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Citations sur Un monde sans rivage (50)

À bien y regarder, quelque chose se devine, déjà, sur les photographies de l’expédition. Si elles recèlent un tel pouvoir d’urgence et de mélancolie, c’est qu’on n’y voit pas seulement Strindberg, Frænkel et Andrée en train de s’évanouir mais qu’on devine aussi, dans leur gélatine détruite, l’effritement du lieu où ils marchent, ce lieu lointain qu’on croyait intouchable et dont les métamorphoses fragilisent, par capillarité, tous nos lieux connus, nos images amassées.
Chaque bloc de glace qui chute préfigure l’effritement de la montagne, chaque goutte tombée dans la mer lisse, le recul des eaux et les feux des forêts. Ce que l’on a pris pour un lieu loin de tout et surtout de nous-mêmes est devenu une manière d’oracle, un miroir, raccrochant leur errance, ce temps lointain qui leur appartient et les porte, à ce qui vient après elle, ce lent ruban à l’extrémité duquel nous nous tenons.
(...) nous ne connaissons plus la soif de découvrir mais la terreur de perdre qui pourtant nous pousse au même geste, à la même urgence, regarder, capturer, inventorier, appuyer une nouvelle fois sur le déclencheur, sans savoir davantage ce que diront ces images dans l’avenir, ce qu’on y lira de l’époque où elles ont été prises (...).
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Ils réchauffent du chocolat chaud, dans lequel ils trempent des petits gâteaux avec du beurre et de la confiture d'airelles.
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Ce n'était pas contre les ours qu'il fallait le garder, ni contre les becs acérés des oiseaux des tempêtes. C'était contre lui-même, chef impatient et inquiet qui, protégé par la nuit, profitant du sommeil de celui qu'on avait désigné pour monter la garde, remplissait en secret le ballon d'hydrogène pour compenser les fuites, pour que les autres le retrouvent au matin intact, fier et bombé comme sa poitrine, et une fois le ballon regonflé, l'illusion réparée, retournait veiller sur le sommeil confiant de ses compagnons.
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La température la plus basse serait, théoriquement, le zéro absolu, mais il est impossible de l'atteindre. Le froid absolu n'existe pas. Il n'a pas de limite, pas de frontière, ils l'éprouvent tous les jours.
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Cela ne s’arrêtera jamais, on dirait. Dans dix ans, cent ans peut-être, quelqu’un d’autre trouvera d’autres vestiges, les interrogera avec la même patience, rattrapera par le col d’autres aventuriers prêts à se jeter à pieds joints dans des gouffres pourvu qu’il y ait quelqu’un au bord pour les regarder tomber.
Rien n’a changé depuis leur disparition : il faut percer les mystères, inventer des vies, chercher au fond des mers les boîtes noires englouties, et il faut être nombreux pour le faire, une autre chaîne, qui ne s’élève pas vers le ciel mais creuse dans les profondeurs, une chaîne souterraine faite de scientifiques, d’internautes, d’écrivains, de curieux qui trouvent dans l’enquête un moyen détourné de fouiller en eux-mêmes, de gratter là où ils ne savaient pas qu’il y avait eu une plaie.
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On saisit un instant parmi d'autres, sans savoir tout de suite ce qu'il a d'unique, de signifiant, cela, on ne le comprendra que dans un second temps, comme l'image se révèle dans les bains chimiques bien après le moment de la prise de vue, comme s'y éclaire trop tard l'expression de certains visages.
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L'oeil est une plaque photographique qui se développe dans la mémoire.
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Vue d’ici, du sommet du monde, sa vie ressemble à une autre photographie, lisse, plane, à la composition parfaite, dont il identifie chaque élément saillant, chaque moment précieux qu’il n’avait su, sur le moment, discerner, comme les circonstances qui l’ont mené là sans qu’il remarque leur enchaînement.
(...)
On saisit un instant parmi d’autres, sans savoir tout de suite ce qu’il a d’unique, de signifiant, cela, on ne le comprendra que dans un second temps, comme l’image se révèle dans les bains chimiques bien après le moment de la prise de vue, comme s’y éclaire trop tard l’expression de certains visages.
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Mais s'il n'y a plus de chaleur, que devient le froid ? Peut-on encore l'identifier ? Ici, le froid, comme le temps, n'a plus de bords. Peu de gens ont une idée de ce froid-là. C'est un secret qu'ils gardent, qu'on ne peut leur enlever.
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On est déjà parti quand le désir du départ recouvre tout le reste
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