Derniers adieux

Tu prends tout ce à quoi tu pourras t'accrocher pour faire ton deuil.

-Débrouillez-vous pour qu'il parte, ajouta-t-elle en regardant Kimberley.
-J'ai déjà essayé. Il est plutôt du genre Velcro. Vous feriez mieux de vous habituer à lui.

Une présence dans la nuit. Affamée. À l'affût. Haineuse.

- [...] Oh, qu'est-ce que je donnerais pour avoir une vraie cellule d'investigation à ma disposition.
- Tu veux dire: avec d'autres agents que notre tandem surmené dont une moitié pourrait bien être obligée d'abandonner l'enquête pour donner la vie?
- Ca complique les choses.
- C'est toute l'histoire de ma vie, constata Kimberly. Compliquée."
Elle soupira, regarda dehors à travers le pare-brise de la camionnette. Elle ne voulait pas penser à sa vie privée. A la détente précaire qui marquait ses rapports quotidiens avec Mac. Au fait qu'ils avaient une semaine pour décider du reste de leur vie, que quatre jours étaient passés et que, une fois de plus, elle travaillait tard.
Mac ne lui posait plus de questions. Ne s'immisçait pas. Il se contentait d'attendre et elle trouvait son silence plus destabilisant que ses grands discours.
Il fallait qu'il accepte ce poste de cadre à Savannah. Ne pas le faire serait stupide. Il avait raison: leur vie était en train de changer. Autant se focaliser sur la carrière de Mac parce que, quoi qu'il arrive, la sienne allait passer au point mort. Oh, puis merde. Elle allait rester à la maison. S'occuper du bébé. Regarder des talk-shows. Lire des guides de développement personnel.
Sauf que ça ne lui ressemblait pas. Elle était égoïste, handicapée des sentiments et obsédée du travail. Et, à sa façon, heureuse.

Henrietta n'allait pas bien. Elle était sur le dos depuis près de trois jours, mais ne montrait aucun signe de progrès. Il prenait soin de ne pas la toucher, conscient que, dans un moment pareil, tout examen, même conduit avec la plus grande délicatesse, pouvait mener à la catastrophe.
Le grand âge d'Henrietta, près de quinze ans, aggravait naturellement la situation.

Était-ce à cela que ressemblait le chagrin ? Une sensation dure et oppressante dans la poitrine, le souffle court, un désir irrépressible de hurler ? Il pressa ses mains sur ses yeux. Cela ne lui procura aucun soulagement.

Chaque acte de cruauté est contrebalancé par un acte de courage. Ça aussi, c'est la nature humaine.

Les frères et soeurs se disputent, bonhomme, mais ça ne les empêche pas de s'aimer.

Ne regardez pas avec vos yeux, leur disait tout bas leur père de sa voix grave. Regardez avec votre intelligence, cherchez avec votre coeur.

L’agent spécial coordinatrice Childs était partie pour devenir une célèbre architecte à Chicago lorsqu’elle avait finalement décidé d’entrer au FBI. Elle s’était retrouvée assistante d’un des plus grands sorciers de Chicago en matière de recherche d’indices et le sort en avait été jeté : Rachel avait trouvé sa vocation. Son attention aux détails, son aptitude à dessiner des croquis à l’échelle et son obsession de la paperasse s’étaient révélées bien plus précieuses pour la collecte d’indices que pour l’embellissement du paysage urbain de Chicago.
Tout cela remontait à quinze ans et elle avait définitivement tourné la page. Du haut de son mètre cinquante pour cinquante-deux kilos, c’était une petite tornade passionnée à la Nancy Drew. Qui était à deux doigts de commettre son premier meurtre.