AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253941156
256 pages
Le Livre de Poche (06/09/2023)
3.75/5   30 notes
Résumé :
Dans l'espace public et notre quotidien, la colère affiche de multiples visages. Systématiquement discréditée, au point d'être ridiculisée, elle ne cesse pourtant de gronder - et nous redoutons son tumulte. Que faire de nos colères ? Quand on nous incite à cultiver une attitude docile et à étouffer nos colères, afin de nous rendre plus désirables, c'est au silence que l'on nous habitue, voire au renoncement.
Mais pour nous défendre face aux agressions intimes... >Voir plus
Que lire après Le visage de nos colèresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 30 notes
5
5 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Vous êtes - vous déjà demandé où vous en étiez par rapport à votre colère? Osez - vous l'exprimer? Comment faites - vous avec la colère chez l'autre? Êtes - vous à l'aise ou bien vous est-elle inconfortable? Si oui, avez vous exploré le pourquoi?...

Je pourrais continuer à vous questionner sur cette émotion tant je me suis rendue compte que derrière les apparences, elle était l'émotion la moins aimée du panthéon émotionnel, voir rendue taboue!... Un comble quand on sait l'époque dans laquelle nous vivons et tous les outils aujourd'hui proposés justement pour donner la place aux émotions et leur expression... Je le constate à mon niveau professionnel où les jeux pour les aborder sont en pleine explosion... Et pourtant, bien que la colère y soit abordée, on l'a bâillonné rapidement contrairement aux autres qui sont entendues, rencontrées et accompagnées! Pourquoi?

Et c'est là où dans ma rencontre avec ma propre colère, j'ai comme pour tout ce qui m'anime voulu en savoir plus avec des auteurs... Jusqu'à Sophie Galabru avec son livre le visage de nos colères, je dois avouer que du côté des essais en langue française, l'espace de réflexion, d'étude était plutôt désert... Là où du côté anglophone des approches avaient été investigué en voulant nourrir au départ d'autres thématiques notamment dans les essais traitant des " pervers narcissiques "...

Sophie Galabru, agrégée et docteur en philosophie, signe son premier essai et quel essai! Magistral! Oui, j'ose le terme tant il est complet! Dire qu'elle n'a que 33 ans et qu'elle a compris ce que plusieurs d'entre nous ont mis plus d'année pour l'aborder! Un livre à lire de toute urgence tant cette émotion crie son droit à l'existence! Tant que nous ne l'aurons pas réhabilité à titre personnel et sociétales, nous passerons à côté de qui s'exprime réellement que ce soit dans un vécu personnel ou que doit soit sur le plan de l'actualité!

Sophie Galabru commence par nous dresser l'historique de ce désamour pour cette émotions et qui remonte à la période antique. Cette émotion trop en lien avec un corps et des pulsions que depuis des siècles ont tente de dominer par la raison... Une hiérarchie qui a aussi servi à enfermer les femmes, mais aussi des minorités dans des statuts de subalternes, leur coupant toutes perspectives d'être!

Elle aborde ensuite la colère dans l'éducation et dans sa non reconnaissance chez l'enfant! Cette émotion pourtant crucial dans la construction de son identité! Pour ensuite, dans le monde des adultes, montrer comment on continue de la cadenasser par les outils du développement personnels ou managérial... Pire, comment cela fait naître des cadres de fonctionnement toxiques alors que les outils entendent nourrir la résilience, la bienveillance... Ce qui aurait pu, si la colère avait sa place d'expression....

Pour enfin terminer par les liens entre art et colère, ainsi la transcendance possible par la création, mais aussi de l'importance de la colère en politique pour faire vivre la démocratie...

Parce que la colère est essentielle pour exprimer ses limites et le respect/l'Amour de soi, pour redonner vie à ces parties de nous qui font que nous sommes et cela dans un monde pluriel! Parce que c'est dans cette conscience du vivant et dans une colère entendue qu'il est possible de se construire et de construire ensemble!

