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EAN : 9782021036725
160 pages
Seuil (07/06/2012)
4.26/5   27 notes
Résumé :
J'avais dix ans, j'étais petit, brun et rond; il était grand, blond et mince et je voulais être lui. Je voulais son vélo, son allure, sa nonchalance, son élégance. J'avais trouvé en même temps mon modèle et mon contraire.

Jacques Anquetil a traversé mon enfance cycliste comme une majestueuse caravelle. Il était le plus beau cycliste possible. Je l'ai suivi, je l'ai admiré sans jamais chercher à le comprendre, ajoutant du mystère à son mystère. Il avai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une fois de plus, Paul Fournel laisse parler sa passion pour le sport cycliste et c'est un véritable bonheur de lire de telles pages sous l'excellente plume d'un aussi bon écrivain.

Comme le titre et la photo de couverture l'indiquent, c'est à Jacques Anquetil que se consacre l'auteur. Ce grand champion « fait pour rouler seul » fut son modèle et son contraire. Comme tous les cyclistes débutants, le jeune Paul Fournel s'identifie au champion mais il fait parler aussi Anquetil : « J'ai mal, la nuque, les épaules, les reins et puis l'enfer des fesses et des cuisses. Il faut résister à la brûlure… si je souffre tant, il n'est pas possible que les autres tiennent le coup. » Dans le contre la montre entre Bourgoin et Lyon (62 km), Anquetil rattrape Poulidor, son éternel rival et Antonin Magne, le directeur sportif de celui qui fut dénommé à tort l'éternel second, ordonne à son coureur de se garer et de regarder passer la caravelle…
Né à Saint-Étienne, Paul Fournel, président de l'OuLiPo, rêve d'être coureur cycliste et son premier vélo est vert, comme celui d'Anquetil. Il a été fabriqué dans la préfecture de la Loire qui fut la capitale du cycle.
Au fil du livre, les exploits mémorables du champion sont retracés, vécus de l'intérieur mais le lecteur profite, en prime, de l'humour de l'auteur qui se prend pour Jacques Anquetil. Il détaille aussi ses rapports avec les autres coureurs, lui qui n'aime pas rouler en peloton. Il hait Darrigade qui vient le chercher en queue de paquet pour le remonter en tête. En fait, Anquetil n'aime le peloton que quand il est loin derrière ! Pourtant, il déclare : « Je n'aime pas le vélo. le vélo m'aime. Il va le payer. »
Présent le 12 juillet 1964 sur les pentes du Puy-de-Dôme, à 2 km du sommet, Paul Fournel prend en photo, tour à tour, Poulidor et Anquetil, le premier ayant décroché le second, mémorable évènement faisant la gloire du Tour de France.
Quelques questions simples permettent de tenter de mieux comprendre l'homme et le champion. Il faut savoir ce qui motive Anquetil. Généreux et modeste, il recherche avant tout l'exploit alors qu'Alfredo Binda aimait vraiment le vélo, que Roger Walkowiak était indifférent à l'argent, que Raphaël Géminiani acceptait la douleur et que Louison Bobet savait la gérer au mieux.
Paul Fournel n'élude pas le problème de la drogue et du dopage. Il raconte ce grand prix de Forli contre la montre où avec Ercole Baldini, ils avaient décidé de se contenter d'eau minérale, de ne pas prendre d'amphétamines. Ils ont fait premier et deuxième, mais à une moyenne inférieure, en souffrant le martyre, trouvant l'épreuve interminable.
Toutes les questions sont posées et abordées avec passion et franchise, même sa vie de couple avec Janine dont l'auteur nous révèle le rôle prépondérant joué par elle auprès du champion : « Janine veille, elle conduit, elle compte, elle accompagne. Elle assure aussi le spectacle… Leur couple est si perfectionné qu'il est inséparable. Ils ne s'écartent l'un de l'autre qu'au moment où Jacques doit pédaler. » Enfin, il détaille l'incroyable histoire familiale de cet homme hors du commun sans oublier de brosser le portrait des hommes qui ont accompagné sa carrière : Jean Stablinski, le lieutenant, André Darrigade, son ami, son capitaine de route, son mentor, son tourmenteur, Raphaël Géminiani, son antithèse et Raymond Poulidor avec qui il partage finalement une amitié respectueuse et durable.
Enfin, je note une petite erreur concernant l'abandon de Jacques Anquetil lors de son dernier Tour, lors de l'étape qui arrivait à Saint-Étienne. Ce 11 juillet 1966, il mit pied à terre dans la côte de Serrières (Ardèche), comme le note Christian Lacroix, dit Lax, dans l'avant-propos de sa passionnante BD, « L'Aigle sans orteils » (Aire Libre, Dupuis). Ce n'était pas « dans un obscur trou de pluie, au milieu d'une descente, sous un orage froid. » Ce jour-là, je me trouvais sur le Cours Fauriel, à Saint-Étienne, où je m'étais rendu, sur mon demi-course Winster, pour assister à l'arrivée de l'étape remportée par Ferdinand Bracke, un coureur belge qui battra aussi le record de l'heure. le grand Jacques pouvait se retirer l'esprit tranquille, ayant assuré la victoire de son coéquipier, Lucien Aimar.

