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Citations sur Le visage de nos colères (48)

La colère dérange tout autant que la folie, peut-être parce qu’elle semble en être l’euphémisme, l’antichambre, l’astre connexe. Mais par sa colère, une femme ou un homme se défend de quelque chose qui blesse sa dignité ou menace son territoire. Parfois, la colère vise plus grand que soi : le monde qui semble injuste, violent, épouvantable. Le colérique le sent par son corps ; il mobilise une intelligence sensible. Et ce recours est une force qui peut, à condition d’être assumée et comprise, le rendre encore plus sensible et intelligent.
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La colère cherche la respectabilité, la haine la supériorité.
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L’hystérie désigne donc seulement une névrose et ses manifestations symptomatiques, exprimant un conflit psychique entre des forces antagonistes. L’hystérie est tout autant la possibilité d’un désir refoulé qu’une colère contenue. P arler d’hystérie au sujet d’une colère permet de dénoncer un excès inapproprié d’expressivité féminine, surtout quand la femme qui habite cette colère tente de conquérir un pouvoir dont elle n’est pas censée bénéficier.
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Lorsque l’on est en colère, que détruit‑on ? On détruit ce qui fait notre monde quotidien : un ensemble d’habitudes de pensée et de sentiments qui nous rassurent et nous effraient aussi, sans toujours le savoir. Car notre monde a beau nous brûler parfois, il demeure notre monde. Ce que l’on croit détenir rassure, même si la possession se fait lourde, nuisible, maudite. Selon son degré de profondeur et de lucidité, la colère met alors en cause quelque chose de ce monde : nos parents, une relation, un groupe, une organisation sociale, notre patrie. Par cette réaction rarement assumée et exprimée, nous détruisons nos illusions protectrices, nos aimables dénis, nos cadres habituels. Nous avons peur de notre colère. Le péril paraît important, mais il l’est encore plus lorsque nous fuyons : un corps de douleurs.
Pourquoi sommes-nous en colère et contre qui ? Pourquoi est‑il si difficile d’enrager ? Pourquoi m’arrive-t‑il de me demander, à chaque moment de colère, si j’ai raison de l’éprouver ?
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La nouvelle stratégie de dévaluation de la colère dans une culture de plus en plus sécularisée et déchristianisée n’est plus la culpabilisation de notre orgueil mais l’attaque de notre capital de séduction. Puisque la culture occidentale est devenue culture érotique, la colère se trouve disqualifiée par une accusation corrélée : elle vous rend indésirable. Après avoir été réduite à la catégorie de l’animal, du fou, de l’enfant, de l’hystérique, du vaniteux, la colère s’est trouvée moquée sous la catégorie de l’incomestible.
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L’histoire de la colère est aussi celle d’un affect défendu à certaines catégories d’individus – et outre les femmes, à certaines classes sociales.
Dans le grand dialogue intitulé La République, Socrate, initiateur de la philosophie occidentale, tente de proposer sa vision d’une cité idéale. À cette occasion, il expose une thèse de nature psychologique sur l’âme, composée de trois principes : la raison, le désir et la colère. Cette dernière est la traduction approximative du mot grec thumos, qui correspond tantôt à l’ardeur – qu’une éducation peut transformer en courage –, tantôt à la colère injustifiée. La raison est reine, et elle est censée calmer nos appétits de leurs éventuels excès.
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Transformer sa colère, la métamorphoser en bonne énergie, la transmuter en un pardon ou en dialogue semble être un art de l’attitude sage ou positive. Il y résonne un je-ne-sais-quoi d’un peu faux, d’un peu décalé par rapport à ce que nous vivons.
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Cet essai consacré à la colère n'est pas un ouvrage de développement personnel sur une émotion communément déconsidérée.
Pour autant l'approche du sujet reste pragmatique, d'abord en utilisant des références philosophiques et sociologiques appropriées à différentes manifestations connues de colères individuelles et collectives, ensuite pour les comprendre et au final en convenant des bénéfices qu'apporte une expression assumée de cette émotion.
Le propos m'a convaincu de son bien fondé pour deux raisons mises en avant par l'auteure :
Primo, à défaut du règlement amiable du dommage qui m'est causé, manifester ma colère est nécessaire, pour éviter un conflit frontal et haineux avec la partie adverse ou pour échapper à la tentation de renoncer à réclamer réparation,
Secundo ma colère va faire émerger le courage d'aller de l'avant et fortifier ma détermination avec une exigence d'aboutissement rapide.

J'ai été aussi particulièrement intéressé par la critique de la « cool attitude » dont on nous bassine par des suggestions visant à nous amollir , ainsi qu'à la mise en exergue par l'auteure du risque d'asservissement que l'on court «  en pardonnant à ceux qui nous ont offensé » que nous soyons endoctrinés ou manipulés spécialement pour y consentir.

Je recommande vivement de lire « le visage de nos colères » un ouvrage stimulant et agréable à parcourir.

A la réflexion, conséquence de mon intérêt pour ce sujet , et aussi pour épargner à l'essai d'être perçu comme un panégyrique de la colère, j'aurais souhaité qu'un chapitre de l'ouvrage propose un contre point de vue défavorable, dès lors qu'il s'agit « d'une colère sourde et aveugle » telle que celle qui va précèder :
des violences individuelles ( violences faites aux femmes par leurs conjoints, assassinat d'un contrôleur des impôts en novembre 2022 par un brocanteur , rixes entre automobilistes, tabassage d'un prof par un élève ou par son paternel, tabassage d'un vigile d'hypermarché par un client....)
des violences collectives (phénomènes de bande telles que celles de supporters de clubs de foot,de jeunes de quartiers rivaux, celle qui précède l'action terroriste …) : Quels sont les dénominateurs communs aux colères en amont de la violence. Quel est l'accélérateur du passage de la manifestation de la colère à celle de la brutalité.

Un chapitre n'y suffisant probablement pas je lirai avec un vif intérêt une suite au « visage de nos colères » qui s'intitulerait (sic) «  les oreilles et les yeux de nos colères » !
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Comme le disait le philosophe Gilles Deleuze,
la relativisation fait comme si l'absolu de chaque
problème n'existait pas. Rien n'est relatif, tout est
absolu quand nous souffrons.
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Cette mise en forme de la colère entretient peut-être cet affect d’une manière jouée plutôt que vécue et prolongée dans des engagements intimes et politiques. Elle n’entraîne peut-être qu’une simple posture esthétique ou cathartique sans conséquence. Cependant, il me semble qu’en puisant son matériel émotionnel dans la colère, le rap lui donne une forme nouvelle et aide ses auditeurs à l’assumer par-delà les tabous et interdits culturels.
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