En regardant les photographies d'Edward Lee, j'ai été frappé par le côté funèbre de leur mise en scène : il n'y a pas un être vivant, pas un oiseau dans le ciel ; même les portraits sont figés, mortifères. Je me suis dit que ce qu'il a photographié, ce n'est pas tant l'Amérique, mais quelque chose de complètement personnel : ce sont des autoportraits.
(...)
J'ai pris appui sur cent de ces photos. A chacune, dont j'empruntais le titre, j'ai substitué trois énoncés fragmentaires, amputés de leur début comme de leur fin.
(...)
Ce qui me séduisait, avec le risque de l'illisibilité et du non-sens, c'était de déplacer le rapport habituel que l'on a du sens et de sa transmission par des phrases : le fait de proposer un texte sans que le référent soit donné me paraissait intéressant. Cela crée un hors champ qui reste mystérieux. Le plus souvent, j'ignorais moi-même l'antécédent de mes phrases.
(...)
S'il y a pour moi une prise de risque, c'est justement dans la recherche de la maîtrise formelle. Une fois qu'elle est définie, je m'y tiens. Mais la maîtrise du sens, quelle horreur ! Je lâche toujours un texte avec un grand point d'interrogation.
Gérard Gavarry le cinéma de Léaud - éditions P.O.L - où Gérard Gavarry tente de dire de quoi et comment est composé son livre "le cinéma de Léaud" et où il est notamment question de Jean-Pierre Léaud et de ses films, de souvenirs de colonie de vacances en 1958 à Pontigny sur Yonne et de cinéma, de textes descriptifs et d'autre d'analyses de films, des 400 coups de François Truffaut jusqu'à "La mort de Louis XIV", d'Albert Serra, à Paris le 17 avril, à l'occasion de la parution de "le cinéma de Léaud" aux éditions P.O.L