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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'aime bien découvrir l'univers d'un auteur à travers un recueil de nouvelles. Ça ne marche pas toujours (exemple avec Chloé Chevalier et le recueil Fleurs au creux des ruines) mais parfois c'est une porte d'entrée avec un paillasson moelleux et une bonne odeur de feu de cheminée qui me poussent à franchir le Rubicon. Ça a marché avec Lionel Davoust, ça marche encore avec Mathieu Gaborit.

Ce petit recueil balaie en huit nouvelles toute l'étendue des imaginaires avec lesquels Gaborit s'est colleté. Certaines s'inscrivent dans ses cycles les plus célèbres – Les Crépusculaires ou les Chroniques des Féals – d'autres sont de purs one-shot. Certaines jouent dans les cours de fantasy, d'autres titillent le fantastique, orbitent autour du steampunk ou nous embarquent dans un opéra de l'espace. Bref il a touché à tout.

Intégrées à des cycles ou one-shot, l'auteur parvient à nous imprégner du décor avec assez de réussite pour que l'on se sente plongé dans un monde cohérent et compréhensible. Ses univers sont colorés, riches parfois à l'excès comme ces cathédrales baroques qui ne paient pas tant de mine à l'extérieur mais dont le moindre centimètre carré intérieur est saturé de couleurs et de formes. Ses histoires sont sérieuses et ne prêtent pas à rire car la situation est toujours grave, même le quotidien. Elles mettent en avant l'importance de l'effort, pour atteindre la magie ou pour simplement survivre.

Mes préférées ? Il y a « Aux frontières de Sienne » où la définition des frontières d'un duché dépend de la distance où le vent porte l'odeur de son duc défunt. Pour raison amoureuse, un homme tente d'influencer le phénomène avec beaucoup d'astuce. C'est un one-shot, c'est court et c'est superbe.
Il y a « le vitrail de Jouvence » qui n'est pas sans rapport, paraît-il, avec les Chroniques des Féals. Des villes luttent pour un vitrail aux propriétés magiques, mais c'est propriétés ont été volées par l'ajout dans la composition du verre d'un ingrédient… qui fait tout le sel de la fin. Construire un tel décor original et nous faire sentir sa cohérence en quelques pages est un vrai tour de force.
Et il y a « Songe Ophidien » qui s'inscrit dans Les Crépusculaires et nous conte l'histoire de la fille d'une famille de méduses (avec des serpents sur la tête) aristocrates qui sent ses serpents mourir car son être est attiré par une autre forme de magie. La magie présentée ici est très originale et difficile à manipuler.

Le livre se termine par une interview où Mathieu Gaborit se dévoile. Il est écrivain jardinier. Les plans, ce n'est pas pour lui. Il aime que la magie soit issue d'un travail, d'une manipulation de la matière. Il nous raconte les premières années de Mnémos avec Fabrice Colin, Stéphane Marsan et consort ; la description qu'il en fait rappelle Pigalle du début du XXème siècle. Il nous dit son dégoût de la religion organisée mais son attirance pour le sacré. Il est un roliste convaincu (mais qui ne l'est pas dans ce petit monde de l'imaginaire français? je me le demande).
C'est là que j'ai appris que Les Chroniques des Féals est probablement la série où il a le plus forcé sa nature, où il s'est éloigné de son côté jardinier. Tant pis, je me suis procuré la trilogie après avoir lu « le vitrail de Jouvence ».

On verra bien ce que ça donne.
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Si vous n'avez pas encore eu l'occasion de vous pencher sur la bibliographie déjà bien fournie de Mathieu Gaborit, alors « D'une rive à l'autre » est fait pour vous ! le recueil constitue en effet une porte d'entrée idéale aux différents univers développés tout au long de sa carrière par l'auteur dont ont été réunis ici huit textes. Des textes certes non inédits (tous ont déjà fait l'objet de précédentes parutions dans diverses anthologies ou revues) mais sélectionnés avec soin dans le but de donner un aperçu le plus complet possible des nombreuses facettes de l'auteur. le recueil s'ouvre avec « Naissances », une nouvelle consacrée au jeu de rôle basé sur la trilogie « Chroniques des Féals ». de quoi donner une petite idée de la noirceur et de la complexité de cet univers dans lequel évolue ici une jeune femme bien décidée à empêcher le Néant de s'infiltrer dans le monde. La narration à la deuxième personne est originale et on est vite saisi par la poésie qui se dégage de la plume de l'auteur. On enchaîne avec « Aux frontières de Sienne », une nouvelle inspirée d'une légende birmane et consacrée à l'histoire d'amour contrariée d'un jeune homme et d'une ondine. Si le texte est un peu trop court pour que l'on puisse éprouver une véritable empathie pour les deux amants, l'idée sur laquelle se base le récit est en tout cas surprenante et la chute plutôt amusante. S'ensuit une nouvelle mettant en scène deux personnages plutôt discrets bien que cheminant depuis toujours dans le sillage des armées : une prostituée et un détrousseur de cadavres (« Étreinte de Babylone »). Cette fois la relation qu'entretiennent les protagonistes ne manque pas de susciter l'émotion du lecteur qui ne pourra qu'être sensible à l'ambiance à la fois inquiétante et envoûtante dans laquelle baigne le récit.