Alors belle découverte de votre colère! Ne la combattez plus! Accueillez-là! N'ayez plus peur d'elle! Écoutez là dans ce qu'elle dit d'essentiel de vous, de nous!
Commenter  J’apprécie          30
Cet essai consacré à la colère n'est pas un ouvrage de développement personnel sur une émotion communément déconsidérée.
Pour autant l'approche du sujet reste pragmatique, d'abord en utilisant des références philosophiques et sociologiques appropriées à différentes manifestations connues de colères individuelles et collectives, ensuite pour les comprendre et au final en convenant des bénéfices qu'apporte une expression assumée de cette émotion.
le propos m'a convaincu de son bien fondé pour deux raisons mises en avant par l'auteure :
Primo, à défaut du règlement amiable du dommage qui m'est causé, manifester ma colère est nécessaire, pour éviter un conflit frontal et haineux avec la partie adverse ou pour échapper à la tentation de renoncer à réclamer réparation,
Secundo ma colère va faire émerger le courage d'aller de l'avant et fortifier ma détermination avec une exigence d'aboutissement rapide.

J'ai été aussi particulièrement intéressé par la critique de la « cool attitude » dont on nous bassine par des suggestions visant à nous amollir , ainsi qu'à la mise en exergue par l'auteure du risque d'asservissement que l'on court «  en pardonnant à ceux qui nous ont offensé » que nous soyons endoctrinés ou manipulés pour y consentir.

Je recommande vivement de lire « le visage de nos colères » un ouvrage stimulant et agréable à parcourir.

A la réflexion, conséquence de mon intérêt pour ce sujet , et aussi pour épargner à l'essai d'être perçu comme un panégyrique de la colère, j'aurais souhaité qu'un chapitre de l'ouvrage propose un contre point de vue défavorable, dès lors qu'il s'agit « d'une colère sourde et aveugle » telle que celle qui précède :
des violences individuelles ( violences faites aux femmes par leurs conjoints, assassinat d'un contrôleur des impôts en novembre 2022 par un brocanteur , rixes entre automobilistes, tabassage d'un prof par un élève ou par son paternel, tabassage d'un vigile d'hypermarché par un client....)
des violences collectives (phénomènes de bande telles que celles de supporters de clubs de foot,de jeunes de quartiers rivaux, celle qui précède l'action terroriste …) : Quels sont les dénominateurs communs aux colères en amont de la violence. Quel est l'accélérateur du passage de la manifestation de la colère à celle de la brutalité.

Un chapitre n'y suffisant probablement pas je lirai avec un vif intérêt une suite au « visage de nos colères » qui s'intitulerait (sic) «  les oreilles et les yeux de nos colères » !
Commenter  J’apprécie          20
"Colérer est une chose, mais n'est-il pas plus raisonnable de pardonner, voire de se réconcilier ? La cinquième Constitution de la République française se trouve fondée sur la proposition d'une réconciliation nationale"

"Transformer sa colère, la métamorphoser en bonne énergie, la transmuter en un pardon ou en dialogue semble être un art de l'attitude sage ou positive"

"Colère et haine sont de natures différentes.
Pour Kant la colère est une émotion inutile. une excroissance malheureuse.
Pour d'autres philosophes la haine est une passion"

"Paradoxalement, alors que l'homme en colère paraît reprendre de sa puissance, la femme colérique s'enfonce dans la passivité et l'impuissance, voire dans la folie.
L'approche genrée de l'émotion se retrouve dès l'antiquité : certaines émotions sont ansi associées à la virilité - elle-même conçue comme maîtrise de soi - et d'autres à la féminité"

Hystérique "c'est généralement le mot pour insulter une colère féminine. L'hystérie est tout autant la possibilité d'un désir refoulé qu'une colère contenue.

