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Agé de vingt ans et des poussières, Pierre Rivière est poursuivi par la justice après avoir tué sa mère, sa soeur et son frère. Après avoir commis ce meurtre, il s'enfuit et vagabonde pendant un mois dans les forêts alentours. Lorsqu'on le retrouve, il invoque tout d'abord la raison divine pour justifier son meurtre, puis reconnaît qu'il voulait seulement venger son père, victime selon lui d'humiliations répétées de la part de sa mère. le meurtre de la petite soeur et du petit frère est justifié quant à lui par l'attachement de ces derniers à leur mère.


Michel Foucault, auteur d'une « Histoire de la folie », à l'occasion de son entreprise critique des institutions, a déterré un rapport complet autour de cette affaire qui s'est déroulée dans la campagne française des années 1865. l'a première partie du livre est factuelle et nous expose sans commentaire les documents de l'arrestation, de l'instruction, des consultations médico-légales, du procès et du mémoire.


La deuxième partie réunit plusieurs intellectuels contemporains de Foucault autour d'un commentaire qu'ils souhaitent neutre de l'affaire. Ils ne se laissent pas prendre au piège qu'ils dénoncent et ne cherchent pas à analyser le comportement de Pierre Rivière d'un point de vue psychiatrique ou psychanalytique. Ce qui les intéresse, c'est d'observer les rapports entre la psychiatrie et la justice pénale, de se poser la question de la formation et du jeu d'un savoir dans ses rapports avec les institutions, de déchiffrer les relations de pouvoir, de domination et de lutte à l'intérieur desquelles les discours sont produits. Cette analyse n'est pas exempte de défauts : on fout la paix à l'individu pour questionner le collectif, on dénonce la violence qu'inflige l'interprétation psychanalytique à l'individu pour la reproduire sur le collectif, bref, on passe d'un coupable à un autre, comme si on reconnaissait que l'individu est la conscience éveillée qui manifeste parfois, sans le savoir, les dérèglements d'une société et de ses institutions.


Il ne faut sans doute pas se soumettre absolument aux interprétations psychiatriques, et les observations critiques des intellectuels dans ce livre sont du même ressort, même si elles cherchent à prendre du recul et à se montrer critique vis-à-vis de leur propre discours. Malgré les défauts inévitables qui apparaissent dès lors que quelqu'un produit un discours, ce livre offre cependant le témoignage rare et brut d'un assassin. Aurait-on permis à cet homme de s'exprimer et, le cas échéant, aurait-on gardé son témoignage en mémoire avant le 19e siècle ? Plus encore, au-delà du fait anecdotique, Michel Foucault nous invite à observer les jeux entre la justice et la psychiatrie au 19e siècle, se construisant mutuellement entre rejet et complicité. Ce croisement inédit augmenterait selon lui considérablement le risque de réalisation de son plus grand cauchemar, à savoir l'emprise toujours croissante des institutions sur la liberté présumée de l'être humain.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Pierre Rivière est né dans les année 1800, jeune homme de 20 ans issu d'une famille d'agriculteur , illettré, égorge à coup de serpe sa mère , sa soeur et son frère dans un village normand.Il prend la fuite , se réfugie dans les bois.Il sera finalement incarcéré , dans sa cellule il se met à rédiger une véritable autobiographie.Il explique avoir été guidé par Dieu . Par son geste il voulait délivrer son père infligées par sa mère.Condamné à mort , il sera gracié par le Roi puis se pendra dans sa cellule en 1840.
Ce cas de parricide est très intéressant , on constate toujours la mère comme le mauvais objet .Cependant sur la plan psychanalytique ...le cas clinique est très intéressant .Comment un jeune homme illettré vivant à la campagne , peux t il en arrivant en détention a écrire son acte.
La mère est bien présente et on voit que tout est crée autour d'elle comme pour un schizophrénie. Ce qui est étrange c'est que Pierre soit passé à l'acte avant d'écrire ...
Livre intéressant si l'on s'intéresse un peu à la psychiatrie .
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Avant Criminal Minds, Mindhunter et The Alienist, il y avait Moi, Pierre Rivière... Condamné dès la naissance, il aurait été une formidable Vie parallèle de Plutarque.
Non celle des hommes illustres mais des illustres inconnus.

Que représente une arrestation, un procès, un suicide si le quotidien nous tue déjà à petit feu? Il ne lui manquait plus que l'instabilité familiale, celle d'une mère qui épuise le père.

C'est dans son Mémoire qu'il explique l'usage de la serpe, non pas sertie d'or mais de bois.

Extraordinaire ouvrage.
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Un document, une enquête, un crime. Un criminel dont l'aveu est consigné sans en changer une virgule: l'équipe de Foucault a ici un matériau de première main.

Le criminel est jeune, presque analphabète, mais il parle un très beau français du terroir. Sa confession est digne, précise, rationnelle. le crime est sauvage. Barbare. Toute la violence et la misère des campagnes abandonnées.

Ce contraste saisissant m'est resté en mémoire-j'ai lu le livre il y a longtemps- et m'a toujours fait penser au très beau film de Bertrand Tavernier, le Juge et l'Assassin. Pour moi, Pierre Rivière, c'est le personnage joué par Galabru, mais en beaucoup plus jeune.

Il y a eu un film aussi, je crois...
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Ce livre m'a été prêté par une amie étudiante en psychologie.
J'ai lu les rapports et témoignages des témoins et officiels, ainsi que la seconde partie, le pourquoi du passage à l'acte par le meurtier lui même.
Suivent les explications des experts, l'étude et l'issue du procès, que je n'ai pas lu.

Je n'ai pas poursuivi au delà des aveux de Pierre Rivière, n'étant pas suffisamment passionnée, probablement, par l'examen psychologique des spécialistes.

C'est un livre plutôt compliqué à livre: les témoignages se recoupent tous (normal, me direz vous), et du coup, j'ai eu l'impression de lire plusieurs fois la même chose; ensuite, les écrits de Pierre Rivière ont été retranscrits tels quels, avec les fautes de grammaire et orthographe, le manque de ponctuation, son style bien à lui...j'ai eu du mal à m'adapter à son récit. Conclusion, j'ai bien fait de ne pas choisir une profession impliquant de lire des dossiers de justice.

Aucun regret cependant, l'objectif étant de lire le récit de Pierre Rivière: les faits divers ne sont pas nouveaux dans notre société.
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Michel Foucault voulait avec son séminaire du Collège de France étudier les rapports entre psychiatrie et justice pénale au XIXᵉ siècle. Chemin faisant, il a rencontré l'affaire Rivière : dans un village de Normandie, en 1835, un adolescent massacre froidement sa mère enceinte, son frère et sa soeur. de quoi s'agit-il ?Aux rapports des psychiatres, à toutes les pièces judiciaires, s'ajoute ici un stupéfiant et admirable Mémoire rédigé par le jeune accusé qui prétendait savoir à peine lire et écrire.Parricide apparemment banal, mais ensemble unique de textes qui, à eux tous, «forment une lutte singulière, un affrontement, un rapport de pouvoir, une bataille de discours» dont déchiffre ici la signification, pour nous, l'auteur de l'Histoire de la folie.
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Un livre érudit, intelligent , aride qu'il convient de lire notamment lorsque l'on s'intéresse à la Justice et à l'âme humaine
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