Chère Anne,
J'ai hésité à parler de toi, j'ai peur de ne pas savoir exprimer ce que je ressens, mais je t'aime tant et j'ai besoin de te rendre hommage.
J'ai lu avec passion, adolescente comme toi, ton journal, et j'ai été tout de suite Kitty, ton amie imaginaire, j'ai tout partagé avec toi: tes révoltes, tes espoirs, ton étouffement dans ce huis-clos de l'Annexe, ta soif d'air libre, en contemplant le marronnier depuis ta lucarne, ton malaise devant les changements de ton corps, tes coups de coeur, ta perception des nouvelles terribles de l'extérieur, tes angoisses, tes rêves...
J'ai admiré la finesse de tes remarques, l'intelligence précoce émergeant à chaque page, l'inventivité de tes mots, la sensibilité de tes impressions.
Depuis je l'ai lu et relu, ton journal.
Ces barbares ont cru t'anéantir
Mais tu es là, vivante, en moi
Et ce film d'amateur me restitue ton image, je m'en imprègne: un joli visage fin, expressif et surtout tes yeux noirs, profonds, tes yeux de beauté juive.
J'étouffe de tristesse, je me tais maintenant.
Anna, ma soeur de juin, chante-moi ta chanson:
" Moi, j'ai un jardin rempli de fleurs
Un monde d'amour tout en couleurs
Que je fais vivre en mon coeur
Que je fais vivre en mon coeur"
( Daniel Guichard)
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Nous étions cachées toutes les deux. Elle, dans une espèce de réduit qu'elle appelait l'annexe. Moi, sous mes couvertures avec une lampe de poche pour continuer la lecture de son livre. Il ne fallait pas badiner avec l'ordre paternel d'éteindre les lumières.
Nous avions sensiblement le même âge et c'était là notre seul point commun.
L'adolescence est l'âge de tous les rêves, de toutes les possibilités qui s'ouvrent à vous. On a envie de liberté, de tomber amoureux, de partir à la découverte de tout et de rien.
Mais pour elle, ce ne fut qu'enfermement, promiscuité, faim, peur, découverte du racisme.
De nombreux adolescents écrivent leur journal intime, mais le sien est bouleversant parce que l'on sait qu'elle ne fera pas les expériences que son âge lui promet...
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Adolescent, je croyais naïvement que c'était un livre pour filles...
Donc, c'est adulte que je l'ai découvert et je crois que c'était mieux car, à ce stade de la vie, on mesure sans doute plus aisément que l'on est entrain de découvrir un chef d'oeuvre. L'écriture d'Anne est simple, directe, naturelle et le talent est là tout simplement.
Lorsque j'ai visité sa maison, j'ai ressenti toute l'émotion de sa jeune vie brisée comme des millions d'autres, et, surtout, j'ai été impressionné par le silence des nombreux visiteurs. La photo de son marronnier est dans ma cuisine et grâce à lui je pense à elle très souvent. Quel malheur que son destin qui nous prive sûrement d'autres ouvrages mais qui nous en laisse un seul inoubliable!
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Chère petite Anne, pardon...
J'ai plongé dans ton journal intime, me suis fait fait curieux de tes états d'âme, ai découvert tes secrets. Comme tant d'autres, j'ai pris cette liberté, toi qui en a tant manqué.
Me pardonnerais-tu si tu savais ce que j'aimerais répondre à l'une de tes inquiétudes, toi qui écrivais un mercredi 5 avril 1944 « je ne veux pas, comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien [...] je veux continuer à vivre, même après ma mort » ? Me pardonnerais tu si je te disais que tu as réussi ? Que par tes mots tu as, toi aussi, vaincu le mal puisque nous cultivons ta mémoire, encore si longtemps après, pour combattre le culte de tes bourreaux ? Me pardonnerais-tu et me croirais-tu si je te disais que tu as atteint ton but : leur survivre par la grâce de tes paroles et dans la chair de nos souvenirs ?
