Appuyée par des amis influents de son père, Lamb se lance dans une campagne assidue pour obtenir le titre convoité d’artiste de guerre officiel. Lors de son séjour à Toronto, elle reprend contact avec A. Y. Jackson, qui s’intéresse à son journal de guerre et en apprécie le point de vue féminin. Comme il fait partie des conseillers du Comité de sélection des artistes de guerre canadiens, son appui est décisif pour la réussite du projet26. Jackson la présente également à Charles Comfort (1900-1994), Frances Loring (1887- 1968) et Florence Wyle (1881-1968)27. H. O. McCurry (1889–1964), un autre ami de son père, est directeur de la Galerie nationale du Canada (aujourd’hui le Musée des beaux-arts du Canada) et président du Comité de sélection. Sur les conseils de Jackson, Lamb se rend à Ottawa pour le rencontrer et lui montrer ses dessins. Après ce premier entretien, elle le bombarde de lettres et multiplie les visites, allant même une fois jusqu’à faire le trajet en autostop. Pour l’aider à se procurer des fournitures d’art, McCurry lui donne l’autorisation de les acheter à la Galerie nationale, au tarif scolaire réduit.
La vie militaire convient à cette jeune femme qui ne manque pas de cran. Lamb pratique les exercices militaires de rigueur et s’acquitte consciencieusement des tâches de buanderie et de cantine dévolues aux femmes, mais elle ne tarde pas à trouver ses propres intérêts. « La structure même de la vie militaire convient au peintre », écrit-elle dans Canadian Art. « Où que l’on se tourne il y a quelque chose de fantastique à peindre. Il y a de la matière à foison dans une seule caserne, encore que — l’on pourrait passer des heures au bureau du hall principal à dessiner les CWAC qui enregistrent leurs entrées et sorties, les nouvelles recrues, les filles de corvée en salopette, l’officier de service. »
L’artiste native de Vancouver, Molly Lamb Bobak (1920-2014) est la première femme artiste de guerre canadienne. Fille du célèbre photographe Harold Mortimer-Lamb, Bobak rêve de devenir peintre comme l’ami de la famille, membre du Groupe des Sept, A.Y. Jackson. En 1942 Bobak rejoint le Service féminin de l’Armée canadienne et elle est envoyée à l’étranger, à Londres, où elle représente les entraînements de l’armée féminine ainsi que des scènes dynamiques de marches et de parades—sujets pour lesquels elle est plus tard reconnue.