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"Je t'aime tellement, Margaux, tu ne comprends pas. Margaux, Margaux. Tu es unique au monde. Personne ne te ressemble, personne au monde. Tu as été créée pour moi. Tu es mon ange gardien. Tu es mon amour. Ce n'est pas mal de t'aimer, pas quand l'amour est si beau. Ce n'est pas mal d'aimer quelqu'un de si beau. Nous sommes faits l'un pour l'autre ; oublie ce que racontent les autres. Oublie tout : nous sommes les deux seules personnes qui comptent dans ce monde : toi et moi."
Emouvante supplique amoureuse, n'est-ce pas ? Sauf que Margaux n'a que 8 ans quand Peter, de 44 ans son aîné, lui sert ce beau discours.

La passion malsaine de cet homme mûr qui s'attire les bonnes grâces de la mère pour s'accaparer la fille ne peut que rappeler le chef d'oeuvre ô combien dérangeant de Nabokov. Mais avec deux différences majeures : ici, c'est Lolita et non Humbert qui raconte, et il s'agit malheureusement d'une histoire vraie.

Union City, New Jersey, dans les années 80. Tout commence par une rencontre à la piscine : Margaux et sa mère sympathisent avec Peter et sa famille. La fillette est subjuguée par la gentillesse de Peter et par sa grande maison pleine de bric-à-brac et d'animaux (lapins, chats, cochons d'Inde, chien, oiseaux, alligator...). Un "Neverland" du pauvre qu'elles vont fréquenter assidûment, pour échapper à la tyrannie domestique du père de Margaux. Peter profite de cette addiction pour nouer une relation exclusive avec Margaux et la soumettre à ses caprices. Cela quasiment sous les yeux de sa compagne Inès et des deux fils de celle-ci. Quant aux parents de Margaux (père violent, mère atteinte de troubles mentaux), ils ont des doutes mais ne cherchent pas plus loin : "Je ne fais pas confiance à cet homme. Non. Surveille ta fille quand vous allez là-bas. Lui et sa famille ont une mauvaise influence. Si ça ne tenait qu'à moi, je t'interdirais d'y retourner avec elle. Aussi simple que ça. Mais tu fais ce que tu veux. Je me lave les mains de cette histoire", dit le père à la mère.
Et ces fillettes en difficulté que l'assistance publique place chez Peter : ont-elles aussi été abusées ?

"Tigre ! Tigre !" montre l'emprise du pédophile sur la personnalité de l'enfant et comment, petit à petit, ce conditionnement lui permet de passer aux actes sexuels. La plume de Margaux Fragoso - traduite par Marie Darrieussecq - est précise et racée. Son but n'est pas de se plaindre, juste de livrer les faits, d'écrire ses souvenirs aussi exactement que possible. Elle arrive ainsi à refléter les sensations et le phrasé de l'enfant qu'elle était, tout comme les manières des adultes. Les diatribes de son père sont une performance littéraire. L'analyse vient seulement dans la postface, remarquable de discernement.