Après André Darrigade, mon éternel favori qui me le rendait bien en collectionnant les victoires d'étapes, je supportais Jacques Anquetil. C'est pourquoi, à 14 ans, après m'être cassé le poignet gauche en jouant au foot, je portais ma montre au bras droit. Lorsqu'on me demandait pourquoi, je répondais invariablement : « Mais… comme Jacques Anquetil ! »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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MAITRE JACQUES !

J'ai adoré le Tour de France, celui d'Anquetil (j'avais 11 ans en 1964..L'été, dans les après-midis chaudes aux volets mi-clos, Fernand Choisel, à la radio, trouvait les accents épiques pour faire vivre en direct le duel fratricide qui coupait la France en deux), j'ai admiré celui de Merckx, le Mao Jaune selon Antoine Blondin, j'ai passionnément aimé celui d'Hinault, le Blaireau, qui taillait sa route, forgeait sa gloire et créait son rang, en bête invraisemblablement teigneuse qui ne lâchait jamais...

Paul Fournel parle de son enfance, de sa passion pour le vélo, d'Anquetil comme on rêve d'un monde étoilé de combats victorieux...Tout gamin a rêvé cela un jour...Devenir un grand champion...

Les plus anciens croiseront Darrigade, Geminiani, Stablinski, van Looy, Altig et Poupou...Les plus assoiffés de "virtu" gouteront la rencontre Coppi-Anquetil, ce gant jeté par le Cid à la face d'Auguste, les nostalgiques plongeront dans un bain Pereco-Proustien ("je me souviens")...Tout le monde retrouvera ce goût inextinguible pour l'effort couronné qui nous rend si heureux dès lors qu'il respecte les adversaires, et se termine en agapes (de la limonade à la bière en passant par un blanc de Loire)...
Enfin, un dernier chapitre merveilleux à la chute inattendue (façon "L'Arnaque")...il témoigne d'une Légende, celle qu'on souhaite vivre...

Jacques Anquetil donc, champion hors norme (il fait d'un bloc le Critérium du Dauphine et Bordeaux-Paris, les gagnant au terme d'un combat digne d'Ajax ; quintuple vainqueur du Tour de France), Rastignac normand possédé de l'envie de devenir (il deviendra châtelain, en achetant le château où Maupassant vécut sa jeunesse, et propriétaire terrien), casseur de codes sociaux à la fois sur le plan professionnel (la diététique selon Anquetil laissait la France cycliste pantoise ; son apreté au gain le faisait détester ; son goût pour le calcul sans panache lui valait le titre de "Nain de la Route"...Jacques Goddet, auteur de ce mot, directeur de l'Equipe, fondateur du marketing événementiel sportif, n'avait qu'à le grimper le Puy-de -Dôme pour voir ce que faisait un "nain" de ce genre ; sa franchise sur les produits stimulants utilisés pour tenir s'attirant les foudres d'un peloton qui n'était pourtant pas encore ou une caravane de junkies défoncés au speed que l'on voit grimper à une vitesse supersonique le Tourmalet et ses amis) et personnel (sa vie affective est un modèle de ce qui ne se fait pas)...

Loué (Chany et Blondin furent ses aèdes), exécré (la France avait le coeur Poulidor), aimé profondément, des ses amis, passionément amoureux, pliant le Monde à ses vues Jacques Anquetil , c'est Bel-Ami, Georges Duroy doublé d'une chimère mélangeant Ulysse, Achille, Samson et Bonaparte....

