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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"Mon fiancé chinois" est le 1er roman graphique de Laure Garancher. Ayant appris à dessiner avec sa mère, professeur de dessin, et avec sa grand-mère, peintre, Laure a "jeté" dans ce roman un peu de son histoire personnelle, une histoire où la femme et les relations entre les femmes de tous âges et de toutes conditions tiennent une place privilégiée. Spécialisée dans les politiques de santé, Laure a passé 3 ans au Vietnam où elle a travaillé pour l'OMS : les montagnes du nord du pays, les rizières (en page de couverture) et la population hmong l'ont ici indiscutablement inspiré.

"Mon fiancé chinois" est publié chez Steinkis, une maison qui publie des livres réputés accessibles et stimulants autour du thème de la relation à l'Autre. "Mon fiancé chinois" décline donc le thème des relations entre la Chine et le Vietnam vues du côté des peuples, des cultures et des civilisations. Dans cet ouvrage, le lecteur trouvera évoqué avec pudeur, sans ostentation mais avec quelques clins d'oeil, les questions d'identité, d'appartenance, de rôle et de place laissée à la minorité hmong : cette évocation fourmille de détails, qu'ils soient religieux (le chamanisme et l'animisme en page 58), ethniques (la place du Vietnam par rappport au "grand-frère" chinois), sexuels (la sexualité étant cantonnée au rôle de reproductrice de la mère), politiques, scolaires ou autres (voir infra).

Sous un format réduit (par rapport aux BD habituelles), l'ouvrage nous propose 4 portraits, quatre histoires de famille, entre tradition et modernité, de la Chine au Vietnam : en couverture (de couleur rouge, la couleur du bonheur chez les Chinois), vous avez Pad, jeune femme hmong de 17 ans, réservée, disciplinée, en sandales de bois et costume traditionel, regard dirigé vers le bas, soumise, n'ayant pour tous biens qu'une mallette en cuir raccomodée ; comparez-la avec Tao, en quatrième de couverture, jeune chinois de 20 ans, en baskets délassées, au regard vif et pétillant, mains dans les poches ! "Mon fiancé chinois" est construit sur l'histoire de Pad: "Cela fait presque 50 ans que j'ai quitté le Vietnam pour la Chine ... que j'appartiens à une famille chinoise et que j'ai fait miennes son histoire et ses traditions. Ce soir, on marie Kim, ma seule petite fille, la fille unique de mon fils, Jin". L'ouvrage est construit en 5 chapitres: le 1er retrace l'enfance de Lan, la grand-mère de Pad, le 2nd retrace l'enfance de Huong, la mère de Pad, le 3ème retrace l'enfance de Tao, le mari de Pad, le 4ème retrace l'enfance de Pad, et le 5ème retrace la relation entre Tao et Pad, se concluant par la naissance de Jin, puis le mariage de Kim, seulement mentionné. Un arbre généalogique, situé en fin d'ouvrage, nous permet d'identifier les personnages de l'histoire.