En rendant publique cette relation complexe qui dura quinze ans, le courageux témoignage de Margaux Fragoso rompt un silence dévastateur et dévoile les techniques de manipulation des pédophiles. du courage, je ne vous cache pas qu'il m'en a fallu pour supporter certaines scènes du livre ; mais c'est un bien petit effort face à l'ampleur de ce danger. Alors passons-nous le mot et ouvrons l'oeil pour protéger nos enfants.
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Un jour à la piscine , Margaux 7 ans est attirée par un homme qui joue avec ses enfants , quelque chose dans l'attitude de cet homme l'attire , il est adulte , il a d'ailleurs 50 ans ! mais il joue comme un enfant , et cela Margaux va le remarquer .
Margaux et sa mère vont se faire inviter chez cet homme -enfant et comment dire l'aventure ? le calvaire ? de Margaux vont commencer .
Difficile de parler de ce livre , autobiographique , à l'écriture fluide , qui se lit comme un roman , un peu trop bien écrit pour n'être qu'un témoignage , les faits sont glacants mais ils sont présentés comme si tout était normal .
Margaux veut nous expliquer ce qui se passe dans la tête d'un pédophile , elle nous montre que ' l'approche ' se fait de manière insidieuse , que Peter n'est pas vraiment adulte , qu'il lui porte une admiration sans borne , une attention que Margaux ne trouvera pas ailleurs , Peter est obsédé par Margaux , il décore sa chambre de dessins de Margaux , il garde tout les petits souvenirs de Margaux , petits jeux , photos , écrits , il traque .
Mais les mots sont dits : ' obsédé , traque ' ....Peter est pédophile et Margaux est sa victime , Margaux est si jeune qu'elle ne se rend pas compte , quand elle grandit , deux choses se passent , Margaux se dédouble , elle est un écolière comme les autres et pourtant non elle n'est pas comme les autres , elle se rend compte que la situation n'est pas normale , elle s'invente un double , la deuxième chose c'est que Peter se détache de Margaux , en véritable pédophile , il est effondré de voir Margaux grandir , il l'aime en petite fille uniquement et chose paradoxale , Margaux s'en rend compte elle aussi et souffre de la situation , elle n'est plus le centre d'intérêt absolu d'une personne .
C'est horrible comme histoire et en même temps , c'est écrit de manière assez détachée , sans aucun pathos , comme si même adulte , Margaux avait du mettre ses distances .
Que penser de sa démarche ? Elle a vécu quelque chose d'assez exceptionnel , de destructeur et a le courage de témoigner .
Le rôle des parents de Margaux est bien expliqué , la mère de Margaux présente de graves troubles psychiatriques , elle est régulièrement hospitalisée en psychiatrie , elle ne voit donc pas ce qui se passe , elle est d'un naïveté incroyable ,d'une crédulité qui glace .
Le père de Margaux essaye de redresser la situation mais il devient alcoolique , quand il rencontre Peter , il se rend compte de quelque chose , il empêchera Margaux de revoir cet homme ; mais il fermera les yeux ' il s'en lave les mains ' comme il dit lui-même , il dira pour sa défense qu'il est dépassé par les problèmes psychiatriques de sa femme .
La femme de Peter semble aussi avoir une personnalité assez fantasque , jamais elle ne se rendra compte de quelque chose , Peter est son compagnon et n'est pas le père des enfants qui étaient avec lui à la piscine le jour où il rencontrera Margaux .
Plus tard , Margaux va découvrir que son histoire avec Peter n'est que la face cachée de l'iceberg , pourtant jusqu'à la mort de Peter elle restera loyale à Peter , c'est le syndrôme de Stockhlom . Il faut dire aussi que Margaux aura plus de 20 ans lorsque l'histoire se termine , les années passées créent des liens , même s'ils sont malsains .
Ce qui est remarquable c'est que Margaux ne juge jamais , ce livre mérite d'être lu pour ce qu'il représente comme ' témoignage ' .
J'ai noté ce livre même si d'une certaine façon , il n'a pas besoin de notes , peut-on mettre une note sur un livre qui parle de pédophilie ? ; que faut-il noter l'histoire ou le style ?
Un livre qui fait réflechir , qu'on n'oublie pas facilement , je ne regrette pas du tout de l'avoir lu .
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Dans ce récit autobiographique Margaux raconte la relation amoureuse complexe qui l'a marginalisée durant toute son enfance et adolescence, celle qui l'a liée à un homme de quarante ans son aîné.
Elle n'est qu'une petite fille lorsqu'elle rencontre Peter qui tombe follement amoureux d'elle. Déterminé à en faire sa Lolita, il va utiliser tous les stratagèmes pour la persuader de devenir son amour secret et pendant quinze ans l'enfermera dans une relation toxique marquée par des rapports d'abord amicaux puis sexuels.
Le témoignage de Margaux dresse le portrait ambigu d'un prédateur , d'un tigre aussi séduisant que dangereux. Elle présente Peter d'une façon nuancée, le montre autant fragile et vulnérable que pervers et haïssable. Les faits ne sont pas relatés d'un point de vue manichéen, le méchant Peter d'un côté et la pauvre Margaux de l'autre. Non, c'est beaucoup plus compliqué et c'est bien là tout le côté troublant, voire choquant de ce livre car qu'on le veuille ou non, elle a aimé cet homme.
Margaux a été libérée de l'emprise de Peter par la mort de celui-ci mais elle n'aura pas pu profiter bien longtemps de sa nouvelle vie avec son mari et son enfant car elle vient de mourir à l'âge de trente-huit ans.
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« Tigre Tigre!» est un ouvrage autobiographique, le témoignage de Margaux Fragoso. Elle raconte qu'à 7 ans, elle fait la connaissance de Peter Curran, un célibataire de 51 ans et son récit s'achève seize ans plus tard à la mort du même homme. Il décortique la mécanique de cette perversion dont elle a été victime : la pédophilie.

