécie          452
Il y a une sorte de fascination nimbée de mystère voire de fantastique autour des révélations artistiques à titre posthume, que ce soit celles de créatifs exerçant dans le secret de leur vivant, ou d'oeuvres d'artistes déjà connus empêchées par le contexte historique. On pense au trésor laissé par Vivian Maier avec sa ribambelle de films même pas développés, en littérature Kafka ou Anne Franck cités dans ce livre, on pourrait rajouter Fernando Pessoa, Irène Némirovski et sa « Suite française » sorti des ténèbres en 2004. Et puis il y a Émily Dickinson bien sûr.
Emily avait demandé à sa soeur cadette Lavinia de détruire ses lettres, mais qu'en est-il de ses poèmes ? Qui décide, quelles synergies se mettent en place pour la révélation d'une oeuvre ? Sûrement des forces vives, ou pas. Recluse dans sa chambre d'Homestead à Amherst les dernières années, Émily Dickinson était « diaphane et évanescente dans son âge mûr», elle devient après sa disparition physique « le plus vivant des fantômes » sous la plume transcendante de Dominique Fortier qui fait appel aux ombres, blanches cela va de soit avec la prédilection d'Emily pour cette couleur, en se demandant qui fait un livre : « Combien de personnes faut-il pour faire un livre? Combien d'êtres chacune de ces personnes contient-elle à son tour, combien de fantômes ? Et si c'étaient les fantômes qui écrivaient ? Quand aujourd'hui je dis « je », qui est-ce qui parle ? » À moins que ce ne soit l'oeuvre elle-même qui décide. Après avoir brûlé les lettres présentes à Homestead, Lavinia ouvre le coffre en camphrier des poèmes, mais ne réussira pas à les y remettre :« qui a jamais réussi à faire remonter la neige dans les nuages, la lave dans le volcan, les larmes dans les yeux ? »
C'est bien la vie qui déborde de ce roman, une vie sublimée qui peut s'insérer dans les objets comme une trace laissée par Emily, « une sorte de souvenir cristallisé autour du vide ». Elle s'envole de ses poèmes et s'installe peu à peu dans les personnages au quotidien, de Lavinia à Millicent en passant pas Mabel ou Susan, toutes proches d'Emily, décidées pour certaines à se frotter aux contraintes éditoriales pour confier sa poésie à un livre, malgré les inimitiés qu'il peut y avoir entre elles. C'est peu dire que les personnages prendront de l'épaisseur, ils sont habités eux-aussi par le souffle de la poétesse et semblent prendre le pouvoir sur la romancière. de Susan au « coeur trop grand » à la petite Millicent sur les pas d'Emily, une galerie féminine et foisonnante, magnifique.

Le sujet de la révélation posthume est passionnant, le livre l'est tout autant, sous la plume délicate et sensuelle de Dominique Fortier. Mais il souffle aussi dans ce roman transcendant un vent de liberté, amenant l'autrice à parler d'elle ou sa relation au sujet, même si la prouesse principale ici semble être dans l'imprégnation, l'acculturation à l'univers d'Emily Dickinson, omniprésent. Un roman égrené de perles de mots qui est à déguster, car il se finira sûrement trop tôt.

« Ce soir-la, en s'endormant, elle trouve une autre réponse à la question de son père : les poèmes de Mademoiselle Emily non plus n'ont pas d'ombre. Ces poèmes sont des ombres blanches, des textes tissés à même les silences entre les mots, une maison faite de fenêtres. »

