Manon gît sur le sol, aussi pâle qu’un linceul, les mains crispées sur sa poitrine. Un homme la surplombe de toute sa taille, le poing levé pour frapper. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Je ne prends pas le temps de réfléchir, de me demander pourquoi je ne les ai pas aperçus avant. Je n’ai pas beaucoup de principes et j’ai parfois franchi la limite de la légalité. J’ai écrasé des nez, cogné des têtes et brisé des genoux. Mais une règle me reste, gravée au fer rouge par les années de machisme de mon père : on ne frappe pas une femme, fût-ce avec une rose.
― C’est pas… possible, ahana Alexandre. Tu es quoi… un… monstre ?
D’accord, je n’étais pas discrète à filer comme le vent sans montrer de fatigue. Mais je n’avais pas le temps de jouer la comédie. Oui, j’étais un monstre. Bien sûr que j’étais un monstre. À cause de mes pouvoirs, je ne serais jamais une fille normale, une femme normale. Je pouvais créer des flammes, de l’eau, fissurer les rochers, réveiller les tempêtes et manipuler les esprits. Enfin, en théorie, quand je ne me trompais pas.
Si j'avais possédé des pouvoirs, je serais au moins devenu, je ne sais pas, roi du monde ou un truc comme ça.
Lucas !
Mon frère leva la tête à l'appel de son nom ;ses yeux s'ecarquillairent devant la colonne de feu..[p.48]
Ils méditent un instant sur une époque où les châtiments corporels étaient autorisés. Je suis bien placé pour savoir que ça ne marche pas. La dernière fois que mon père s'est énervé, il m'a déchaussé une dent. Ça ne m'a pas aidé a filer doux.
Chaque Couleur a un domaine d'application. L'Orange représente le feu. Le Jaune la terre. Le Vert les plantes, le Bleu l'air, l'Indigo l'eau. Le Rouge contrôle le corps et le sang, tandis que le Violet contrôle l'esprit.
Je sais qu'elle est différente et ses yeux verts me font penser à un autre monde. Elle m'attire même si elle va me causer des problèmes...
Un sorcier qui n'utilise pas la magie n'est qu'un être humain ordinaire.
Il y a quelque chose au fond de ces pupilles, une lumière, une étincelle que je ne reconnais pas, une porte vers un autre monde.
Je n'étais qu'un fétu de paille balayé par un vent invisible, et seule ma volonté m'empêchait de plonger dans le néant.