"La tradition grecque comme Homère fait de la colère la source du courage et la dignité du guerrier"

"La colère saine, défendue par Aristote, est nommée de douceur. le colérique est un sensible : il sent le caractère déplacé d'une remarque, le mépris d'un regard, l'injustice d'une décision. Il est aussi doux qu'il s'énerve, il est aussi affecté qu'il est courroucé. La colère est une façon profondément sensible de repousser notre blessure. La vertu de douceur serait donc une vertu morale qui recouvre en réalité la capacité à s'irriter, voire à réagir contre l'offense"
Commenter  J’apprécie          00
Je ne lis pas beaucoup de livre de ce style mais celui là m'a bien plu
Il permet de voir la colère sous un autre oeil, il dénonce des choses que l'on peut entendre ou même lire très souvent vois TROP souvent. A travers les pages on apprend que La colère n'est pas toujours injustifiée même bien au contraire utile et expliquée.
Le livre se décompose en 3 parties ( Histoire d'un empêchement, Philosophie d'une émotion défendue, Politique de la colère). J'ai beaucoup aimé les 2 premières mais moins adhéré à la dernière ( trop politique à mon goût mais en même temps c'est dans son titre)
Après cette lecture, je vois les choses différemment, autant personnellement (avec mon entourage, mes enfants, mes amis mais aussi mes ennemis…) tout comme professionnellement.
Ce livre permet de sortir des sentiers battus et de voir les choses sous un nouvel angle
merci Babelio pour cette masse critique
Commenter  J’apprécie          10
Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique, merci à Babelio et aux éditions Flammarion.

Dans cet essai, l'autrice a fait le pari d'aborder un sujet qui fait partie de notre quotidien mais qui est malheureusement trop peu abordé : la colère. Ou plutôt nos colères, et en quoi elles sont nécessaires et légitimes.

Malgré la pertinence du sujet, l'écriture qui est très accessible et les exemples contemporains, je n'ai pas réussi à me plonger dans cette lecture. Peut-être parce que l'essai n'est pas mon genre de prédilection ? En tout cas, je m'y replongerai volontiers quand le moment sera venu.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (3)
LesInrocks
29 juin 2022
Navigation politico-philosophico-historique autour de la notion de “colère”, trop souvent perçue comme une tare.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LaTribuneDeGeneve
09 juin 2022
Elle n’est ni un péché, ni un vilain défaut pour la philosophe française qui signe un essai subversif et déculpabilisant, mais une émotion saine, juste et salvatrice.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
23 mars 2022
La jeune philosophe fait l’éloge d’un affect habituellement jugé négatif, de scruter sa richesse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Cet essai consacré à la colère n'est pas un ouvrage de développement personnel sur une émotion communément déconsidérée.
Pour autant l'approche du sujet reste pragmatique, d'abord en utilisant des références philosophiques et sociologiques appropriées à différentes manifestations connues de colères individuelles et collectives, ensuite pour les comprendre et au final en convenant des bénéfices qu'apporte une expression assumée de cette émotion.
Le propos m'a convaincu de son bien fondé pour deux raisons mises en avant par l'auteure :
Primo, à défaut du règlement amiable du dommage qui m'est causé, manifester ma colère est nécessaire, pour éviter un conflit frontal et haineux avec la partie adverse ou pour échapper à la tentation de renoncer à réclamer réparation,
Secundo ma colère va faire émerger le courage d'aller de l'avant et fortifier ma détermination avec une exigence d'aboutissement rapide.

J'ai été aussi particulièrement intéressé par la critique de la « cool attitude » dont on nous bassine par des suggestions visant à nous amollir , ainsi qu'à la mise en exergue par l'auteure du risque d'asservissement que l'on court «  en pardonnant à ceux qui nous ont offensé » que nous soyons endoctrinés ou manipulés spécialement pour y consentir.

Je recommande vivement de lire « le visage de nos colères » un ouvrage stimulant et agréable à parcourir.

