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Citations sur Un monde sans rivage (50)

Si l'on omet ces scories, si l'on tente de les soulever comme un voile, il reste, noir sur blanc, près de la masse du ballon, deux silhouettes, comme tenues dans le vide par une main invisible.

On ne sait où est le sol, où est le ciel, que parce que leurs pieds sont posés quelque part. Sans elles, on pourrait aussi bien croire à une falaise de glace qu'à un morceau de sucre tenu entre deux doigts.
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Ils sont debout devant une forme sombre : un immense ballon tombé, immobile comme un animal échoué. On sent, dans le tissu tendu, le souffle d'un vent, comme si une bouche immense le gonflait encore.
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... nous ne connaissons plus la soif de découvrir mais la terreur de perdre qui pourtant nous pousse au même geste, à la même urgence, regarder, capturer, inventorier, appuyer une nouvelle fois sur le déclencheur...
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Il y a des histoires qui réveillent quelque chose dont on ignorait jusqu'à la présence. Un appétit, un désir, un manque, un processus qu'on ne peut arrêter, sans qu'on comprenne toujours à quoi elles font écho. Peut-être sont-elles plus neuves qu'elles n'en n'ont l'air, tout à fait déconnectées de nos vies, mais fermement liées à d'autres, que nous n'avons pas vécues mais dont nous nourrissons la crainte ou le regret.
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On a beau tenter de prévoir les moindres détails, on a beau craindre le pire, arrive toujours un moment comme celui-là, si bref soit-il, où les choses s'accomplissent, où l'on est pile en leur cœur, où le vent souffle, où le froid mord, où l'on ne souhaite rien d'autre que se laisser porter.
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C'est le jour du départ.
Le dernier jour sur terre.
Celui dont ils pourront épuiser chaque minute, rejouer chaque instant, revoir sans cesse chaque image. Le gris de plomb du ciel et les visages de ceux qui se massent pour les voir. Les regards qui un instant s'accrochent aux leurs. Les mouchoirs. Et la panique qui lève le cœur.
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L'image n'est pas encore tout à fait une image, juste un fragment, englué parmi d'autres, d'une pellicule qui a passé des années sous la neige, dans l'un des territoires les plus reculés du monde. Elle est si imprégnée d'eau que sa substance sensible reste sur le doigt qui l'effleure. Elle a subi des altérations multiples. Sa date de péremption est dépassée depuis longtemps. IL y a, c'est sûr, très peu d'espoir de lire encore, dans ce qui reste, quelque chose d'une histoire.
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Il faut parfois des années, des enfants nés et grandis, des générations entières pour ouvrir en deux un regard, pour qu'en sorte toute une vie d'attente et de désir accumulés, pour qu'un gosse bravache, enfermés dans le deuil de son frère comme dans le cadre étroit des photos de famille, finisse par engendrer l'un de ceux qui sauront el élargir la focale, en perturber la pose, transformer pour de bon la mise en scène en fiction.
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Nous sommes encore dans les années 1930. Plus pour longtemps. Les photographies tirent en arrière, dans l’épaisseur des gris et des noirs, à travers ces années qui séparent leur découverte des instants où elles ont été prises, ces années qui ont vu, lentement, le siècle à peine entamé vaciller sur ses fondations et, déjà, basculer.
On rembobine la bande, on creuse dans ces trente-trois années, on quitte ce monde qui a vu revenir, à Tromsø, les restes d’Andrée, de Frænkel, de Strindberg, ce monde si différent ce celui qu’ils ont connu et tellement identique pourtant, lancé dans une même fuite en avant, toujours troué de vides, d’attentes, de vies silencieuses qui ne sont inscrites nulle part, d’aveuglement à ce qui vient.
Les images sont des paliers pour plonger en apnée, s’enfoncer, reprendre de l’air, s’arrimer aux détails, au minimum visible, et en passant de l’une à l’autre, jeter un regard aux gouffres qui les séparent, dont on ne perçoit qu’une rumeur, à peine un frémissement.
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Un accroc, un gouffre, une anomalie : c’est ce que vendent les premières agences de voyages qui viennent d’ajouter l’Arctique à leurs catalogues. Un voyage vers l’oubli. Ici, vous serez loin des préoccupations quotidiennes. Le blanc est un bandeau qu’on vous pose sur les yeux. Un large paysage qui ressemble à l’attente, au sommeil, une terre vierge qui saura prendre la forme de ceux qui la fouleront les premiers, nommeront ses embouchures, ses golfes, ses montagnes. Une glaise à pétrir, dont extraire les richesses puisqu’en-dessous du blanc, il y a du noir, en dessous de la neige, du charbon.
Quel paysage laisserait voir l’Arctique si on le dépouillait de la neige ?
En août 1930, personne, encore, ne le sait.
Pourtant, la montagne a déjà été percée, harnachée de colonnes de bois, des câbles pendent contre la roche, le noir affleure sous l’herbe rare, mais il suffit de s’éloigner des mines, de leur vie souterraine, pour trouver un territoire vaste, vierge, survivant à ceux qui l’ont arpenté, un lieu dont on pouvait mourir et dont la seule existence suffisait à prolonger le monde, par l’ignorance qu’on en avait.
Pour s’y rendre, il faut laisser défiler les routes rabotées comme pierre ponce, frottées au blanc, au noir, il faut traverser la mer, suivre les chemins qui peu à peu se défont de tout ce que l’on connaît, maisons, passants, bêtes familières et jusqu’aux arbres, aux plantes, à la plus petite herbe, peu à peu dilués dans l’espace.
Il faut arracher, renoncer, dépouiller.
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