(Le Condamné à Mort)
Je demande à la mort la paix, les longs sommeils,
Le chant des seraphins, leurs parfums, leurs guirlandes,
Les angelots de laine en chaudes houppelandes,
Et j'espère des nuits sans lunes ni soleils
Sur d'immobiles landes.
Un chant d'amour
Si mon cœur retenu dans l'or d'un faux chignon
Chavire ancré vivant sans pouvoir se vomir
Dans une mer de bile à ton sexe attelée
Je parcours immobile en d'immenses foulées
Ce monde sans bonté où tu me vois dormir.
La galère
Grappes d'empoisonneurs suspendus aux cordages
Se bitent les bagnards en mélangeant leurs âges.
De la Grande Fatigue un enfant endormi
Revenait nu taché par le sperme vomi.
Est-il pays si frais que celui de nos rires
Neige sur les écueils votre langue léchant
Le sel d'algues d'azur sur le ventre et le chant
Vibrant dans votre corps tourné comme une lyre ?
Voler, voler ton ciel éclaboussé de sang
Et faire un seul chef-d'oeuvre avec les morts cueillis
Ça et là dans les près, les haies, morts éblouies
De préparer sa mort, son ciel adolescent.
Autour de ton bouquet chargé de douleurs
Tu casses avec douceur des étoiles la tige
Sur ton visage en pleurs.
Ta bouche est d'une morte où tes yeux sont des roses
Et ton nez d'un archange est peut-être le bec.