- Tu as de nouveau parlé avec ce coin de mur, Gwendolyn. Je t’ai vue.
- Oui, c’est mon coin préféré, Gordon. Il est vexé quand je ne lui parle pas.
— Elle est amoureuse.
— Mais non.
— Si, si. Mais elle ne le sait pas encore.
— Et toi, comment le sais-tu ?
— Ah, il est tout simplement irrésistible. Oh, mon Dieu, tu as vu ses yeux ? Verts comme ceux d’un tigre. Je crois aussi avoir senti mes genoux flageoler quand il m’a décoché ce regard furibond.
— Quoi ? Tu ne parles pas sérieusement, là ? Depuis quand aimes-tu les yeux verts ?
— Tu as dit que je ne pourrais jamais posséder cette magie, parce que je ne suis qu’une fille tout à fait banale. Une fille comme tu en connais tant d’autres. Qui ne vont toujours qu’en groupe aux toilettes et se moquent des autres, et...
Une main se posa sur mes lèvres.
— Je sais ce que j’ai dit.
Gideon s’était de nouveau penché vers moi.
— Et je le regrette, ajouta-t-il.
Hein ? J’étais assise là, comme frappée par la foudre, incapable de bouger ou de simplement respirer. Ses doigts frôlèrent prudemment mes lèvres, caressèrent mon menton et remontèrent à tâtons ma joue jusqu’à ma tempe.
— Tu n’es pas banale, Gwendolyn, chuchota-t-il, tout en me caressant les cheveux. Tu es très inhabituelle. Tu n’as pas besoin de la magie du corbeau pour représenter pour moi quelqu’un de tout à fait particulier.
Son visage se rapprocha encore. Quand ses lèvres effleurèrent les miennes, je fermai les yeux.
OK, je n’avais plus qu’à tomber dans les pommes, maintenant.
- Ça va passer aussi que je viens de tuer un home ? Ça va passer que toute ma vie a été mise sens dessus dessous ? Ça va passer qu’un arrogant de ton genre, un violoneux aux cheveux longs et aux bas de soie, n’ait rien d’autre à faire que me donner des ordres alors que je viens de lui sauver sa vie de merde ? Si tu veux le savoir, je trouve que j’ai toute les raisons de vomir ! Et si ça peut t’intéresser : je te trouve aussi à vomir !
"Mais la puissance mise entre de mauvaises mains est très dangereuse."
— James, est-ce que tu as déjà embrassé une fille ?
— Pardon ?
— Est-ce que tu as déjà embrassé ?
— Ce n’est pas convenable de parler ainsi, miss Gwendolyn.
— Alors, tu n’as jamais embrassé ?
— Je suis un homme, dit James.
— Qu’est-ce que c’est que cette réponse ?
- Comment le sais-tu ?
- Parce que les vampires n’existent pas, Gwendolyn.
- Ah oui ? S’il y a des machines à remonter le temps (et des gens qui sont capables de vous toucher ou de vous étrangler à distance, pensai-je) pourquoi les vampires n’existeraient-ils pas ? Tu as regardé ses yeux ? On dirait des trous noirs.
- Merci, dit Gideon.
Je me retournai.
- Pour quoi ?
- Peut-être... peut-être que je n’aurais pas résisté beaucoup plus longtemps, dit-il.
Un sourire passa sur son visage.
- Je crois que tu as vraiment sauvé ma vie de merde.
Je dégringolai l’escalier. Pour l’amour du ciel, où allais-je me cacher ? Le type criait : «Au voleur ! Au voleur ! »
Voleur ? Comment ça ? Je devais mal entendre ! Qu’est-ce que j’aurais bien pu lui voler ? Son bonnet de nuit, peut-être ?
- Je crois qu'ils en savent tous plus qu'ils ne veulent le dire, soupirai-je. En tout cas, ils en savent plus que moi. Même toi !
Leslie rit.
-Considère-moi simplement comme une partie délocalisée de ton cerveau.