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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un trop court recueil de nouvelles qui va enrichir les univers déjà ultra-riches des oeuvres de Mathieu Gaborit (Les Chroniques des Crépusculaires ainsi que Les Féals, et, on l'apprend plus tard un univers SF), mais pas que puisque l'auteur nous propose pas moins de 3 nouvelles ayant pour cadre le moyen-age, la fin du XIXème siècle et notre époque contemporaine.

A cela s'ajoute une longue interview (qu prend au final quasi 1/5 du recueil!) très intéressante notamment pour ceux qui découvrirait l'auteur. J'ai été particulièrement surpris du regard qu'il porte sur ses Féals. Cette trilogie, que je considère comme un quasi-sommet de son oeuvre, car il a (enfin?) réussi à allier une discipline d'écriture à son imagination sans limite, et bien lui n'y voit finalement qu'un carcan et l'oeuvre la moins "gaborienne qui soit".

Et quand j'ai dit recueil trop court, c''est parce que j'en voulais encore et encore ! Afin de compléter ces 3 petites merveilles:

-Naissance: Nouvelle qui démarre le recueil à cent à l'heure, la narration à la seconde personne est totalement immersive et haletante.

- Songe Ophidien : préquelle au Chronique des Crépusculaires où l'on retrouve Eyhide, l'enfant méduse dont les serpents sont malades.

- Mime: la nouvelle contemporaine dont le sujet ferait presque écho à "Naissance". Flippante à souhait, et qui donen forcément à penser au sujet lorsqu'on prend les transports en communs...

Et ces 3 excellentes nouvelles: Au frontière de Sienne, l'étreinte de Babylonne et le Vitrail de Jouvence

- Un passé trompeur est bien sympa mais tellement courte !

- Involutions m'a moins plu, mais j'ai toujours eu du mal avec la SF.

alors en résumé un excellent recueil de nouvelles qui permet avec bonheur de retrouver les univers riches, baroques et poétiques de Mathieu Gaborit.
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J'ai beaucoup aimé ce recueil. La nouvelle n'est pas un format qui convient à tous les auteurs mais ici c'est parfaitement maîtrisé. Quelle que soit l'histoire, les personnages sont consistants (on sent qu'ils ont eu une vie après et qu'ils continueront ensuite), les intrigues sont originales (un plus pour l'originalité : la première nouvelle est écrite à la deuxième personne, ce qui n'est pas si courant), et les histoires sont belles.
Les récits sont courts mais complexes et originaux, et c'est très bien écrit.
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Passionné par les jeux de rôle depuis très jeune, Mathieu Gaborit en joue, en conçoit et en rédige. C'est grâce à cela qu'il finit par se lancer dans l'écriture ; et c'est aussi dans cet univers de rôlistes qu'il rencontre un jeune éditeur qui accepte de publier son premier roman. Nous sommes en 1995 et voilà que paraît Souffre-Jour, le premier tome d'une trilogie aujourd'hui emblématique de sa bibliographie : Les Chroniques des Crépusculaires. Plus tard paraitront, entre autres, Les Chroniques des Féals, et Confessions d'un automate mangeur d'opium, roman fantastique co-écrit avec Fabrice Colin.

Ce recueil de nouvelles a la particularité de piocher dans la plupart des univers qu'il a créés. Pour moi qui découvre Matthieu Gaborit, ce fut une fenêtre ouverte sur la richesse de son imagination. J'ai été éblouie.

La première nouvelle, Naissances, est un coup de poing. Une femme – une inconnue – s'apprête à assassiner un mendiant dans la rue. Pour quelle raison voudrait-elle tuer un homme qui n'a pas d'histoire et plus d'avenir ? La protagoniste est complexe, fascinante et mystérieuse. La narration est particulière : elle se fait à la deuxième personne du singulier, rendant le texte encore plus immersif. le système de magie est très innovant : il se base sur la fusion humaine-animale, et l'ambiance générale, sombre et haletante, m'a enthousiasmée. En bref : tous les éléments sont pour me plaire.
Le seul problème (pour moi qui ne connais pas Les Crépusculaires), c'est que j'ai manqué de repères. Je n'ai compris plusieurs détails qu'après coup (comme l'explication de l'incarnation du Néant), je n'ai pas très bien saisi la fin et j'ai sans doute raté plusieurs références à l'oeuvre principale. Qu'importe ! Ça m'a donné envie de la découvrir…

Aux frontières de Sienne est beaucoup plus abordable – et moins noir. L'histoire se déroule dans un pays divisé en duchés, où la taille du domaine est définie par l'odeur des cadavres putréfiés (je vous jure que c'est moins noir). Luttes de pouvoirs, alliances et haines sont au rendez-vous lorsque le duc de Galidea vient à rendre l'âme, permettant ainsi au chambellan du roi d'exercer son autorité et de se distraire en regardant les amitiés des nobliaux se faire et se défaire. Le principe du découpage de territoire serait inspiré d'une légende birmane.
Ici, peu de référence à une autre oeuvre – si ce n'est l'apparition de quelques créatures, comme les Zéphirs et les naïades. Les personnages principaux sont intéressants et touchants, mais j'avoue avoir une petite préférence pour Also Malaga, le chambellan, un être délicieusement fourbe. le texte se suffit à lui-même, la conclusion est amusante malgré (ou à cause de) son côté glauque et décalé.

