Alors que le débarquement se prépare, que le Reich commence à vaciller et que les collaborateurs s'empressent d'assurer leurs arrières, Tristan, reconverti en antiquaire genevois, essaie de définitivement tourner la page de son passé tourmenté. La réapparition de Laure va, à nouveau bouleverser son existence et l'entrainer une fois de plus dans le maelstrom de l'histoire. Contraint de réendosser son rôle d'agent au service de l'Allemagne nazi pour sauver Laure, il va devoir faire toute la lumière sur plusieurs meurtres signés du chiffre 669. dont celui d'un officier allemand. Il devra pour ce faire, composer avec les SS, la Gestapo, et un singulier commissaire parisien tout en dissimulant ses véritables desseins. Pourtant, malgré son parcours et son expertise, il semble n'être que le jouet d'un destin qui lui échappe, souvent dépassé, totalement impuissant face aux conjonctures. En revanche, le rôle de Laure est plutôt ambigu, sa démarche comme ses desseins sont déroutants, privilégiant une obscure mission à toute autre considérations. le plus surprenant s'avère être le personnage du commissaire Montalivet, qui au départ semble banal et désabusé mais qui au final se révèle plus profond et torturé qu'on ne le pense. Il évolue au fil du récit pour en devenir un élément majeur qui réserve plusieurs surprises. le coté ésotérisme, agrémenté d'une intéressante leçon de numérologie, est ici secondaire, servant simplement de fondement à l'intrigue. Entre vengeance masqué, satanisme d'opérette et sorcellerie,
Eric Giacometti et
Jacques Ravenne, nous plongent, avec ce cinquième tome, dans une véritable enquête policière à l'ambiance sombre et tragique. du projet de destruction des monuments parisiens au Lebensborn, des exactions de la milice au pillage des oeuvres d'art, sans oublier la rencontre du tristement célèbre Docteur Petiot, les personnages, comme les évènements historiques, émaillent judicieusement le récit, renforçant la portée et la crédibilité de l'ensemble. Les auteurs soulignent aussi en filigrane mais de façon opportune, le non-sens de certaines méthodes de coercition pour censément servir la bonne cause, les excès de jugement, les a priori arbitraires de certains, y compris parmi la résistance. Des réflexions pertinentes sur des pages sombres de notre histoire et les dérives tragiques à la limite de la folie et de l'abomination d'une partie de l'espèce dite humaine. Un très bon roman qui, malgré un final totalement trouble et incertain, relance pleinement, après un léger fléchissement, cette captivante saga.