La lecture de son roman précédent "
Un bonheur sans pitié", paru en 2019, m'avait bien secouée et j'ai eu envie de savoir si
Eric Genetet allait à nouveau m'asséner une belle claque littéraire. Pas vraiment cette fois, même si "
On pourrait croire que ce sont des larmes" est un texte plein d'émotion et de sensibilité.
Julien, 45 ans, photographe à Paris, se précipite à Argelès-Sur-Mer , où il passait ses vacances d'été avec ses parents, jusqu'à l'âge de 12 ans et où il n'a plus remis les pieds depuis une nuit de juillet 1986, quand son père a disparu sans aucune explication. Sa mère, Louise, 78 ans, s'y est installée, contre toute attente, l'année précédente. Un voisin inquiet avertit Julien qu'elle a disparu. En fait, elle voulait qu'il vienne car elle a des choses à lui dire, à dire à ce fils qui s'est senti rejeté, depuis le départ de son père, par sa mère qu'il juge égoïste, fantasque. Julien va-t-il pouvoir mettre de côté la rancoeur, la rage, la douleur, le ressentiments, accumulés pendant 32 ans pour écouter ce que sa mère a à lui dire, vont-ils enfin établir un vrai lien mère-fils?
Ce voyage de Paris vers Argelès-Sur-Mer, c'est un retour douloureux vers le bonheur disparu avec son père, vers son enfance, vers le petit garçon qu'il était vers sa mère. C'est le mince espoir d'obtenir des réponses aux questions qui l'ont empoisonné depuis son adolescence. Un passé avec lequel on n'a pas fait la paix, nous hante et nous empêche de vivre notre vie pleinement.
Les personnages mais aussi les relations humaines sont finement décortiqués par
Eric Genetet. Regret des amours perdues, mélancolie du bonheur envolé, sont magnifiquement transcrits. Mais je me suis sentie un peu frustrée car le roman n'apporte pas de réponses ou des réponses incomplètes aux interrogations de Julien et donc aux nôtres. Louise n'a pas pu tout dire et ce qu'elle révèle sur sa propre enfance jette plus d'ombre que de lumière; elle a écrit un roman, destiné à son fils qui le lira peut-être dont seules quelques bribes nous sont livrées, qui en appellent d'autres qui ne viennent pas.