Margaux vit entre un père alcoolique violent et une mère psychologiquement fragile. Elle trouve en Peter un alter ego et chez lui, un refuge, un quotidien réconfortant, un terrain de jeu merveilleux et un monde fantastique avec des animaux. Tous deux se construisent un monde bien à eux, avec codes, personnages et symboles. L'emprise exercée progressivement par l'homme sur la fillette puis sur la jeune fille qu'elle est devenue, est décrite avec honnêteté et même courage. Celui-ci obtient d'elle sans violence des jeux qui dérapent vers le sexuel, deviennent une obligation et des preuves d'amour. Car Peter Curran, amoureux fanatique, voue à Margaux un véritable culte tout au long du reste de sa vie.
On se rend compte qu'un pédophile est un être extrêmement manipulateur, sournois. Et Peter Curran ne déroge pas à la règle : il présente un visage gentil, sacrifie tout pour le bonheur de l'enfant car, lui, tout ce qu'il veut au final c'est donner, aimer. Et c'est bien une longue et minutieuse séduction qui nous est décrite.

Margaux Fragoso décrit de façon tellement détachée sa relation avec son bourreau qu'elle arrive à le rendre presque attachant, attendrissant. Ce qui m'a fortement dérangée c'est l'impression, à la lecture, d'oublier qu'il s'agit d'un adulte pédophile qui abuse d'une petite fille. Même Margaux tente de nous faire oublier qu'elle n'est qu'une enfant en laissant croire à une histoire d'amour. Elle ne cache rien au lecteur, elle ne justifie pas sa conduite ou celle de Peter. Elle décrit, le plus objectivement possible sans jamais s'apitoyer sur elle, elle relate les faits. Sans parler de tout l'entourage si passif, qui perd tout repère, qui semble croire au caractère normal de cette relation et qui refuse d'admettre la réalité.

Un livre très dérangeant et où la psychologie des personnages est assez complexe mais qui permet à Margaux Fragoso de faire sa psychothérapie : “Il était essentiel pour moi, aussi, d'y mettre la forme, d'écrire mon histoire davantage comme un roman que comme une confession. de réussir à user d'une force lyrique et poétique afin de donner un sens à la nature inarticulée du désespoir.”


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Rarement un livre m'aura autant violentée et éprouvée si bien que je me demandais s'il m'était possible d'en parler sur le blog. Ce sera donc une timide tentative.

Margaux Fragoso écrit un livre autobiographique et termine son récit par ces phrases:
" J'invente des histoires pour ma fille, tout comme mon père l'a fait pour moi quand j'avais son âge. Je cultive certaines traditions familiales; les autres doivent disparaître avec moi."
Ce roman-là n'est pas pour sa fille, en tous les cas tant que celle-ci ne sera pas devenue adulte car c'est l'histoire terrible de Margaux petite fille qui croise la route d'un pédophile qui pendant des années sera présent dans sa vie.

Les scènes sont terribles car elles font vivre ce que la petite Margaux a vécu.
Combien l'esprit s'échappe du corps quand le corps d'une petite fille est touché là où il ne doit pas l'être.
Combien cela parasite les apprentissages, les pensées, la vie d'une enfant.
Combien la relation aux pairs (camarades de classe), à l'autre du même âge, est étrangement chamboulée.
Combien le dégoût de l'autre devient un dégoût d'elle-même.
Combien la culpabilité vient s'ancrer en elle et protège l'agresseur.
Combien la parole est pervertie.
Combien le mot "Amour" se pare d'une définition des plus pernicieuses.
Combien la traversée de l'adolescence devient douloureuse au point de vouloir tuer cette douleur.
Combien elle se met en danger.
Combien il faut du temps pour que la vie reprenne ses droits.
Combien il faut, d'une façon ou d'une autre (ici par le biais de l'écriture de ce roman), que certaines histoires vécues disparaissent avec soi. Mais les histoires disparaissent-elles vraiment? Non.

Une mise en mots d'une histoire difficile et douloureuse. Voilà ce roman.

Si vous ouvrez ce roman, sachez qu'il y a des scènes terribles, sachez le refermer si besoin, sachez ne pas l'ouvrir si vous vous sentez fragile.
Lien : http://lejournaldechrys.blog..
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Céline avait écrit Voyage au bout de la nuit, description inoubliable de toutes les modalités envisageables de la souffrance humaine .Margaux Fragoso, en publiant son roman Tigre, tigre ! pourrait bien être reconnue bientôt comme l'une des premières femmes à avoir décrit et radiographié l'un des fléaux les plus immondes causant d'immenses ravages en ce monde : la pédophilie .

