Citations sur Feu de glace (41)
Il n’existe pas de vie qui ne soit ternie par la honte. Mieux vaut laisser les zones d’ombre dans le noir, où elles peuvent se cicatriser puis s’estomper. Mieux vaut écarter les tourments de la jalousie et de la curiosité paranoïaque.
Nous qui menons nos vies là où l’air est épais et où l’esprit reste clair, sachons marquer une pause avant de juger les hommes qui s’aventurent dans ce pays des merveilles, ce royaume situé derrière le miroir, sur le toit du monde.
Je le laissais prendre des photos de moi. Je le laissais me regarder quand je prenais un bain, quand j'allais aux toilettes, quand je me maquillais. Je le laissais m'attacher. J'avais enfin l'impression d'avoir été complètement retournée de fond en comble, de sorte que tout mon paysage intérieur privé, tout ce qui n'avait appartenu qu'à moi, était à présent connu. Je crois que j'étais très, très heureuse, mais si c'était ça le bonheur, alors je ne l'avais jamais connu avant.
Je compris combien j'avais toujours manqué d'imagination à propos des femmes battues ou mariées à des alcooliques. Le désastre s'infiltre en silence, telle une lame de fond qui s'abattrait soudain sur une plage touristique. On ne l'aperçoit que trop tard, au moment où on ne peut plus rien faire, où il est impossible de résister, et elle vous enveloppe pour vous emmener au loin.
Mes règles s'annonçaient. J'avais mal au ventre.
" - Elles ne doivent pas arriver avant six jours, rétorqua-t-il.
- Alors c'est que j'ai de l'avance", répliquai-je. Bon sang, j'avais épousé un type qui connaissait mon cycle mieux que moi.
Nous nous marions vendredi, declara t il. Notre décision est soudaine, parce que l'amour l'est aussi.
Adam ne m'attendait pas dehors. J'en ressentis un soulagement si intense qu'il m'emplit d'exaltation. Mon pas se fit immédiatement plus léger, mon esprit plus lucide. Tout paraissait changé du fait de son absence, il n'était pas là à me regarder sortir, à me fixer de ce regard insistant et sombre que je ne parvenais plus à déchiffrer. Trahissait-il la haine ou l'amour, la passion ou l'intention criminelle ? Avec Adam l'un et l'autre avaient toujours été si intimement liés. Une fois de plus je repensai, avec un frisson de pure répugnance à présent, mêlé de honte cuisante, à la violence de notre nuit de noces dans le Lake District. Je me sentais piégée dans un long lendemain gris.
J'avais détruit mon ancien univers sans regrets : à présent il me fallait trouver le moyen de faire s'écrouler le nouveau, afin de pouvoir m'en échapper. Il y avait encore des moments, même s'ils se faisaient plus rares tous les jours, où il me paraissait impossible de croire qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. J'avais épousé un meurtrier, un magnifique assassin aux yeux bleus. Si jamais il découvrait ce que je savais, il me tuerait moi aussi, cela ne faisait aucun doute. Si je tentais de m'enfuir, il me tuerait de même. Il me retrouverait pour m'éliminer.
Je compris combien j'avais toujours manqué d'imagination à propos des femmes battues ou mariées à des alcooliques. Le désastre s'infiltre en silence, telle une lame de fond qui s'abattrait soudain sur une plage touristique. On ne l'aperçoit que trop tard, au moment où on ne peut plus rien faire, où il est impossible de résister, et elle vous enveloppe pour vous emmener au loin.
L'amour est une drôle d'histoire.