Allez, "A bicyclette" comme le chantait Yves Montand..
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Quand j'étais jeune, j'avais une passion pour le cyclisme, singulièrement pour le Tour de France, que les coureurs français gagnaient fréquemment (époque bien révolue, maintenant !). C'est Jacques Anquetil que j'admirais le plus, pour ses nombreux exploits sportifs, mais aussi pour son élégance et pour son intelligence. Dans les années '60, la France était coupée en deux, entre supporteurs d'Anquetil et supporteurs de Poulidor. Pour moi, il n'y avait pas photo: Maître Jacques me fascinait alors que, à mes yeux, son rival malheureux n'avait pas son talent; Poulidor était aussi maladroit et malchanceux.
Paul Fournel, président de l'OuLIPo mais aussi cycliste amateur, nous raconte avec verve et humour la vie sportive de ce champion d'exception qui allait au bout de ses forces physiques et morales pour gagner, mais qui n'aimait pas tellement le vélo. L'auteur ne cache pas les arrangements auxquels le héros avait parfois recours; il ne fait pas l'impasse sur la pratique du dopage, qui était monnaie courante et qui n'était alors pas réprimée; il révèle aussi les dessous de la vie familiale de J. Anquetil. Ainsi celui-ci nous apparait comme très humain et, en même temps, au-dessus du lot.
Paul Fournel écrit agréablement; dans son livre il fait parler le champion lui-même. Mais surtout il parle de lui-même avec humour: fan d'Anquetil, il n'avait évidemment pas les qualités de son champion ! C'est donc un livre agréable, que les personnes de ma génération auront plaisir de dévorer comme une "madeleine" !
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Lu un livre sur Anquetil, attachant, aimant. Anquetil tout seul. L'étrange c'est que ce quintuple vainqueur du Tour de France n'était pas aimé, la France préférait le rustique Poulidor. Plus étrange, ce type avouait tout bonnement prendre des produits dopants et en riait, provoquant. Imagine t-on un coureur aujourd'hui avoir la même liberté de ton, alors même que le dopage est une pratique généralisée. Regardons les mâchoires de nos champions, ces hypertrophies des maxillaires, pour voir un banc de piranhas. Mais, venteux, ils n'alignent pas une phrase sur leurs pratiques, sauf, quand pris dans la nasse, ils avouent sous contrôle d'agences de communication. Anquetil appartient à un temps plus heureux, ou on se dopait mais où on pouvait encore croire qu'un champion restait champion même si il fréquentait le pharmacien.
A part cela, ce livre recréé un peu la poésie du Tour de France en noir et blanc, celui des après midi de juillet, chez le père Allouard, seul détenteur d'un poste de télévision qu'il descendait au garage qu'il ouvrait comme une salle de cinéma gratuite à tous les enfants de la cité.

Lien : http://jsander.blogs.nouvelo..
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Lu un livre sur Anquetil, attachant, aimant. Anquetil tout seul. L'étrange c'est que ce quintuple vainqueur du Tour de France n'était pas aimé, la France préférait le rustique Poulidor. Plus étrange, ce type avouait tout bonnement prendre des produits dopants et en riait, provoquant. Imagine t-on un coureur aujourd'hui avoir la même liberté de ton, alors même que le dopage est une pratique généralisée. Regardons les mâchoires de nos champions, ces hypertrophies des maxillaires, pour voir un banc de piranhas. Mais, venteux, ils n'alignent pas une phrase sur leurs pratiques, sauf, quand pris dans la nasse, ils avouent sous contrôle d'agences de communication. Anquetil appartient à un temps plus heureux, ou on se dopait mais où on pouvait encore croire qu'un champion restait champion même si il fréquentait le pharmacien.
A part cela, ce livre recréé un peu la poésie du Tour de France en noir et blanc, celui des après midi de juillet, chez le père Allouard, seul détenteur d'un poste de télévision qu'il descendait au garage qu'il ouvrait comme une salle de cinéma gratuite à tous les enfants de la cité.

Lien : http://jsander.blogs.nouvelo..
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critiques presse (4)
Lexpress
03 décembre 2012
Anquetil tout seul est un texte subtil, qui respire sincèrement la passion du vélo.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
03 juillet 2012
Anquetil tout seul " de Paul Fournel est non seulement un délicieux livre mais aussi le récit idéal à lire en ce début juillet quand les télés et les radios sont remplies du Tour de France.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
22 juin 2012
Anquetil tout seul, livre magnifique, est également un titre mensonger. Car, durant les 150 pages du récit de Paul Fournel, l'auteur raconte en fait la longue course intime qu'il mena tout au long de sa vie au côté du champion.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
11 juin 2012
[Paul Fournel] ne porte pas de jugement. Il évoque sobrement la vie privée d’Anquetil […].
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Janine veille, elle conduit, elle compte, elle accompagne. Elle assure aussi le spectacle… Leur couple est si perfectionné qu’il est inséparable. Ils ne s’écartent l’un de l’autre qu’au moment où Jacques doit pédaler.
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J’ai mal, la nuque, les épaules, les reins et puis l’enfer des fesses et des cuisses. Il faut résister à la brûlure… si je souffre tant, il n’est pas possible que les autres tiennent le coup.
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Anquetil jouissait de la bienveillance des vents, son nez aigu et son visage de fine lame lui ouvraient la route et son corps tout entier se coulait derrière, fendant les mistrals, pénétrant les bises d’hiver et les autans d’été.
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Anquetil était un tel mélange d'assurance et de doute, de certitude et de tourment, qu'il était bien difficile à comprendre. Le monde entier était sommé de l'admirer, il faisait pour cela des exploits admirables, mais bien peu nombreux étaient ceux autorisés à entrer dans son intimité. Les élus avaient la certitude d'appartenir à un monde privilégié, une sorte de cour, et ils cédaient très vite aux exigences amicales de Jacques, tant elles étaient fortes et parcimonieusement distribuées.
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Son coup de pédale était un mensonge. Il disait la facilité et la grâce, il disait l'envol et la danse dans un sport de bûcherons, d'écraseurs de pédales, de bourreaux de travail, de masculin pluriel. Il pédalait blond, la cheville souple, il pédalait sur pointes
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"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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