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Critique de panurge


MAITRE JACQUES !

J'ai adoré le Tour de France, celui d'Anquetil (j'avais 11 ans en 1964..L'été, dans les après-midis chaudes aux volets mi-clos, Fernand Choisel, à la radio, trouvait les accents épiques pour faire vivre en direct le duel fratricide qui coupait la France en deux), j'ai admiré celui de Merckx, le Mao Jaune selon Antoine Blondin, j'ai passionnément aimé celui d'Hinault, le Blaireau, qui taillait sa route, forgeait sa gloire et créait son rang, en bête invraisemblablement teigneuse qui ne lâchait jamais...

Paul Fournel parle de son enfance, de sa passion pour le vélo, d'Anquetil comme on rêve d'un monde étoilé de combats victorieux...Tout gamin a rêvé cela un jour...Devenir un grand champion...

Les plus anciens croiseront Darrigade, Geminiani, Stablinski, van Looy, Altig et Poupou...Les plus assoiffés de "virtu" gouteront la rencontre Coppi-Anquetil, ce gant jeté par le Cid à la face d'Auguste, les nostalgiques plongeront dans un bain Pereco-Proustien ("je me souviens")...Tout le monde retrouvera ce goût inextinguible pour l'effort couronné qui nous rend si heureux dès lors qu'il respecte les adversaires, et se termine en agapes (de la limonade à la bière en passant par un blanc de Loire)...
Enfin, un dernier chapitre merveilleux à la chute inattendue (façon "L'Arnaque")...il témoigne d'une Légende, celle qu'on souhaite vivre...

Jacques Anquetil donc, champion hors norme (il fait d'un bloc le Critérium du Dauphine et Bordeaux-Paris, les gagnant au terme d'un combat digne d'Ajax ; quintuple vainqueur du Tour de France), Rastignac normand possédé de l'envie de devenir (il deviendra châtelain, en achetant le château où Maupassant vécut sa jeunesse, et propriétaire terrien), casseur de codes sociaux à la fois sur le plan professionnel (la diététique selon Anquetil laissait la France cycliste pantoise ; son apreté au gain le faisait détester ; son goût pour le calcul sans panache lui valait le titre de "Nain de la Route"...Jacques Goddet, auteur de ce mot, directeur de l'Equipe, fondateur du marketing événementiel sportif, n'avait qu'à le grimper le Puy-de -Dôme pour voir ce que faisait un "nain" de ce genre ; sa franchise sur les produits stimulants utilisés pour tenir s'attirant les foudres d'un peloton qui n'était pourtant pas encore ou une caravane de junkies défoncés au speed que l'on voit grimper à une vitesse supersonique le Tourmalet et ses amis) et personnel (sa vie affective est un modèle de ce qui ne se fait pas)...

Loué (Chany et Blondin furent ses aèdes), exécré (la France avait le coeur Poulidor), aimé profondément, des ses amis, passionément amoureux, pliant le Monde à ses vues Jacques Anquetil , c'est Bel-Ami, Georges Duroy doublé d'une chimère mélangeant Ulysse, Achille, Samson et Bonaparte....

Allez, "A bicyclette" comme le chantait Yves Montand..
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