Le texte suivant nous plonge à nouveau dans l'univers des « Chroniques des Féals » mais l'atmosphère et les enjeux sont cette fois tout autre (« Le Vitrail de jouvence »). L'auteur y dévoile notamment une autre partie de son bestiaire ainsi qu'un aspect bien particulier de sa magie, envisagée ici selon une approche artisanale qui ne manque pas d'originalité. Là encore l'aperçu est bref mais les perspectives envisagées enflamment bien vite l'imagination du lecteur qui pourra difficilement rester de marbre face à l'évocation de la mystérieuse guilde des Phéniciers, des griffons gardant le royaume de Grif' ou de la fabuleuse bibliothèque d'Alandra. « Je t'en conjure, égare-toi au moins une fois dans ce labyrinthe. Loue les services des esprits-frappeurs dont on use pour tourner les pages, observe les centaures aux sabots recouverts de velours qui trottent dans les couloirs pour ranger les grimoires, admire les dryades qui utilisent leurs longs cheveux d'or pour relier les parchemins... » le recueil se poursuit avec l'une des nouvelles les plus longues mais aussi les plus réussies de l'ouvrage (« Songe ophidien ») . Elle est consacrée à l'un des personnages phares des « Crépusculaires » et nous fournit l'occasion de faire plus ample connaissance avec deux autres créatures : un danseur et une méduse. « Depuis toujours, les sifflements des serpents résonnaient avec ses pensées. Depuis peu, elle avait su discerner les modulations, les infimes variations qui différenciaient les reptiles. Comme toutes les petites méduses de son âge, elle avait alors baptisé chaque serpent, elle avait pu les reconnaître dans le miroir et les caresser en murmurant leur nom. » Là encore l'auteur se démarque par son originalité et la perspective de découvrir cette créature mythologique non pas en tant que monstre mais en tant que personnage à part entière m'a énormément plu.

Changement radical d'ambiance avec « Un passé trompeur », une nouvelle s'inscrivant clairement dans la mouvance steampunk qui semble avoir suffisamment intéressée l'auteur pour qu'il y consacre plusieurs romans (« Bohème », que je vous recommande, et « Confession d'un automate mangeur d'opium » écrit en collaboration avec Fabrice Colin). le récit est encore plus bref que les précédents et met en scène le monument le plus célèbre de notre capitale ici reconstruis des années après sa création et reconverti en vue d'une toute autre utilisation. Un petit texte agréable qui vaut essentiellement pour sa chute. La nouvelle suivante est sans aucune doute ma favorite (« Mime ») : Mathieu Gaborit y imagine une créature invisible des hommes mais capable d'aspirer chez eux toute envie, toute volonté créatrice. Ne reste plus de leur proie que des coquilles vides, des hommes ou des femmes se noyant dans un travail et une routine abrutissante, sans plus chercher à rêver ou à aimer. Un texte bouleversant qui s'interroge sur notre société et encourage le lecteur a prendre un peu de recul. Dernière du recueil, la nouvelle « Involution » relève quand à elle davantage de la science-fiction que de la fantasy et je dois avouer que cette histoire d'enfants ailés tout puissants ne m'a que peu passionnée. L'ouvrage offre en bonus une longue interview réalisée en 2012 par ActuSF dans laquelle l'auteur revient sur l'ensemble de sa carrière et présente chacune des nouvelles du recueil (je vous encourage d'ailleurs à lire cette interview avant votre lecture afin de bien saisir le contexte dans lequel ces différents textes ont été écris).

