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Critique de Bazart


De Jean Louis Fournier, j'avais, comme beaucoup de monde dévoré "Où on va papa?" , Prix Fémina 2008, qui retraçait une terrible et tragique épreuve de sa vie (le handicap de ses deux fils), sur un ton à la fois très optimiste et plein d'humour, un humour qui est pour lui un reflexe un peu comme cette fameuse "politesse du désespoir" chez cette brillante plume de Pierre Desproges.

Depuis, à intervalles réguliers, Jean Louis Fournier nous donne de ses nouvelles littéraires avec sa façon bien à lui de dire les choses les plus graves et les plus personnelles avec beaucoup d'humour, d'ironie et ce ton qui pourrait paraitre parfois féroce, mais qui en fait cache énormément de tendresse et de pudeur.

"Je ne suis pas seul à être seul," le titre du nouveau livre de Jean Louis Fournier, qui vient juste de sortir chez JC Lattès a fortement résonné en moi, car il ressemble quasiment à la copie parfaite de ce que je chantais gamin dans la cour de récéré, sauf que contrairement à Fournier, je clamais à qui voulais l'entendre que j'étais le seul à être seul, ayant le sentiment qu'autour de moi, tout le monde réussissait à trouver son partenaire de jeu.

Si depuis mes jeunes années, j'ai réussi à lutter contre cette solitude dévorante, celle ci revient de temps en temps me hanter, et comme le livre de Fournier nous le montre, il est essentiel de réussir à l'accompagner pour ne pas en avoir peur et vivre avec elle avec harmonie.

L'ex plume de Desproges nous montre aussi qu'il est nécessaire de déterminer quand la solitude est imposée et quand elle est choisie, disctinction non faite par la langue française contrairement à la langue anglo saxonne.

" Dans ma maison à la campagne, j'ai des chambres d'amis, mais je n'ai plus d'amis."

C'est le propos de Jean Louis Fournier qui, veuf depuis dix ans, évoque sa solitude par touches délicates, et nous amène dans un séjour en solitude, avec ses chagrins et ses petites joies, avec les souvenirs que l'on se retrouve seul à conserver, faute de pouvoir les partager avec quelqu'un qui se souvient.

Le facétieux Jean Louis Fournier se fait sans doute plus grave que dans ses précédents romans, mais la sincèrité et la légereté qui échappent de son livre permettra à ses lecteurs de mieux le connaître avec une façon originale et ludique de déjouer la peur de la solitude.

Jean-Louis Fournier nous raconte son quotidien, ses silences, ses inquiétudes d'homme seul, mais n'oublie pas par ailleurs de narrer des moments de vie à plusieurs et nous montrer que la solitude c'est aussi réussir à désirer entre deux moments collectifs et forcément plus bruyants le retour au calme solitaire.

Léonard de Vinci a écrit : " si tu es seul, tu seras tout à toi.".

Jean-Louis Fournier conserve le goût des mots, le sens de l'épure et de la fantaisie et sait comme toujours convoquer l'espièglerie de l'enfance.

Ainsi, les souvenirs de solitude qu'il egrène par petites touches ont quelque chose de profondément poignants. On mesure bien à quel point ce n'est pas toujours facile pour l'auteur de prendre les choses avec la légereté qu'il aimerait tant avoir en toute occasion.

Mais cette sincérité et cette absence de faux semblants , et cette volonté malgré tout de ne jamais plomber le lecteur, rend le propos encore plus déchirant.

Et une fois refermé le livre de Jean Louis Fournier, on a envie de rendre visite aux gens de notre entourage qu'on sait seuls et ce le plus vite possible.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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