A la réflexion, conséquence de mon intérêt pour ce sujet , et aussi pour épargner à l'essai d'être perçu comme un panégyrique de la colère, j'aurais souhaité qu'un chapitre de l'ouvrage propose un contre point de vue défavorable, dès lors qu'il s'agit « d'une colère sourde et aveugle » telle que celle qui va précèder :
des violences individuelles ( violences faites aux femmes par leurs conjoints, assassinat d'un contrôleur des impôts en novembre 2022 par un brocanteur , rixes entre automobilistes, tabassage d'un prof par un élève ou par son paternel, tabassage d'un vigile d'hypermarché par un client....)
des violences collectives (phénomènes de bande telles que celles de supporters de clubs de foot,de jeunes de quartiers rivaux, celle qui précède l'action terroriste …) : Quels sont les dénominateurs communs aux colères en amont de la violence. Quel est l'accélérateur du passage de la manifestation de la colère à celle de la brutalité.

Un chapitre n'y suffisant probablement pas je lirai avec un vif intérêt une suite au « visage de nos colères » qui s'intitulerait (sic) «  les oreilles et les yeux de nos colères » !
Commenter  J’apprécie          20
Lorsque l’on est en colère, que détruit‑on ? On détruit ce qui fait notre monde quotidien : un ensemble d’habitudes de pensée et de sentiments qui nous rassurent et nous effraient aussi, sans toujours le savoir. Car notre monde a beau nous brûler parfois, il demeure notre monde. Ce que l’on croit détenir rassure, même si la possession se fait lourde, nuisible, maudite. Selon son degré de profondeur et de lucidité, la colère met alors en cause quelque chose de ce monde : nos parents, une relation, un groupe, une organisation sociale, notre patrie. Par cette réaction rarement assumée et exprimée, nous détruisons nos illusions protectrices, nos aimables dénis, nos cadres habituels. Nous avons peur de notre colère. Le péril paraît important, mais il l’est encore plus lorsque nous fuyons : un corps de douleurs.
Pourquoi sommes-nous en colère et contre qui ? Pourquoi est‑il si difficile d’enrager ? Pourquoi m’arrive-t‑il de me demander, à chaque moment de colère, si j’ai raison de l’éprouver ?
Commenter  J’apprécie          50
La colère dérange tout autant que la folie, peut-être parce qu’elle semble en être l’euphémisme, l’antichambre, l’astre connexe. Mais par sa colère, une femme ou un homme se défend de quelque chose qui blesse sa dignité ou menace son territoire. Parfois, la colère vise plus grand que soi : le monde qui semble injuste, violent, épouvantable. Le colérique le sent par son corps ; il mobilise une intelligence sensible. Et ce recours est une force qui peut, à condition d’être assumée et comprise, le rendre encore plus sensible et intelligent.
Commenter  J’apprécie          90
L’hystérie désigne donc seulement une névrose et ses manifestations symptomatiques, exprimant un conflit psychique entre des forces antagonistes. L’hystérie est tout autant la possibilité d’un désir refoulé qu’une colère contenue. P arler d’hystérie au sujet d’une colère permet de dénoncer un excès inapproprié d’expressivité féminine, surtout quand la femme qui habite cette colère tente de conquérir un pouvoir dont elle n’est pas censée bénéficier.
Commenter  J’apprécie          61
L’histoire de la colère est aussi celle d’un affect défendu à certaines catégories d’individus – et outre les femmes, à certaines classes sociales.
Dans le grand dialogue intitulé La République, Socrate, initiateur de la philosophie occidentale, tente de proposer sa vision d’une cité idéale. À cette occasion, il expose une thèse de nature psychologique sur l’âme, composée de trois principes : la raison, le désir et la colère. Cette dernière est la traduction approximative du mot grec thumos, qui correspond tantôt à l’ardeur – qu’une éducation peut transformer en courage –, tantôt à la colère injustifiée. La raison est reine, et elle est censée calmer nos appétits de leurs éventuels excès.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Sophie Galabru (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Galabru
Dans le cadre des conférences ECHO organisées par Cap Sciences et la librairie Mollat, rencontre avec Sophie Galabru autour de son ouvrage "Faire famille : une philosophie des liens" aux éditions Allary. Entretien avec Pierre Coutelle.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2928392/sophie-galabru-faire-famille-une-philosophie-des-liens
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (132) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..