L’ordinateur nous transforme en être imaginaire. Nous nous projetons sur un écran qui nous renvoie des images déformées de nos pensées. Nous ne sommes pas qui nous voyons apparaître à l’écran. Il y a là une version anamorphosée de nous, réduite en deux dimensions, en un noir et blanc fortement contrasté, où certains de nos traits paraissent plus durs. L’ordinateur engage sa propre réalité. Il définit ses propres cadres de référence qui viennent modifier notre horizon d’attente.
Je ne recherche rien de précis, je tente simplement de me laisser imprégner par la vie. Je suis plutôt comme un photographe, mais sans caméra. Je recherche des impressions, des sentiments, des fragments de vie. Je capte du réel. Je n’ai pas de sels d’argent ni de zoom, mais des neurones et des sens. Je tente simplement de me dissoudre dans mes perceptions et dans ce monde qui existe indépendamment de moi.
J’imagine que si nous étions invulnérables (…) si nos corps pouvaient supporter d’innombrables sévices sans jamais ressentir de douleur, peut-être la violence ne nous fascinerait-elle pas autant. Elle serait une réalité lointaine et peu intéressante, mais voilà, nous craignons la douleur parce qu’elle est omniprésente.
Est-ce que ça compte vraiment ce que l’on écrit sur un ordinateur? Est-ce que cela a le même statut que ce qui a été rédigé à la main? Si rien n’est jamais imprimé, si ce ne sont que des octets d’information stockés sur un disque dur, cachés au cœur de cette machine grise, ont-ils une valeur quelconque? Est-ce une preuve, un témoignage?
Vivre la crise au quotidien: l'expérience pandémique
Bertrand Gervais situe sa première confrontation à un scénario de pandémie potentielle en 1971, au cinéma, lors de la sortie du film «Le mystère Andromède». Il revient sur cette expérience personnelle, qui donne le ton à sa communication, et entame ainsi une réflexion sur la pandémie actuelle, comment elle transforme notre quotidien, l’imaginaire qu’on y associe ainsi que le langage et la rhétorique qui sont adoptés pour en discourir.
Une communication présentée par Bertrand Gervais dans le cadre du speed colloque virtuel «Contagion et confinement», co-organisé par Elaine Després et Sarah Grenier-Millette, qui s'est déroulé le 29 avril 2020.
Bertrand Gervais est le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques ALN et le directeur du Laboratoire de recherche sur les oeuvres hypermédiatiques NT2. Il est chercheur régulier de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire et il fait partie du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l'imaginaire contemporain). Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal.
Conférencier invité : Bertrand Gervais
Capture vidéo : Observatoire de l'imaginaire contemporain
Montage : Observatoire de l'imaginaire contemporain
Lien vers la page de l'OIC : http://oic.uqam.ca/fr/communications/...
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