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Critique de mesrives


Prendre la fuite, voilà à quoi en est réduit Mike Aras, lui l'ex hippie du New Jersey, l'ancien étudiant activiste devenu un authentique cow-boy sur les terres du Wyoming. Mike a beau se repasser le film, après des mois de conflit plus ou moins larvé, de retenu, l'accrochage devenait inévitable, un seul coup de lasso a suffi pour faire passer à trépas le nouveau boss de la région, le spéculateur foncier Merryweather Snipes, un homme avide et sans scrupules, arrivé dans la contrée au début des années 1990. Pour Mike épris de liberté et amoureux des grands espaces il est hors de question de renoncer à ses rêves par la faute d'un poltron, il a gagné son titre de cow-boy il y a presque une vingtaine d'années et il n'est pas près d'y renoncer. Sa dernière chance semer le pisteur commandité par le shérif et suivre son intuition en compagnie de sa fidèle monture.

Ecrit dans les années 90, Clôturer le ciel de James Galvin nous emmène sur les pas des derniers pionniers de l'ouest, ceux d'hier et d'aujourd'hui dans les environs de Laramie, un carrefour où l'Histoire et la tradition se heurtent à la modernité. Un univers agricole très masculin de ranchers et de cow- boys où les hommes affirment leur identité à grands coups d'adresse, de force, de courage au gré des tâches et activités saisonnières du ranch, du corral, des rodéos. Une communauté soudée par un mode de vie dont les secrets se dévoilent à travers la galerie de personnages qui gravitent autour de Mike, le brave cow-boy devenu hors la loi.

Un quotidien choisi qui une fois les contraintes acceptées se transforme en instants de bonheur, de rêve éveillé où hommes et animaux ne forment plus qu'un tout , vêlage, marquage des bouvillons, dressage des chevaux, dans un décor grandiose. Si il y a de la nostalgie dans ce récit, des rêves qui s'effritent et doivent être renouvelés, il y a aussi la force des sentiments, les liens qui unissent ces cow-boys et permettent la pérennité de certaines valeurs malgré l'assaut de nouveaux idéaux véhiculés par les marchands du temple et leurs enfants.

Attirée par le titre poétique et énigmatique, « Clôturer le ciel » s'avère être en fait un pied de nez au pragmatisme de cet univers. Alors oui j'ai apprécié cette lecture aux accents naturalistes voire écologiques, un texte composé de pauses lyriques et techniques s'inscrivant au fil des réflexions et souvenirs. J'ai aimé suivre Mike dans sa cavale du Wyoming au Colorado (Bull Mountain, Medecine Bow, Red Desert ...) m'immiscer dans l'intimité de cet homme meurtri, dénicher avec lui la présence d'un berger basque, écouter les coyotes dans la nuit ou observer les dégâts causés par les wapitis sur les innombrables clôtures garantissant la vie des troupeaux. Hélas balancer entre les aléas météorologiques, économiques et financiers, les cow-boys authentiques, ouvriers agricoles ou propriétaires terriens, n'ont plus le vent en poupe et le fossé qui les sépare des nouveaux venus bernés par Merryweather Snipes est incommensurable.

James Galvin, poète, professeur de littérature et romancier, auteur de Prairie, signe avec Clôturer le ciel, un récit empirique témoignant d'un dernier Far West loin des clichés hollywoodiens ou des dépliants touristiques.  Un monde qui se meurt mais dont la culture reste vivace.
Un auteur des grands espaces qui a sa place aux côtés de Edward Abbey, Rick Bass, Jim Harrisson et d'autres encore.
Une traversée dans le coeur des hommes et de la prairie.
Une lecture évasion

« Qu'est-ce que la vie ?
 La vie
c'est l'éclat de la luciole dans la nuit
le souffle du bison dans le creux de l'hiver
La vie
c'est la petite ombre qui court dans la prairie
et va se perdre dans le crépuscule »
Une citation de Crowfoot , chef Blackfoot d'Alberta , résumant l'âme du livre et les idéaux de James Galvin.
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