Margaux, héroïne principale du roman, est âgée de huit ans au début du récit. Déchirée entre une mère en proie à de fréquentes crises de folie et de très fréquents séjours à l'hôpital psychiatrique , et un père autoritaire et violent , alcoolique, et de surcroît paranoïaque , Margaux vit dans une petite commune du New-Jersey , Union City , elle est approchée par Peter , de plusieurs dizaines d'années son aîné , ce qui provoque les sarcasmes des habitants de cette petite ville naturellement sans histoires . Très vite, ce Peter la force à des attouchements, des fellations forcées, et finit très logiquement par la violer, et lui avouer d'autres crimes sexuels commis sur d'autres jeunes filles de la région.
Margaux dérive, est tentée par la drogue, la mode punk, le suicide. Sa relation, sa trop grande proximité, et le mot est ici un doux euphémisme, avec Peter, se transforme en une descente aux enfers, dont la description occupe tout le roman.

C'est dur, c'est trash, c'est lugubre, le lecteur aura du mal à aller jusqu'au bout de ce livre, dont le mérite essentiel est tout de même d'aborder ce problème par la technique du récit autobiographique. C'est une descente aux enfers qui nous rappelle pertinemment à quel degré la souffrance peut parvenir lorsque ces perversions agissent sur le cours d'une vie : » Je pensais au conte qui s'appelait : la sucette sans fin ; c'était l'histoire d'un garçon, Johnny, qui suce et suce une sucette jusqu'à ce qu'elle devienne tellement grande qu'elle est plus grande que lui .Je suçai le pénis de Peter, la tête toujours aux histoires de mon livre. »


Lien : http://www.bretstephan.com
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Avouons que les Editions Flammarion ont aussi bien travaillé sur cette splendide couverture.... Vous croyez que je suis entrain d'enjoliver le paquet pour éviter de parler du principal???? Et bien, ce n'est rien par rapport au contenu qu'est cette fascinante histoire racontée avec objectivé des deux parties, par la seule intéressée, la seule actrice de sa vie, Margaux Fragoso.
Toutes les critiques PRESSE racontent bien cette histoire que je ne peux juger.
Cependant, juste la lecture de ce livre peut faire exploser dans votre émotionnel, des sentiments bien réels.
Je pense qu'on peut le resentir différemment selon l'âge que l'on a?!
Je suis mère avec des enfants, alors suis-je plus receptive?!
Cette lecture peut paraître difficile au vu du sujet mais l'écriture de Margaux est si fluide qu'elle embarque le lecteur dans sa vie sordide avec un père complètement dingue, limite tyran de sa femme, qui développe une maladie mentale et doit être internée assez souvent, et de sa fille. Margaux ne reçoit pas d'amour chez elle. C'est une situation qui m'a fait mal et qui se comprend quand elle rencontre Peter qui la gâte, lui apporte de l'attention et de la joie.
La machine est en marche pour quinze ans de manipulations.
Le lecteur lira l'histoire de Margaux mais les autres protagonistes ne sont pas épargnés par la vie:ils ont subi aussi des attouchements, ont été violés, ont été violenté et ont dû TAIRE ces faits. Au nom de quoi???? LA REPUTATION!!!!
C'est affreux que ces actes horribles soient devenus des secrets. Au final, ces protagonistes se suicident ou deviennent fous...
Voilà ce qu'est "Tigre, tigre!", un cri pour lever ces secrets et PARLER!!!
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« Tigre, Tigre ! » n'est pas un roman, c'est un témoignage. Celui d'une petite fille de sept ans qui rencontre un homme gentil et amusant qui devient son ami. Celui d'une adolescente totalement dépendante de Peter, l'homme qui l'opprime. Enfin, celui d'une jeune femme qui progressivement va s'écarter pour prendre un nouveau départ.

Ce livre est dérangeant à plusieurs égards. D'abord, par le thème de la pédophilie qui n'est jamais facile à traiter. L'auteure est le personnage principal de cette histoire qui est la sienne. Elle ne cache rien au lecteur, elle ne tente pas de justifier sa conduite ou celle de Peter. Elle décrit, le plus objectivement possible sa vie, ses sentiments. A sept ans elle nous parle du monde fantastique dans lequel vit Peter avec ses animaux et sa maison qui semble être un magnifique terrain de jeu. A 12 ans, son vocabulaire a changé, le style est moins enfantin, son regard sur le monde qui l'entoure est moins rose, ses relations avec Peter sont plus charnelles. A 20 ans, Peter n'est plus qu'une habitude, un vieillard rassurant pour une femme qui a passé toute sa vie ou presque à ses cotés. Les descriptions des différents stades sont précises, sans fard. Comment il gagne la confiance de sa mère, manipule Margaux, lui demande des faveurs sexuelles la poussant inconsciemment à l'autodestruction. On ne cherche pas à épargner le lecteur, on le met face à la réalité.

