Cet essai consacré à la colère n'est pas un ouvrage de développement personnel sur une émotion communément déconsidérée.
Pour autant l'approche du sujet reste pragmatique, d'abord en utilisant des références philosophiques et sociologiques appropriées à différentes manifestations connues de colères individuelles et collectives, ensuite pour les comprendre et au final en convenant des bénéfices qu'apporte une expression assumée de cette émotion.
le propos m'a convaincu de son bien fondé pour deux raisons mises en avant par l'auteure :
Primo, à défaut du règlement amiable du dommage qui m'est causé, manifester ma colère est nécessaire, pour éviter un conflit frontal et haineux avec la partie adverse ou pour échapper à la tentation de renoncer à réclamer réparation,
Secundo ma colère va faire émerger le courage d'aller de l'avant et fortifier ma détermination avec une exigence d'aboutissement rapide.
J'ai été aussi particulièrement intéressé par la critique de la « cool attitude » dont on nous bassine par des suggestions visant à nous amollir , ainsi qu'à la mise en exergue par l'auteure du risque d'asservissement que l'on court « en pardonnant à ceux qui nous ont offensé » que nous soyons endoctrinés ou manipulés pour y consentir.
Je recommande vivement de lire «
le visage de nos colères » un ouvrage stimulant et agréable à parcourir.
A la réflexion, conséquence de mon intérêt pour ce sujet , et aussi pour épargner à l'essai d'être perçu comme un panégyrique de la colère, j'aurais souhaité qu'un chapitre de l'ouvrage propose un contre point de vue défavorable, dès lors qu'il s'agit « d'une colère sourde et aveugle » telle que celle qui précède :
des violences individuelles ( violences faites aux femmes par leurs conjoints, assassinat d'un contrôleur des impôts en novembre 2022 par un brocanteur , rixes entre automobilistes, tabassage d'un prof par un élève ou par son paternel, tabassage d'un vigile d'hypermarché par un client....)
des violences collectives (phénomènes de bande telles que celles de supporters de clubs de foot,de jeunes de quartiers rivaux, celle qui précède l'action terroriste …) : Quels sont les dénominateurs communs aux colères en amont de la violence. Quel est l'accélérateur du passage de la manifestation de la colère à celle de la brutalité.
Un chapitre n'y suffisant probablement pas je lirai avec un vif intérêt une suite au « visage de nos colères » qui s'intitulerait (sic) « les oreilles et les yeux de nos colères » !