Des plaques de verglas étaient tapies sur la route, attendant patiemment leur prochaine victime.
De retour dans la chambre, Izri ne se lassait pas de regarder Tama.
Il ne s’en lasserait plus jamais.
Par moment, la douleur la faisait réagir, plissant son front ou crispant ses mains délicates.
Ses mains, qui lui avaient offert tant de plaisir.
Ses mains, capables de tuer. Capables de défigurer.
Izri admirait la force et le courage dont elle avait fait preuve en sauvant Tayri.
Il admirait son sens du sacrifice.
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- Tu te rends compte que tu aurais pu mourir ?
- Mais je suis morte, papa...
Il glissa une rose dans la main de Tayri avant de la couvrir de son linceul et de la descendre au fond de la tombe. Il éparpilla le reste du bouquet sur son corps puis attrapa la pelle qu'il avait glissée dans la sacoche de la selle.
La terre noire fit disparaître sa chère inconnue.
A tout jamais.
Gabriel n'avait pas prévu d'oraison. Parce qu'il n'y avait pas de mots.
Gabriel n'avait pas prévu de croix. Puisqu'il n'y avait pas de Dieu.
Seulement des lâches, des assassins et des Belles au bois dormant.
Mais le passé ne s'efface jamais . Il faut tenter de le surmonter , de le dompter . Ou de le redessiner
J'appelle au secours un dieu qui m'a oubliée depuis longtemps.
Vulnerant omnes, ultima necat.
At eae quas ad vos consumpsi me delectaverunt.
La mère comme la fille peuvent passer des heures devant leur téléphone et ne s en séparent jamais. Tout comme Adina ou Charandon, d'ailleurs.
Alors, Tama réalise qu il existe mille façons d être un esclave.
Tayri était l'enfance bafouée, volée, abandonnée. Elle était les échines courbées, les rêves brisées, les détresses silencieuses, les longues nuits de solitude.
Elle était les appels au secours qu'on écoute pas, les cris qu'on entend plus.
Tayri était le monde tel qu'il est, tel qu'on refuse pourtant de le voir.
Apprends-moi ce qu'est la mort.
Dis-moi qu'elle est douce, qu'elle est juste.
Raconte-moi qu'elle est comme une mère qui te prend dans ses bras et te console de la vie.
Jure-moi qu'entre ses mains, il n'y a ni maître ni esclave.
Promets-moi qu'en son royaume, on oublie ses blessures et ses chaînes.
Mais jamais son amour.