Citations sur Aurora consurgens : Le Lever de l'aurore (33)
Là donc où l’auteur formule des idées relativement conscientes, il écrit en réalité dans le style de Saint Thomas ; par contre, lorsqu’il exprime ses expériences intérieures, absorbé dans l’inconscient, il le fait dans une langue émotionnelle, compensatoire, qui ne concorde pas avec le style habituel de l’auteur de la Somme.
Le fait que Saint Thomas se soit préoccupé du Cantique sur son lit de mort est dans une relation d’autant plus vraisemblable avec son expérience que, d’un côté, cette vision est un prodrome répandu et typique de la mort, et de l’autre, le symbolisme de la conjonction reflète des processus archétypiques suprapersonnels, qui mènent par-delà l’espace et le temps, tels qu’ils peuvent être vécus avec une intensité particulière à l’approche de la mort.
Un tel ouvrage [Aurora Consurgens de Thomas d'Aquin] pourrait notamment contrebalancer une attitude trop intellectuelle, prisonnière de limites logiques, et fournissant un médiocre exutoire au sentiment, à l’émotion et aux paradoxes mystiques. L’Aurore représenterait ainsi la décharge d’énergies bloquées par l’étroitesse de la conscience. Il paraît donc intéressant d’examiner de plus près la vie de Saint Thomas d’un point de vue psychologique.
L’état spirituel anormal semble consister essentiellement en ce que les matériaux ont afflué chez l’écrivain [Thomas d'Aquin] en un flot constant et ont guidé sa main d’une façon que l’on n’observe qu’en des moments d’excitation ou d’émotion où les éléments inconscients dominent la conscience.
Dans le Soi, l’un est aussi le multiple, et le multiple est tout entier rassemblé dans l’un. Cette vue extraordinaire semble faire allusion à un état-limite suprême dans lequel le moi individuel est éteint et remplacé par une expérience où sont inclus tous les hommes. On serait tenté de se représenter un tel état comme une illumination précédant la mort.
La « consolidation » du Soi s’est produite dans une vision intuitive de l’au-delà, c’est-à-dire au niveau pneumatique. La Pierre doit donc être ensuite amollie par le sang du bouc, pour éviter qu’une proportion trop grande de vie psychique ne soit exclue du processus.
Une conception trinitaire entraîne une amputation de la quatrième fonction dite « inférieure » : « Cette dissociation particulière est, semble-t-il, un produit de la civilisation. Elle signifie d’abord une libération de la conscience par rapport à un attachement excessif à l’ « esprit de pesanteur ».
L’auteur a vécu une expérience qui le contraint, bon gré mal gré, comme beaucoup de ses contemporains, à être saisi par le Saint-Esprit.
L’Aurore représente […] une telle tentative en vue de saisir les contenus archétypiques envahissants de l’inconscient collectif par une amplification alchimique, et de les réconcilier avec les idées chrétiennes dominantes.
Si le moi s’avère trop faible pour « opposer la résistance nécessaire à l’afflux envahissant des contenus inconscients », il est « assimilé par l’inconscient. Il en résulte un effacement et un obscurcissement de la conscience du moi et une identité de celui-ci avec une totalité préconsciente ».