Le Journal d'
Anne Frank est l'un des premiers livres que j'ai lus pour moi-même et pour le plaisir (entendez par là : livre qui ne m'a pas été imposé dans le cadre scolaire). Je devais avoir 14-15 ans, à peine plus âgée qu'Anne lorsqu'elle a commencé son journal. C'est une lecture qui m'avait profondément marquée à l'époque. Plus ou moins 25 ans après, j'en garde même de nombreux passages en mémoire. Retombée dessus le mois dernier un peu par hasard, j'ai eu envie de le découvrir à nouveau.
Annelies Marie Frank, appelée Anne, est une adolescente allemande connue pour son journal intime, écrit pendant les deux années où elle vivait cachée avec sa famille et quatre autres personnes, à Amsterdam aux Pays-Bas, alors sous l'occupation allemande, afin d'échapper à la déportation. Après deux ans passés dans ce refuge, le groupe est arrêté le 4 août 1944, puis déporté vers le centre d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, quelques jours après sa soeur Margot (fin février ou début mars 1945). le camp est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945 et Amsterdam le 5 mai 1945. Son père, unique survivant du groupe, découvre à son retour à Amsterdam que le journal intime de sa fille a survécu au pillage nazi. Convaincu du caractère unique de ce texte, il décide de le faire éditer. [Source : Wikipedia]
Ma mémoire ne m'a pas trompée : les écrits d'Anne correspondent à ce que je me souvenais. Mais de les avoir lus cette fois-ci avec des yeux d'adulte m'a permis de les découvrir d'une autre manière. Car en effet, j'ai découvert aujourd'hui une jeune adolescente très mature pour son âge, aspect que je n'avais pas perçu auparavant. Au-delà de ses écrits bien structurés, Anne fait preuve de maturité et de bon sens à tous les niveaux. Son sens critique et d'argumentation est souvent bien développé. Elle a une conscience de son "moi individuel" plutôt alerte. Ses pensées, idées et idéologies sont sensées, raisonnables, réfléchies, pas vraiment celles d'une jeune fille de son âge. J'étais totalement passée à côté de cette dimension psychologique, s'expliquant certainement par mon jeune âge de l'époque.
Ce journal relate deux années d'isolement, d'enfermement. Il relate la cohabitation (difficile) de huit personnes, toujours les uns sur les autres, vivant cachés dans l'annexe d'une entreprise aux fenêtres camouflées. Il raconte les disputes, les caractères divergents des colocataires, la faim et les difficultés à s'approvisionner, les précautions quotidiennes à prendre pour ne pas être découverts, les bombardements. Il raconte aussi les affaires de coeur d'une ado de 14 ans, le besoin de se confier et de trouver quelqu'un à qui parler, les relations parfois conflictuelles entre une ado et ses parents. Mais il ra
conte surtout la peur et la tension omniprésentes, l'angoisse constante d'être découverts à tout moment...
Même après relecture, ce journal est toujours aussi poignant, percutant. On ressent toute l'horreur de la guerre, les injustices, la déprime et l'accablement, les angoisses, les espoirs aussi. Les projets d'avenir d'Anne (devenir journaliste et écrivain, découvrir Londres et Paris, son voeu d'être mère un jour tout en continuant à travailler, etc), au vu de ce qui l'attend, nous déchirent le coeur. Son projet de publier son journal à la fin de la guerre (élément que j'avais oublié), tout en se demandant si quelqu'un pourrait s'intéresser un jour à ses "radotages", fait tout aussi mal...
Une lecture poignante, cruelle mais efficace, et surtout nécessaire.