Sans la moindre hésitation. Peut-être était-ce cela, vieillir. Ou bien après des années d'innombrables missions de traque et de mort, je me rendais compte que je n'avais plus rien à prouver, ni à moi, ni à personne d'autre. La haine des vampires - et de moi-même - m'avait poussée dans cette voie périlleuse à seize ans. Grâce à Bones, cette haine avait disparu depuis des années, et mon existence vide avait cédé la place à une vie digne de ce nom.
C'était cette vie que je voulais retrouver, et une seule chose m'en empêchait : Madigan. Je serrai les dents, à cause de lui, je devais reprendre du service.
— Sans compter que si tu refuses, ajouta Mencheres avec un sourire si large qu’il dévoilait ses canines, je te rappelle que je peux t’arracher la tête même à grande distance.
Marie éclata de rire.
— Et je peux t’envoyer des Vestiges de tout aussi loin, alors je pense que nous pouvons nous dispenser de ces menaces.
— Exactement, intervins-je aussitôt. Et si nous essayions plutôt une chose que nos espèces ne sont jamais parvenues à faire jusqu’à aujourd’hui ? Faisons-nous confiance.
Je sentis une haleine chaude sur mon visage, puis une longue langue humide passer sur ma joue. Je me redressai brusquement et me rendis compte, premièrement que l'on m'avait installée dans un lit, et deuxièmement, que ce lit devait se trouver chez Mencheres. C'était la seule personne de ma connaissance qui possédait deux mastiffs de près de cent kilos assis sans-gêne.
En règle générale, les cimetières ne me mettaient pas mal à l'aise. ils étaient remplis de morts, et comme je le savais depuis mes débuts de tueuse de vampires, à seize ans, les gens vraiment morts ne représentaient aucun danger. C'était des vivants et des morts-vivants qu'il fallait se méfier.
C’était mon souhait le plus cher : me retrouver chez nous avec Bones, au milieu de nos chères montagnes qui semblaient nous protéger du reste du monde. Les quelques mois de calme relatif que nous venions de connaître m’avaient fait découvrir ce que la plupart des gens appelaient une vie normale, et à ma grande surprise, j’avais adoré cela. A la maison, les seuls objets métalliques que je manipulais étaient destinés au jardin, et les seuls cris qui troublaient le silence provenaient de mon chat lorsqu’il se sentait délaissé.
Autrefois, j’adorais l’excitation qu’engendraient mes missions, mais même si je souhaitais plus que tout la mort de Madigan, j’aurais volontiers renoncé à le tuer moi-même pour que tout cela se termine. Sans la moindre hésitation.
Peut-être était-ce cela, vieillir. Ou bien après des années d’innombrables missions de traque et de mort, je me rendais compte que je n’avais plus rien à prouver, ni à moi, ni à personne d’autre. La haine des vampires – et de moi-même – m’avait poussé dans cette voie périlleuse à seize ans. Grâce à Bones, cette haine avait disparu depuis des années, et mon existence vide avait cédé la place à une vie digne de ce nom.
Ensemble, nous étions capables de tout. Je n’y avais pas cru jusque-là, mais j’en étais désormais persuadée.