Ce qui m'a vraiment marqué est que, paradoxalement, cette relation destructrice et malsaine a dans un premier temps permis à une petite fille de survivre. La famille de Margaux est détruite : son père est un alcoolique infidèle qui regrette de s'être marié à une femme souffrant de schizophrénie et dont l'état ne cesse de s'aggraver. Peter s'impose alors comme un être protecteur, une personne de confiance qui compense le manque affectif. Sans lui, on sent que Margaux aurait eu du mal à survivre. Elle n'a alors pas conscience de ce qu'est la sexualité, de ce que Peter lui demande réellement, il est une bouée de sauvetage. Dans un second temps, il devient à la fois un fardeau et une échappatoire. Un fardeau dans le sens où sa présence ne permet pas à Margaux de se développer normalement, de s'intégrer dans la société. Cette période est la plus sombre du livre : l'adolescente s'accroche de plus en plus fort à un plan de vie avec Peter qui est de moins en moins réalisable. Elle finit alors par toucher le fond pour mieux rebondir. Alors que le temps qui coule marque de plus en plus en plus Peter, celui-ci relâche progressivement son étreinte permettant ainsi à sa victime d'intégrer la société qu'ils fuyaient. Lorsqu'il meurt elle a 22 ans et peut vivre sans lui.

Au final, l'évolution de leur relation lui a permis de s'en sortir. Cependant on ne peut qu'imaginer ce que serait devenue la vie de Margaux si Peter avait été arrêté alors qu'elle était enfant ou adolescente : aurait-elle pu remonter la pente ? On en doute. le retour à une vie normale s'est fait en douceur ce qui est rarement le cas. On imagine alors sans peine les effets dévastateurs d'une telle relation sur le développement de l'enfant.

Pour terminer, on peut s'interroger sur le fait que personne n'ait véritablement donné l'alerte : les parents de Margaux, la concubine de Peter, les deux enfants de celle-ci… Autant de témoins privilégiés qui restent muets et dont on ne saura jamais s'ils avaient compris ou non quelle était la nature des relations entre le pédophile et sa proie.

Je conseille vivement ce livre aux lecteurs n'ayant pas peur d'être confrontés à la dure réalité de la pédophilie.
Lien : http://megworld.over-blog.co..
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Livre reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire de Price Minister. Merci à eux.
Je ne sais pas si c'était un choix de l'éditeur mais en apercevant le titre et la couverture de ce livre, j'étais loin de m'imaginer qu'il serait question de pédophilie et d'autobiographie...
Une histoire donc particulièrement dérangeante, vous l'aurez compris. Celle de Margaux, une petite fille de 7 ans, naïve comme toutes les petites filles, et jetée en pâture à un pédophile de 44 ans son aîné.

Ce livre, écrit un peu à la manière d'un journal intime, nous relate tout simplement les faits et c'est justement cela qui dérange. Il faut attendre les deux dernières pages pour qu'enfin Margaux parle de crime de pédophilie, de perversion et non d'histoire d'amour car c'est bien de cela qu'il est question avec Peter, une histoire d'amour... Je pense que c'est une volonté de l'auteur, de raconter ce qu'elle a sincèrement ressenti au jour le jour mais on ne s'y attend pas.
Ce livre nous bouscule, impossible d'agir, d'hurler aux parents de réagir, de comprendre, de prendre soin de leur fille. Ils ne voient rien, ils sont eux-même dans une impasse et incapables de prendre la mesure de ce qu'il se passe réellement.
Margaux écrit ce livre quelques années après le suicide de Peter. J'espère qu'il servira à quelque chose, à alerter les parents et tous ceux qui entourent nos enfants. C'est un livre qui aura au moins eu le mérite de faire parler de ce sujet grave, de tous ces tabous.

Ma note : 14/20 (écriture un peu trop plate mais sujet dont on doit parler donc je le soutiens)
Lien : http://blogvonnaoko.blogspot..
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Un témoignage choc si bien écrit qu'on croirait lire de la fiction. Mais ce n'est pas le cas. Ce récit c'est la triste vie de Margaux. de tout ce dont elle a été victime. Ce qu'elle a traversé. de son enfance à son adolescence. Une vie rongée par les abus, la violence et la souffrance. Une vie détruite. Une vie de petite fille à qui on retire son innocence et son insouciance. Une vie d'ados qu'on empoisonne et qu'on torture.
Pourtant, Margaux s'en sort dans sa vie d'adulte. Elle ne cesse de devenir une femme courageuse et brillante.
Margaux, aujourd'hui, qui n'est plus là.
Mais moi je pense à elle. Je n'oublierai jamais son histoire.
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