Citations sur Je ne suis pas seul à être seul (90)
Si on n'a personne pour nous contredire, on finit par croire avoir toujours raison, et on commence à avoir tort !
Depuis que j'écris, ma vie intérieure, imprimée à plusieurs exemplaires, est devenue extérieure, heureusement je garde mon jardin secret.
Un paon, quand je mets mon beau costume, un aigle, rarement, j'ai le vertige, plus souvent un héron dérisoire, parce que je suis mal coiffé, j'ai un épi, une mèche de cheveux qui refusent d'aller dans le sens des autres...
Tout ce qu'on sait, c'est souvent grâce aux autres , leur conversation, leur livre, leur oeuvre...
Certains "autrui" sont des allumeurs de curiosité et de réverbères, ils nous aident à avancer dans le noir et à éclairer nos nuits. (p. 55)
Autrui nous aide à voir les choses différemment, à changer de point de vue, à élargir notre horizon, à douter, parfois il nous donne l'exemple.
Il nous permet d'exprimer nos idées, de les mettre à l'épreuve, il est la meule sur laquelle on peut les dégrossir, les affiner et les polir.
Si on n'a personne pour nous contredire, on finit par croire avoir toujours raison, et on commence à avoir tort. (p. 55)
Dans ma maison à la campagne, j'ai des chambres d'amis, mais je n'ai plus d'amis.
Je me retrouve seul, je ne vais pas me plaindre, je me suis retrouvé. J'aurais pu ne pas me retrouver du tout, être perdu définitivement.
Je me suis marié deux fois, pour ne pas être seul.La première fois, c'était le hasard, la seconde fois c'était le plus heureux des hasards.
(...) La première fois, je suis devenu paysan, par amour de la culture, pour être seul dans la nature, derrière un cheval ou sur un tracteur, et pour les beaux yeux de la fille du fermier.
J'ai voulu reprendre la ferme de son père et courageusement j'ai labouré les grands champs de
l' Artois, même la nuit.
Je passais des moments inoubliables sur le tracteur à labourer.Seul dans l'immensité de la nuit, je devenais le capitaine d'un bateau secoué par les vagues de la terre, ou alors j'étais Mermoz, le pilote héroïque d'un avion rugissant dans le pot au noir de la cordillère des Andes.
Je devenais un héros des temps modernes, le père nourricier d'une humanité roupillante.
( p.83)
Que ceux qui m'appellent et me demandent s'ils me dérangent, sachent une fois pour toutes: on me dérange quand on ne m'appelle oas.
( p.25 / J C.Lattès,2019)
L'autre, il a freiné pour ne pas m'écraser, et il m'a fait un signe amical.
Il m'a retenu la porte, il m'a cédé sa place assise, il m'a laissé passer devant, il m'a souri, il a ri quand j'ai fait une plaisanterie.
Il m'a donné du feu, quand les croquants et les croquantes, tous les gens bien intentionnés m'avaient fermé la porte au nez.
L'autre n'a pas que des défauts.
( p.51 / Lattès, 2019 )