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EAN : 9782711304417
Editions Universitaires (01/01/1995)
5/5   1 notes
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L'art pour l'art
chapitre 9


(…) c'est sous l'influence d'événements économiques et politiques que les Allemands sont devenus romantiques et mystiques. Le mysticisme de l'intelligentsia allemande a peut-être contribué à faire la joie de nombreuses générations d'étudiants en Allemagne et dans d'autres pays de l'Occident, mais il a aussi contribué au malheur de l'humanité en émoussant l'esprit critique et rationnel des intellectuels allemands face à une autre forme de mysticisme : celui d'Hitler.
Le malheur de l'Allemagne, c'est de n'avoir pas assimilé le siècle des Lumières et d'être passée presque sans transition du Moyen Age aux temps modernes. Le rationalisme ne pénétra pas, à l'exception de quelques rares esprits éclairés, la société allemande. Alors qu'en France la bourgeoisie poursuit à travers les siècles une lente et régulière ascension, prenant main au XVIIe siècle les leviers de commande de l'administration et s'octroyant une place prépondérante dans la vie intellectuelle, la bourgeoisie allemande voit ses progrès freinés dès le XVIe siècle. La prospérité des villes allemandes est durement secouée par le déplacement du commerce international de la Méditerranée à l'Atlantique. La bourgeoisie perds son influence économique et, par oie de conséquence, perd pied dans le domaine culturel. La guerre de trente ans amène l'effondrement du commerce allemand. Les princes profitent de ces événements pour exclure les bourgeois des postes clefs de leur cour, les confiant à la noblesse. Les bourgeois devront se contenter de fonctions subalternes.
Les bourgeois écartés de la vie politique active se sentent frustrés. Impuissants à exercer une action sur la réalité quotidienne, ils s'évadent dans un monde irréel, dans le rêve, le mystérieux et l'étrange, dans le fantastique et le bizarre, dans le passé ou l'utopie. Ils se détachent du monde et du présent. Ils se sentent seuls et isolés Ils plongent en eux-mêmes et découvrent l'inconscient. Ainsi naît dans ce milieu bourgeois un nouveau type d'intellectuel : le romantique.
Le romantique est un insatisfait, un introverti qui prône le sentiment, condamne la raison et trouve en l'art l'esthétique ou le beau, une compensation à sa frustration. Pour le romantique, l'art est un substitut, un refuge, une consolation. L'art isole de la réalité du monde extérieur. Le romantique trace une ligne de démarcation entre sa vie privée et la vie publique, entre l'art qui fait partie intégrante de sa vie morale et la vie politique.
Lintelligentsia française du début du XIXe siècle, sous l'influence des bouleversements politiques, devient également romantique. La période post-révolutionnaire est un temps de désillusion. Les écrivains sont tenus pour responsables de la révolution et perdent le prestige qui était le leur au siècle des Lumières. Ils ne peuvent plus marquer de leur empreinte le cours de l'histoire et, comme les intellectuels allemands de la fin du XIIIe siècle, ils s'isolent de la société, ils condamnent toute action politique. Alfred de Musset s'écrit :

La politique, hélas voilà notre misère.
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire
Etre rouge le soir, blanc demain, ma foi non
Je veux quand on m'a lu qu'on puisse me relire

Et il raille les humanitaires de toute catégorie et les hommes d'action.
Alfred de Vigny constate avec satisfaction qu' « il y aura toujours antipathie entre l'homme du pouvoir et l'homme de l'art ». Il prescrit de séparer « la vie poétique de la vie politique » Et l'un des moyens qu'il indique au poète pour parvenir à réaliser ce principe est d' « employer toutes les forces de sa volonté à détourner sa vue des entreprises trop faciles de la vie active »
Pour éviter la vie active que méprise Vigny, le romantique s'enferme dans une tour d'ivoire. De là, il jette l'anathème contre toutes les forces hostiles à son idéal : les académies, les églises pour leur caractère traditionnel et autoritaire, la science pour son esprit utilitaire, la bourgeoisie pour son réalisme, son âpreté au gain et son hypocrisie. Aux autorités, au savant, au bourgeois, hommes méprisables, le romantique oppose l'artiste, être désintéressé, insouciant, plein de noblesse. Il le place au sommet de la hiérarchie sociale. Il en fait un être idéal, un demi-dieu.
« Ce qui anime l'artiste, écrit Victor Cousin, professeur à la Sorbonne dans les années qui précèdent la révolution de 1830, c'est le sentiment du beau... sentiment pur et désintéressé », distinct « du sentiment moral et du sentiment religieux ». Cousin proclame que l'art « ne relève que de lui-même ». Certaines de ses idées sont empruntées aux penseur idéalistes allemands ; Kant, Schiller, Shelling et Hegel, notamment les idées sur l'autonomie de l'art. Il connut Hegel en Allemagne en 1824 et engagea une correspondance avec lui. Les théories esthétiques allemandes introduites en France pour Cousin expriment dans un langage philosophique ce que ressentent confusément les romantiques français.
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Chapitre l'art moderne p 118

