Michel Houellebecq: "Il fut un temps où j'allais à la messe. Plus maintenant, j'ai arrêté. Mais quand j'y allais, pendant au moins cinq minutes, je croyais en Dieu. Surtout parce qu'il y avait la communion des fidèles et que je suis très sensible à l'émotion collective. Tout le monde s'aime, c'est super. Puis on retourne dans la rue, et c'est fini. Il y a une descente, un peu comme avec l'héroïne. C'est pour cette raison que j'ai aimé mes séjours dans les monastères; on ne sortait jamais de cette ambiance de communion. Au fond des choses, je ne suis pas athée, mais authentiquement agnostique. Quand je regarde des émissions sur la cosmologie, je me dis que l'univers, quand même, ce n'est pas mal organisé. L'idée qu'il y a un plan derrière tout çà peut se défendre."
MICHEL ONFRAY : Pour moi, les chasseurs désorganisent la nature pour nous dire ensuite qu’il faut la réorganiser. Exactement comme les gens qui mettent le feu pour pouvoir dire après qu’ils sont pompiers. Dans les forêts, les chasseurs multiplient les sangliers, les nourrissent. Les fédérations de chasse font de l’agrainage pour pouvoir ensuite tuer des bêtes nombreuses et bien engraissées. Et je ne parle même pas des lâchers de perdrix et de faisans, qui sont élevés en batteries et qu’on balance dans la campagne le jour de l’ouverture de la chasse.
MICHEL ONFRAY : Vous y croyez, vous, au grand remplacement ?
MICHEL HOUELLEBECQ : D’abord, j’ai été très choqué qu’on appelle ça une théorie. Ce n’est pas une théorie, c’est un fait.
Les chaînes d'infos en continu, prolongées par les réseaux sociaux, se font les athanors d'une singulière alchimie qui mute toute réalité, en particulier politique, en un divertissement ininterrompu. [...] Le spectacle est ce que l'on regarde ; le divertissement, ce dans quoi l'on se dissout. Le citoyen et le spectateur ont quitté la scène du monde, cédant la place au consommateur de divertissement.
Les hommes préfèrent vivre soumis plutôt que mourir libres et triomphants.
« La doxa intellectuelle contemporaine est fondée sur quatre piliers, incarnant des valeurs et des normes jugées bonnes en elles-mêmes : échange (dialogue, interdépendance, interaction, commerce, inclusion, etc.), mélange (métissage, hybridité, mixité, créolisation, etc.), diversité (différence, identités, multiculturel, pluriethnique, etc.), changement (mouvement, avancée, progrès, développement, évolution, croissance, mobilité, fluidité, nomadisme, innovation, etc.). Chacun de ces socles (axiologiques et normatifs) fait l’objet d’un culte et, à ce titre, se traduit dans un discours d’éloge relativement autonome. »
(Pierre-André TAGUIEFF, L’antiracisme saisi par l’utopisme. De la mixophilie universelle à la « créolisation du monde »)
MICHEL HOUELLEBECQ : Vous avez remarqué, ils [les monastères] sont presque toujours situés dans des sites d’une grande beauté. Je ne sais plus à combien de cérémonies religieuses ils participent dans une journée, mais ils sont très souvent en état d’adoration. Le reste du temps, ils font du travail manuel plutôt agréable, ce n’est pas l’usine non plus. Il est beaucoup plus facile d’être chrétien quand on est moine que quand on est prêtre. Les prêtres, eux, sont en ville, où il existe des tentations. Non seulement ils doivent être chastes, mais ils ont très peu d’argent.
MICHEL ONFRAY : Israël est un peuple qui s’est créé, avec sa langue d’une certaine manière, l’hébreu moderne, avec son identité culturelle, une fierté légitime par rapport à sa littérature, sa musique et sa diversité […]. C’est un pays dans lequel il y a une mobilisation générale de tout le monde, les garçons et les filles font leur service militaire, on respecte la mémoire et les anciens. Bref, il y a tout ce qui fait une civilisation dans son être, dans sa durée. Nous devrions en tirer des leçons.
« Le discours démagogique se reconnaît au fait qu’il ne respecte pas le principe de non-contradiction et véhicule en même temps des propositions contraires ou contradictoires. »
(Pierre-André TAGUIEFF, L’antiracisme saisi par l’utopisme. De la mixophilie universelle à la « créolisation du monde »)
MICHEL HOUELLEBECQ : En matière d’immigration, personne ne contrôle rien, c’est bien là tout le problème.