Frietblatt congédie Jaegli, vexé, qui sort en la fusillant du regard. Sanchez cerne rapidement le personnage : physiquement très rebutant, légèrement bossu, les traits disgracieux, vêtements pleins de poils canins.
Un misogyne profond qui n’a eu personne d'autre que son chien dans son lit depuis très longtemps, pense-t-elle en lui souriant poliment.
« Une héroïne du Laos ne ressemble en rien à une afghane. Il y a même des différences flagrantes entre celle qui arrive de diverses régions d’un même pays : la poudre de la région d'Helmand n'a absolument rien à voir avec celle du Badakhchan. C'est pareil pour tous les produits. »
Le discours de Rubio est enthousiaste et passionne Cécile qui ingurgite la masse d’informations avec avidité.
« Et ce n'est pas tout ! continue-t-il. Pour finaliser et optimiser la visualisation des réseaux, il y a aussi les produits et les méthodes de coupe, propres à chaque narcotrafiquant. En voyant le même produit passer de main en main, on note les transformations aux différents échelons de la pyramide des ventes : plus c'est pur, plus on est en amont de la filière. »
(…) si les hommes ont tous été touchés dans la poitrine par les deux premiers tirs, les femmes l'ont toutes été à l'abdomen.
C'est le cas ici : les points d’entrées se situent juste au-dessus de l'estomac. Le matador évite de tirer dans la poitrine des femmes. Cécile vient d'en comprendre la raison.
Parce que c'est une femme !
L'addition est finalement tombée le mercredi 16 avril quand le corps de Jean-Pierre a été retrouvé dans le parc naturel du Haut-Kœnigsbourg. C'est un groupe de randonneurs qui, attiré par une violente odeur de chairs putréfiées, s'est éloigné un peu des pistes pour en chercher l'origine.
Les jambes et les bras avaient été coupés à chaque articulation et le tout empilé contre un arbre, en pleine forêt. Le buste était posé bien droit sur le tas de demi-membres, nu et lacéré de centaines de plaies superficielles. Jean-Pierre a été égorgé net, la langue ressortant par la plaie large sous le menton. Aucune trace d'ADN, pas d'empreinte digitale, aucun indice exploitable n'a été mis au jour par la Police technique et scientifique.
Le médecin légiste a facilement pu déterminer la cause de la mort : l'ouverture de la gorge. Mais, avant cela, l'agent de la SCOAT a subi une séance de torture au rasoir de près de douze heures : information déduite en comparaison de la différence de cicatrisation entre les premières et les dernières plaies dont le lieutenant était couvert.
Le trio s'avance vers la porte de la discothèque, prêt à toute éventualité, vide de tout sentiment: une absence de conscience dépourvue de toute folie. Trois corps sans âmes qui glissent dans la nuit noire et pluvieuse.
-L'une des premières affaires ! souffle Anne-Marie. Une expérience intense et enrichissante, mais une issue tragique. "Craindre et prévoir, c'est se préparer à gagner": c'est une phrase tirée du Yi King que j'aurais dû garder en tête. (page 359)
La justice est une machine aveugle et impitoyable contre laquelle il est vain de se battre seul .
Il envoie l'Antigang au casse-pipe avec l'insouciance d'un mulot qui invite ses potes à une sauterie dans la cage aux lions.
La justice est une machine aveugle et impitoyable contre laquelle il est vain de se battre seul.
La justice est une machine aveugle et impitoyable contre laquelle il est vain de se battre seul .