L'Étreinte de Babylone est une nouvelle magistrale qui m'a laissé une très forte impression. Voilà l'histoire d'un jeune détrousseur de cadavres et de sa belle et mystérieuse amante, prostituée de son métier. Cette jeune femme cache un secret si terrible qu'elle ne peut en parler à personne, et certainement pas à celui qui partage sa couche. C'est une histoire sombre et fascinante, morbide à souhait, et dont la chute a de quoi glacer le sang. J'ai beaucoup aimé le couple que forment Jog et Cassandria. Tous deux sont des protagonistes atypiques, surprenants, et le duo qu'ils forment sonne terriblement vrai. C'est un texte très efficace, mordant à souhait.

Le contexte du Vitrail de Jouvence fait partie d'une plus grande oeuvre – Les Chroniques des Féals – mais je n'ai pas été trop dépaysée. Le village de Steinghal est menacé par les hommes du seigneur de Castelnaut, son pire ennemi. Aucune aide n'est attendue, l'affrontement est imminent, et la première préoccupation du curé (personnage à travers les yeux duquel nous assistons à toute l'histoire) est de protéger le magnifique vitrail qui orne sa paroisse, qui cache un secret des plus surprenants. Mais voilà, Castelnaut a reçu un soutien extérieur pour son effort de guerre : des Phéniciers se sont joints à lui pour d'obscures raisons… Un petit détail m'a amusée à la lecture de cette oeuvre : les grands royaumes de ce monde sont réunis sous l'égide des créatures fantastiques. Les Chimériens dépendent des Chimères, les Licornéens sont réunis sous l'égide des Licornes, les Phéniciers veillent sur les Phénix, etc. Les peuples semblent même posséder certaines caractéristiques de leur emblème, si j'en crois les yeux rougeoyants des Phéniciers.
Et enfin c'est un huis-clos : la totalité de l'intrigue se déroule dans l'église de Steinghal. Je tiens à préciser que la chute est excellente, et les explications, délicieusement surprenantes !

Mais Songe ophidien est, selon moi, la plus aboutie de ces nouvelles. Elle a le mérite de posséder la richesse d'un univers qui ne se limite pas à elle-même, mais d'être en même temps tout à fait accessible ; de présenter des personnages nuancés et intéressants ainsi qu'un système de magie complexe et curieux. Encore une fois, Matthieu Gaborit s'inspire des légendes et revisite cette fois le mythe de la méduse. La petite Eyhide est très malade : les serpents qui lui servent de cheveux dépérissent lentement depuis qu'un lutin sorti d'un tableau l'a mise en contact avec une étrange petite créature magique. Pourquoi ? Pour quelle raison faudrait-il le taire à sa mère ? Qu'est-ce que cette dernière cache à sa fille ? Le texte ne fait qu'une trentaine de pages, et pourtant l'histoire est très complète et parfaitement achevée.
La conclusion, toutefois, m'a laissée sur ma faim. J'ai très envie de retrouver Eyhide et de savoir ce qu'il lui arrivera – une raison supplémentaire de lire Les Crépusculaires, décidément !

Un passé trompeur est le texte le plus court – et de loin –, mais non pas le moins intéressant. La chute est divine. Mathieu Gaborit quitte l'univers de la fantasy pour se glisser dans le steampunk. Des centaines d'années après notre ère, nos descendants retrouvent ce qui semblerait être la structure d'un vaisseau spatial particulièrement abouti et s'apprêtent à le faire décoller.

Mime, quant à lui, est peut-être l'histoire la plus glaçante de ce recueil. C'est une nouvelle fantastique qui prend place dans notre monde. On suit le parcours d'un employé de bureau tout ce qu'il y a de plus banal, dont le morne quotidien le vide de sa substance. Une critique de notre société déshumanisante qui fait vraiment froid dans le dos.

Involution, enfin, est un texte d'anticipation assez surprenant qui revisite le mythe d'Icare de façon très originale. C'est la conclusion du recueil, et elle s'achève sur une Apocalypse grandiose et démesurée. Le moins que je puisse dire, c'est que cela s'annonce brillant.

Un recueil bourré de bonnes découvertes, très bien agencé (je viens de me rendre compte que les différents textes suivent une logique chronologique).
En bref, D'une rive à l'autre m'a mis l'eau à la bouche. J'ai rajouté Mathieu Gaborit dans ma liste des auteurs à suivre et je croise les doigts pour que ses romans soient à la hauteur de ses nouvelles ! (Auquel cas, il serait mon prochain coup de coeur de l'année...)
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