Lien : https://www.benzinemag.net/2..
Commenter  J’apprécie          379


critiques presse (5)
LeSoir
26 juin 2023
Ses poèmes auraient pu disparaître. Dans « Les ombres blanches », Dominique Fortier montre comment ils nous sont parvenus.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LePoint
06 février 2023
Après deux romans consacrés à Emily Dickinson, Les Villes de papier, prix Renaudot essai en 2020, qui racontait, en mêlant fiction et réel, la vie de la poétesse américaine, et maintenant Les Ombres blanches,qui évoque l'aventure de la publication de ses poèmes, peut-on affirmer que Dominique Fortier est hantée par son sujet ?
Lire la critique sur le site : LePoint
LeJournaldeQuebec
19 décembre 2022
On traverse avec une sorte de stupeur ces pages lumineusement enténébrées d’ombres blanches (les mots), ce monde creusé de vallées profondes et nocturnes (la pensée), fermé sur lui-même par de hauts sommets impraticables (la sensibilité), ce globe criblé de projectiles incandescents (le talent) tombés du ciel, ou en tout cas venus de mondes extérieurs.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeJournaldeQuebec
25 avril 2022
La talentueuse Dominique Fortier plonge à nouveau dans l'univers de la poète américaine Emily Dickinson dans son 6e roman, Les ombres blanches.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
13 mars 2022
Ce qui fait la force de ce récit, le nœud, ou même l’enjeu de cette mise en scène, reste avant tout l’évanescence des choses, des relations, des êtres. Tout disparaît un jour.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
À quoi mesure-t-on une vie ? Comment fait-on pour la peser, où est la céleste balance dont parlent les Saintes Écritures ?Se compte-t-elle en enfants mis au monde, en livres écrits, publiés ? En tartes cuisinées, en gâteaux réussis, en chaussettes tricotées ? En êtres perdus, retrouvés, sauvés ? En pays visités, en territoires explorés ? En incendies allumés – ou éteints ? Aux lettres écrites, reçues, jamais envoyées ? Aux quelques mots gravés sur une stèle ? Au souvenir laissé dans l’esprit des vivants (mais alors, quand ces vivants auront à leur tour rejoint le royaume des morts et que le souvenir du souvenir aura disparu) ? Aux maisons construites, à l’argent gagné, dépensé, distribué ? Au bien qu’on a fait, aux services rendus ? Aux chats accumulés ? Aux oisillons rescapés ? Aux assiettes fracassées ou recollées ? Aux distinctions obtenues, aux médailles épinglées, aux emplois occupés ? Aux livres lus, prêtés, imaginés, jamais publiés ? Aux fleurs cultivées, aux arbres plantés, aux fruits cueillis ?Et si Lavinia, non contente de brûler les lettres d’Emily, avait confié aux flammes les poèmes de sa sœur ? Une vie peut-elle se stérer en poèmes, comme on compte les pieds dans un alexandrin ?
Commenter  J’apprécie          90
Elle sort plutôt au jardin, rentre avec une brassée de fleurs. Elle tresse les violettes pour en faire un collier qu'elle noue autour du cou de sa sœur, puis glisse entre les doigts glacés deux héliotropes encore tièdes de la lumière du soleil, accompagnés d'un billet où est tracé : Pour notre cher ami, le révérend Charles Wadworth.
Même dans la mort, il faut rester courtois.
Commenter  J’apprécie          262
Née le 10 décembre 1830 à Amherst, au Massachusetts, Emily Dickinson est morte le 15 mai 1886 dans la maison où elle avait vu le jour, après avoir passé les dernières années de sa vie cloîtrée dans sa chambre, à entretenir une volumineuse correspondance et à écrire des centaines de poèmes qu'elle s'est toujours refusée à publier de son vivant.

J'ai voulu imaginer son existence dans " Les Villes de papier".Puis, un an plus tard, j'ai eu besoin d'écrire l'histoire des femmes qui lui ont survécu et qui lui ont en quelque sorte redonné vie.
Commenter  J’apprécie          170
Elle se rappelle ces labyrinthes des revues de son enfance, où elle essayait, en les traçant du doigt, tous les trajets partant du centre pour essayer de gagner la sortie, revenant en arrière quand elle se trouvait face à une impasse. La vie ne nous permet pas de revenir sur nos pas, elle nous condamne à avancer - ou à rester immobile. Une fois arrêté, combien de temps faut-il pour ne plus sentir ses bras, ses jambes se demande Susan, combien d'années avant de se transformer enfin en statue ou en arbre ?
(p.102)
Commenter  J’apprécie          170
Les mots ne sont pas vivants, et pourtant, depuis des mois, chaque fois que Mabel relit l'un des courts poèmes d'Emily, elle a l'impression qu'un deuxième cœur se met à battre entre ses côtes. Peut-être est-il là, le moyen de vivre cent vies sans pour autant tout faire voler en éclats, peut-être s'agit-il de les vivre dans cent textes différents. Une vie par poème.
(p.215-216)
Commenter  J’apprécie          212

Videos de Dominique Fortier (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Fortier
Payot - Marque Page - Dominique Fortier - Les ombres blanches
autres livres classés : eternitéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (217) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..