"Mon fiancé chinois" montre, plus qu'il ne dénonce, des sujets qui sont au coeur de l'actualité et des préoccupations des peuples concernés : l'obligation de s'en remettre à l'entremetteuse (page 10), ici vieille et édentée, comme à l'astrologue (page 13) qui préside traditionnellement au rapprochement entre futurs mariés ; l'obligation (page 14) de faire des cadeaux symboliques à l'occasion du mariage ; le grand-marché (page 34) qui est le lieu de rencontre entre les jeunes ; l'omniprésence des interdits (on ne peut pas épouser un homme du même clan que le sien) ; la place réduite laissée aux minorités (les langues hmong et vietnamienne diffèrent autant que le breton et le français) ; le rôle ambigü de la scolarité (qui enrichit les individus sur le plan du savoir et de la connaissance mais qui « ne fait pas pousser le riz ») ; un penchant récurrent pour la boisson et l'ivresse qui touche, sous couvert de trinquer au bonheur, à la prospérité, à la carrière, au beau temps … les jeunes comme les moins jeunes (pages 37 et 43) ; le ridicule avec lequel sont singés les comportements occidentaux (voyez en page 42 le pyjama dont on habille le jeune Tao) ; les enfants scolarisés qui caricaturent les profs mais qui tremblent en rapportant un mauvais bulletin scolaire à la maison, quand bien même ils auraient des cours de soutien (page 45) ; les adolescents qui ici aussi obtiennent un baladeur à 14 ans et un ordinateur portable à 16 ans (page 49). L'histoire contemporaine de la Chine et du Vietnam est assez peu évoquée : Mao Dze Dong et Deng Xiao Ping sont à peine mentionnés (page 19) ; il n'y a qu'une seule page sur les slogans à la gloire de l'enfant unique et à la victoire du prolétariat ; c'est du bout des lèvres qu'on apprend (page 51) qu'on peut là-bas réussir ses examens en versant des pots de vins aux professeurs ; la course à l'effort personnel et à la médaille est à peine évoquée (voyez en page 51, quand Tao est nommé Manager Adjoint pour avoir réussi à apporter une caisse enregistreuse dans son restaurant) ; mais (page 63), l'arrivée de la TV au village constitue bien un événement extraordinaire, tout comme (page 64), la venue des premiers occidentaux dans les villages reculés ; la vente des jeunes filles (page 74) par leurs propres familles, la confection d'albums de photos de mariage vécu comme un événement romantique (page 79), l'exploitation de la femme au travail qui trime de 7h00 à 22h00 sans recevoir le moindre argent (page 83), l'idéalisation de l'actrice TV ou cinéma au sein de la jeunesse (page 83), le jeu de Mahjong comme occupation préférée de l'homme Chinois, la place de choix encore laissée actuellement aux belles-mères, voici autant de touches que Laure Garancher apporte à son tableau impressionniste ; enfin, le lecteur est invité (page 51) à ne pas trop faire la morale à un pays, la Chine, qui produit la moitié de ce que le Monde consomme : une sorte de leçon de morale ?

Laure Garancher stimule notre réflexion et ouvre notre esprit, n'hésitant pas à nous faire quelques clins d'oeil : ainsi, Tao (page 42) n'aime pas trop le riz (et pourtant il est chinois), préférant la pop musique (page 48), les jeux vidéo et la bière qu'il boit avec ses potes (page 51) ; ainsi Pad, va arrêter les cours pour ne pas fâcher l'esprit de son grand-père (page 61) et parce que lire et écrire « ça ne va pas faire pousser le riz plus vite » ; ainsi, dans tout bon repas vienamien (page 66), il y a un grand nombre de plats que chacun est invité à déguster avec tous les convives.

Certes, les visages sont stylisés, les textes succincts et il n'est point question ici d'analyse psychologique fine. Mais la mise en page, la taille des dessins, les couleurs choisies et les thèmes mis en évidence dans cet ouvrage sont le fruit d'un travail indiscutable. Sans concession, truffé de détails croustillants et d' « inventions » (en page 63, les épisodes TV sont dessinés au format écran TV ; en page 65, il y a des dessins dans des dessins ; en page 76, les dessins présentant Pad et Tao en train de préparer leur rencontre sont présentés en miroir), l'ouvrage de Laure Garancher n'est pas réservé aux enfants des CM2 et 6èmes. "Mon fiancé chinois" se laisse agréablement lire et nous porte à méditer, car, au final, peut-on (page 86) échapper à ses traditions ? Probablement, et Laure Garancher en veut pour preuve le parcours personnel de Kim (page 88) qui va se choisir son mari et son employeur, rompant ainsi avec des traditions ancestrales. D'ailleurs, l'arbre généalogique situé en fin d'ouvrage ne nous montre pas Kim car elle a échappé à la tradition !
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Pad, vietnamienne de l'ethnie hmong mariée à un chinois, revient sur son passé et celui de son mari à l'occasion du mariage de sa petite-fille.
C'est l'occasion pour l'auteure qui a vécu 3 ans au Vietnam de présenter et comparer les cultures chinoise et vietnamienne. Elle montre l'impact des
traditions sur la vie des femmes et les conséquences catastrophiques de la politique de l'enfant unique en Chine qui ont contraint un certain nombre de jeunes hommes à chercher une épouse à l'étranger du fait que les avortements de foetus féminins ont déséquilibré le ratio hommes-femmes.
A découvrir, surtout pour la qualité des illustrations.
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