Aux millions de victimes des crimes abominables de la guerre que tu as traversée, cachée, avant d'y succomber à ton tour, aux millions de pauvres gens assassinés, tu as offert plus de lecteurs encore, admiratifs et bouleversés, plus de coeurs et d'âmes pour leur rendre un hommage et leur prêter une mémoires, prolongeant ainsi leur vie dans le monde de nos souvenirs : et les plus précieux encore, ceux que nous logeons au creux de nos consciences et qui servent à nous guider. Si ces vies, comme la tienne, n'auront pas été un vain et cruel passage, c'est grâce à ton témoignage : le plus tendre sur le pire des possibles, le plus innocent sur ce que l'homme peut faire de plus vile, sur ce que les esprits les plus étroits et les plus furieux peuvent infliger à de belles consciences.
Tes mots simples mais souvent justes, tes pensées déjà si mûres pour la jeune personne que tu fus et resteras, tes sentiments grandioses, eux aussi cachés, et le courage de tes jugements si forts derrière ton regard doux et ton sourire bon, la beauté de ton espoir et la grâce de tes premiers émois sont pour nous tous, grands et petits, proches ou éloignés, une belle leçon d'humanité.
Ton journal serait resté intime, notre histoire eut été incomplète. Te lire, te découvrir, connaître tes combats et ta lutte pour la vie, admirer ta dignité par-dessus tout, c'est pour chacun trouver un phare au milieu de la tempête, voir scintiller une étoile dans le ciel le plus sombre, obtenir la preuve que l'humanité sait être grande et juste, et que cela ne tient ni à l'âge, ni à la taille et moins encore à un sexe prétendu plus fort.
Ton journal, chère petite Anne, moi qui ne les aime pas lorsqu'ils sont en papier sale et ne servent qu'à indiquer l'heure et la nature des évènements les moins nobles, ton journal, Anne, chère petite Anne, est une consolation dans l'histoire. Et de lui, je ne retiendrai que ses couleurs, tes rires, tes émotions amoureuses et ta bouleversante intelligence ; ainsi vois-tu, ton cruel trépas ne fut pas une fin. Dans ma mémoire, dans celle de mes enfants, tu es et resteras un astre. Et crois-moi encore, si jeune fus-tu, tu es désormais une grande dame. Si débutante étais-tu, tu es l'écrivaine que tu voulais être.
Qui étais-tu, chère petite Anne ? Tu nous l'as donné à lire. Qui es-tu, Anne M Frank ? Tu es cette jeune femme vivante à tout jamais. Par ton témoignage, chère Anne, toi dont le prénom est saint et dont le nom signifie libre, tu es celle qui as vaincu le mal ; laissant un souvenir plus grand que les rêves d'empires millénaires qui virent au cauchemar, plus grand et plus précieux à lui seul que tous les actes fous réunis de ceux qui t'en voulaient. Et ton nom surplombe les leurs, quoiqu'ils fussent armés et conquérants. Et ta plume vraie honore le noble titre d'humanité bien plus que toutes leurs tentative de refonder un homme nouveau, et pourtant si faux.
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On ne peut accepter l'inacceptable : prendre la vie d'un autre pour son propre profit, vouloir réduire sa vie à néant, lui prendre son bien le plus précieux le droit d'exister. Ce que la nature a créé, personne n'a le droit d'y toucher et pourtant la guerre est le moyen le plus sûr pour arriver à sa propre gloire, la guerre est un prétexte qui jamais ne disparait malgré l'histoire qui témoigne de son ignominie. Tout est bon pour se donner bonne conscience, la race, la religion, le sexe, l'intelligence ou toute autre qualité ou défaut humain qui soient différents du notre.
Anne Franck est un témoin direct de ce fléau immuable.
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Une seconde lecture pour moi de cet ouvrage, que j'ai lu il y a trop d'années... Une oeuvre qui a marquée mon adolescence, quand, dans un cours de français nous l'a fait lire... Je me souviens de ces émotions qui m'avaient envie alors... j'avais mal à chaque phrase... Mon ressenti est resté le même, malgré mon âge plus avancé... J'arrive toujours pas à me faire à cette période de l'Histoire, même si j'en ai une meilleure connaissance aujourd'hui... C'est le genre d'ouvrage à mettre entre toutes les mains...
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