J’emmagasine les souvenirs qui me restent – ceux qui ne se sont pas perdus en route – et les fais tourner entre mes mains, les examine. Le caquètement sonore de ton rire. L’odeur miel-lavande de tes cheveux. Ton habitude de chantonner pendant les longs trajets en voiture. Ton penchant pour les jupes en lin. Je fais encore l’expérience de cette montée de chagrin abyssal.
C'était un après-midi ensoleillé, sans un nuage, le ciel d'un bleu presque douloureux. L'océan était si plat que sous certains angles la profondeur de champ disparaissait. On aurait cru que l'eau avait été suspendue sur un fil à linge comme une couverture, un pan de tissu vertical. p. 50
Les îles sont disposées par taille, comme les invités sur une photo de mariage.
La nature et l'isolement sont les deux mamelles de mon existence.
Une photo est une représentation en deux dimensions, comme un tableau ou une esquisse, organisée avec attention, cadrée, découpée. C'est le monde tel que se le représente l'artiste plutôt que tel qu'il est.
Les secrets prolifèrent et ne sont jamais révélés au grand jour.
Les jours raccourcissent. Les constellations se sont déplacées, les signes de l'automne passent sous l'horizon, les étoiles hivernales brillent avec plus d'empressement.
Une lune gonflée pendait au-dessus de l'horizon.
La lumière était étrange, un patchwork d'ombres éparpillées sur les vagues.
L'océan est couvert de volutes de brume comme des braises fumantes.