Citations sur Mal d'enfant (14)
Dieu n'existais pas. Personne n'écoutait les prières, ne redressait les torts, n'atténuait les souffrances d'une manière ou d'une autre. Il n'y avait que la vie - un processus brouillon - et l'attente des fugaces instants de bonheur qui la rendaient tolérable. En dehors de ça, il n'y avait rien, que la lutte pour empêcher ces fugaces instants de vous être dérobés.
Le plus difficile dans le métier de policier, c’était de ne pas manifester ses sentiments. L’investigation policière obligeait l’enquêteur à se concentrer sur la victime et le crime perpétré sur sa personne. Si le sergent Barbara Havers avait parfaitement maîtrisé l’art de porter des oeillères et de rester neutre pendant une enquête, Lynley, lui, souffrait mille morts tout en recueillant les indices et se familiarisant avec les faits et les différents protagonistes, lesquels n’étaient jamais ni tout noirs ni tout blancs. Car on n’évoluait pas dans un monde en noir et blanc mais dans un univers en demi-teintes. (p. 268)
les associations d'idées, c'est traître. On croit avoir réussi à se blinder. Mais en fait on n'est à l'abri de rien. Une phrase anodine peut faire remonter à la surface des émotions qu'on croyait refoulées.
Tu ne le sais pas encore, ma chérie, parce que tu n'as pas vécu le moment où tes muscles se contractent et où le besoin d'expulser et de crier provoque l'apparition de ce petit paquet de chair qui braille, respire, se love contre ton ventre, sa nudité contre la tienne, totalement dépendant de toi, aveugle encore, ses mains se fermant par reflexe. Et une fois que tu tiens ses doigts entre les tiens... Non, même pas... une fois que tu as regardé cette vie que tu as créée, tu sais que tu es prête à faire et endurer n'importe quoi pour la protéger. Dans son intérêt, bien sûr, mais dans le tien également.
Je m'occupais des mères et des nouveaux-nés : j'allais les voir chez eux
plus ça allait, plus j'avais le sentiment que notre culture élevant l'enfantement au rang de mythe en avait fait le point d'orgue de la vie d'une femme, et que celle-ci voyait se réaliser à cette occasion ses aspirations les plus hautes. Un tissu d'âneries, propagées par les hommes. La plupart des femmes que je voyais étaient atrocement malheureuses; et les autres incapables, par ignorance, de se rendre compte de l'étendue de leur malheur.
Lynley se replongea dans l'examen des gravures. Etudiant Alice Nutter, murée dans un silence obstiné, le teint de plus en plus cireux. Femme de secrets, elle les avait tous emportés dans la tombe. Qu'est-ce qui l'avait poussée à tenir ainsi sa langue ? L'orgueil ? La colère d'avoir été piégée par un magistrat avec lequel elle s'était disputée ? Personne ne le savait. Mais dans un village isolé, il était normal qu'il y eût une aura de mystère autour d'une femme qui avait des secrets et refusait de les partager. Et on faisait toujours payer à ce type de femmes ce qu'elles ne voulaient pas divulguer.
Bon nombre de gens deviennent parents sans réfléchir un instant à ce quoi ils s'engagent. Mais aider un nouveau-né à arriver à l'âge adulte, c'est une lourde tâche à laquelle il faut être préparé. Il faut être prêt à vivre le processus dans son entier, et pas seulement l'accouchement, sous prétexte qui si on n'a pas mis un enfant au monde on a un sentiment d'incomplétude.
Josie plissa le front, s’efforçant désespérément d’assimiler. Elle qui se vantait d’être un puits de science en matière de sexualité féminine – grâce à un exemplaire orné de Femelles déchaînées au foyer, qu’elle avait piqué dans la poubelle où sa mère l’avait enfoui après avoir, sur les instances bougonnes de son époux, passé deux longs mois à tenter de devenir « une grande vicieuse » ou quelque chose d’approchant – était visiblement dépassée.
(…)
Pam ricana languissamment.
-Mais non. C’est digne d’une femelle déchaînée, ni plus ni moins. On parle pas de ça dans ton bouquin, Jo ? Peut-être qu’on se contente de conseiller aux femmes de se tremper le bout des tétons dans de la crème fraîche puis de les serir avec des fraises à leur mec à l’heure du thé ? « Comment étonner son mari 365 jours par an. » (p. 84)
Mon enfant. Ma fille. Je suis loin de connaître toutes les réponses, Margaret. Le plus souvent, j'ai l'impression d'être une enfant, en plus âgée, mais une enfant, moi aussi. J'ai peur mais je ne peux pas te montrer ma peur. Je connais le désespoir mais je ne peux pas partager mon chagrin. Tu me crois forte - maîtresse de ma vie et de ma destinée - mais j'ai l'impression que je vais être démasquée à tout moment et que le monde me verra - et toi aussi - telle que je suis, faible et tiraillée par le doute. Tu veux que je sois compréhensive. Tu veux que je te dise comment les choses vont se passer. Tu veux que je te réconforte et que d'un coup de baguette magique je fasse disparaître injustice et tourments. Mais je ne peux pas. Je ne saurais même pas comment m'y prendre.
Etre mère , Maggie, s'occuper d'un enfant, ça ne s'apprend pas. On le fait. Et ça ne vient pas naturellement: il n'est pas naturel qu'une vie dépende complètement de la vôtre. C'est la seule occupation qui vous donne à ce point le sentiment de votre utilité et celui de votre solitude.
Les enfants vous volent bien plus que votre coeur,ma chérie.Ils vous volent votre vie.