Il aimait la force et le calme des arbres, il aimait leur silence, la densité de leur ombrage.
« La guerre pouvait bien changer de lieu, changer de forme, d’armes et de soldat, son enjeu demeurait éternellement le même, – il serait demandé à chaque fois et à chacun compte de l’âme de l’homme. » (p. 144 & 145)
- Je n'ai pas disparu. Mon amour t'a suivi au-delà de ma mort, j'ai souri dans tes pas sans jamais me lasser, même lorsque tu te perdais au plus noir de ce monde. Qu'avais-je d'autre à te donner que mon amour, que cet amour de pauvre ? Mais qu'aurait-il pu faire d'autre, mon amour, sinon s'attacher à tes pas ? Car il était si grand, si vaste, mon amour de toi, que même la mort est trop étroite pour lui et il n'a pas pu y prendre place.
Ne pas bouger. Ne pas parler. Ne pas sentir en soi la vie. Cette vie qui ne battait plus que le pouls de la souffrance. Ne pas penser.
Faire la morte, pour ne pas sentir la mort.
Les peuples ont toujours deux mémoires : une longue, très longue mémoire côté gloire et héroïsme et, plus longue encore, côté vengeance, - longue et coriace, celle-là ! Et puis une courte, toute courte mémoire côté honte et défaite. Au bout de cette mémoire atrophiée il y a un moignon plus racorni encore : le refus de mémoire, le déni de toute mémoire portant mauvaise conscience et culpabilité.
- C'est pas difficile, Dieu ou le dahu, c'est kif-kif. Aucun des deux n'existe mais on passe son temps à leur courir au cul.
La nuit qui,par le cri de sa mère un soir de septembre,s'empara de son enfance,ne le quitta jamais plus,traversant sa vie d'âge en âge,et proclamant son nom au futur de l'histoire.
« Il n’aimait pas les hommes. L’humain l’intriguait. Il ne voyait en l’homme qu’une bête à moitié détournée de son animalité première, à demi fourvoyée hors de la terre et de la boue. Une bête devenue monstrueuse pour être entrée en mutation inachevée, – avec son ventre de requin, son sexe magique de totem, son cœur imprévisible de licorne, tantôt si tendre tantôt si cruelle, et son cou si grotesquement contorsionné vers les abîmes du ciel. » (p. 203)
« C’est ainsi qu’il s’ingéniait à s’entourer d’ennemis imaginaires, à se croire un mal-aimé maudit de tous, plus seul au monde qu’un lézard tout vif dans la glace au cœur d’un désert de neige. » (p. 39)
« Car il venait en un instant d’être trahi par tous. Le frère mort, la mère folle, le père en larmes. Nul n’avait pas donc souci de lui ? » (p. 24)