Avec « D'une rive à l'autre » Mathieu Gaborit signe un recueil épatant dont chaque nouvelle nous permet d'apprécier ce constitue la marque de fabrique et le charme de l'auteur : une ambiance sombre et souvent baroque, un bestiaire et une approche de la magie qui sortent de l'ordinaire, et surtout une plume dont se dégage une infinie poésie. Je ressors de ce recueil avec des envies de lecture plein la tête, aussi si vous avez des suggestions concernant la série par laquelle il vous semble préférable de débuter, je suis preneuse !
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Dans Naissances, en rapport avec le jeu de rôle tiré de Les Chroniques des Féals, le combat d'une guerrière contre le Néant est narré à la deuxième personne du singulier. Elle bénéficie d'une symbiose pour tirer partie des aptitudes d'une araignée, d'un cheval et d'un faucon. Ce personnage armé d'une dague de glace est prometteur avec son rapport ambigu à l'oubli, son histoire de déterminisme social et d'infanticide.
Dans Aux frontières de Sienne, Also Malaga, chambellan du roi, est garant d'une tradition funéraire et géopolitique consistant, à la mort du duc, en la redéfinition des frontières de son territoire à la mesure de l'empuantissement de son cadavre. Lozio est amoureux de Soé, une Ondine, et espère que les limites du duché engloberont le ruisseau auprès duquel elle demeure.
Dans L'étreinte de Babylone, Jog, pillard de champs de bataille, écume les routes avec Cassandria, une prostituée officiant dans leur roulotte, vampires de richesses autour des massacres et pourvoyeurs des légions infernales.
Dans le vitrail de jouvence, Steinghal est un village assiégé par un seigneur voisin et son église brille par sa rosace exceptionnelle. le texte confronte le christianisme à un paganisme magique et mythique qui introduit Les Chroniques des Féals.
Dans Songe ophidien, Eyhide est une méduse de sept ans, elle est fiévreuse, les serpents sur sa tête sont malades. Un lutin sort d'un tableau pour la prévenir d'un danger, ce qui fait penser à La licorne de Julie, nouvelle de Peter S. Beagle. L'histoire aborde le déterminisme social et la liberté, introduisant Les Chroniques des Crépusculaires.
Dans Un passé trompeur, Mathieu Gaborit développe une plaisanterie uchronique et steampunk sur l'élan technologique et les messages du passé.
Dans Mime, des spectres traquent des humains à la vie réglée et terne, sans imagination ni liberté, pour étouffer leurs âmes.
Dans Involution, des enfants icariens munis d'ailes apparaissent sur Terre et développent des capacités psychokinétiques. L'expansion de l'humanité dans l'espace débute avec l'envoi de nefs colonisatrices, un icarien au centre de chacune d'entre elles. le texte montre l'arrogance humaine et dénonce la religion comme système de pouvoir par un culte.
Le recueil de nouvelles donne un bon aperçu des univers développés par Mathieu Gaborit, avec de très bonnes idées et une volonté de sortir de l'ordinaire, une magie omniprésente et des emprunts aux mythes antiques dans des mondes cohérents, des personnages très intéressants et une philosophie anticléricale dans une atmosphère pas si enfantine. L'entretien avec l'auteur montre bien sa passion pour la magie dans les arts et l'artisanat, et la similitude de son imaginaire avec celui de Serge Brussolo.
Lien : https://lesbouquinsdyvescalv..
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J'ai acheté D'une rive à l'autre sur un coup de tête. Ce recueil de nouvelles est édité dans la collection de poche « Hélios » des éditions Mnémos. C'était juste avant un voyage en train, et j'avais donc envie d'un livre de fantasy qui soit dévorable facilement, et une valeur sûre…

Il s'agit d'une collection de huit nouvelles qui déploient un imaginaire changeant au fil de 187 pages : l'auteur nous fait voyager – comme semble le suggérer le titre du recueil – d'un monde à un autre, d'une rive à l'autre, mais aussi d'un genre à un autre. Une histoire nous plongera dans l'univers où se dérouleront les Chroniques des Féals, une autre nous fera visiter un coin des Crépusculaires, une nouvelle explorera le registre du fantastique, une autre le genre du Steampunk, une autre encore nous plongera dans un fragment de Space Opera… Cette variété n'a certainement pas été pour me déplaire.

Au final, je ne suis pas déçu de cette incursion dans l'univers de Mathieu Gaborit, aux rivages nombreux et luxuriants : ce recueil bigarré nous donne à voir en peu de pages toutes les facettes d'un imaginaire personnel, aux histoires racontées avec le talent que l'on connaît de cet auteur, et qui donne envie de partir à la découverte du reste de son oeuvre.

La chronique entière et détaillée est à lire sur mon blog : creation-monde-imaginaire.blogspot.fr

Voir lien ci-dessous :
Lien : https://creation-monde-imagi..
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[...] Pour conclure, "D'une rive à l'autre" est un recueil de nouvelles qui mélange à merveille les genres et propose un tour d'horizon du, voire des, talent(s) de MathieuGaborit. J'ai beaucoup aimé mais j'avoue que je garde une préférence pour ses nouvelles écrites à fleur de peau, plutôt que celles qui sont cadrés et se rapprochent de la fantasy 'à l'ancienne'.
Lien : http://les-lectures-de-mina...
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