L'année où Jules Huret publiait son enquête, un jeune critique de vingt-cinq ans, Albert Aurier (...) fit paraître à l' occasion de la vente publique organisée au profit de Gauguin, à laquelle Mallarmé avait apporté son concours moral, un véritable manifeste du symbolisme pictural où il sacrait Paul Gauguin chef de l'art symbolique. Au symbolisme il opposait l'impressionnisme, qu'il considérait comme n'étant encore qu'une "variété du réalisme". L'article rédigé en termes véritablement mystiques (...) souleva la colère des impressionnistes, et en particulier du socialiste Camille Pissaro qui ne fut pas dupe de l'attitude mystique, antidémocratique et antipopulaire des symbolistes. "il faut les combattre comme la peste" écrira-t-il à son fils.
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Le cours de ma vie est arrivé, sur la mer orageuse, par une fragile barque, au port commun où l'on débarque pour rendre compte et raison de toute oeuvre pie et impie. Ainsi l'illusion passionnée qui me fit de l'art une idole et un monarque, je connais aujourd'hui combien elle était chargée d'erreurs, et je vois clairement ce que tout homme désire pour son mal. Les pensées amoureuses, les pensées vaines et joyeuses, que sont-elles à présent que je m'approche de deux morts ? De l'une je suis certain et l'autre me meance. i peinture, ni sculpture ne sont plus capables d'apaiser l'âme vers cet amour divin qui ouvre, pour nous prendre, ses bras sur la croix.

p51 note 97 citation de Michel-Ange
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Video de Jean Gimpel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Gimpel
Pour sa septième édition, le Festival du Regard vous plonge au coeur de la Nuit photographique. Véritable défi pour ce medium qui, par définition, se nourrit de lumière. Après les thèmes « Adolescences », « Habiter », « Voyages extra-ordinaires » et « lntime et Autofictions », voici « Bonjour la Nuit ! » qui vous emmène dans les univers nocturnes de vingt photographes. Parmi les plus connus, Anders Petersen. le festival a l'honneur de présenter des tirages inédits du célèbre Café Lehmitz. Fasciné par le quartier rouge de Hambourg, le photographe suédois va s'immerger dans le huis-clos d'un petit bar du port et tirer le portrait de ses habitués. Cette série produite en 1967 va propulser l'artiste sur la scène photographique internationale. C'est avec « House Hunting », que Todd Hido s'est fait connaître en 2001. Lui qui a su saisir l'ambiance inquiétante de la nuit américaine en photographiant de simples pavillons éclairés et silencieux…
Une ambiance mystérieuse se dégage aussi des tableaux de Juliette Agnel. Dans ses grands formats se déploient, majestueuses, les plus belles cités antiques du Soudan sous un ciel constellé d'étoiles. Troublante beauté que celles des pierres laissées-là depuis la fin du règne du pharaon Taharqa (vers 600 ans avant notre ère). C'est également sous des voutes célestes scintillantes que Thierry Cohen a figé pour toujours les mégapoles de Tokyo, Shanghai ou Rio, sauf que les cieux que nous voyons ne sont pas réels, ce sont ceux que nous devrions voir mais devenus invisibles du fait de la pollution lumineuse. Les étoiles, les constellations sont parfaitement à leur place. Thierry Cohen photographie le ciel à l'exact latitude que la ville, dans un lieu dénué de tout éclairage. Les étoiles devaient être bien visibles ce soir de novembre 1965, lorsqu'une panne de courant générale plongea brutalement la ville de New York dans une quasi totale obscurité. le photographe de Magnum, René Burri, équipé de huit rouleaux de pellicule, a témoigné de cette expérience exceptionnelle dans une des plus grandes villes du monde où on avance comme dans un rêve halluciné… L'absence d'électricité, c'est le lot quotidien d'un milliard d'habitants sur terre.
Rubén Salgado Escudero met en scène des habitants des quatre coins du globe, dont la vie a été améliorée grâce à des panneaux solaires portatifs. Quant au Cambodgien, Philong Sovan, il utilise le phare de sa motocyclette pour photographier la vie nocturne et bouillonnante de Phnom Penh. 
Il arrive que la nuit devienne féérie lorsque les aurores boréales sont de la partie. Dans Hyperborea, la Russe Evgenia Arbugaeva nous fait découvrir l'extraordinaire magie des nuits polaires. Festive aussi, dans les photo-graphies de Ronan Guillou qui a relevé le défi de la Carte blanche lancée par la Communauté d'Agglomération de Cergy Pontoise en nous dévoilant les coulisses du spectacle flamboyant, Carmen Street, le chef d'oeuvre du compositeur Georges Bizet d'après la nouvelle de Prosper Mérimée. A l'approche de la fin d'année, la nuit se pare de ses plus beaux habits de lumière, comme le montrent les images de Laure Vasconi réalisées à Los Angeles. Là-bas, la tradition des décorations de Noël est une affaire sérieuse. Tout est dans la démesure, c'est à celui qui fera scintiller le plus d'ampoules ! Toujours sur le continent américain, Céline Croze nous emmène au Vénézuela. La photographe nous fait rencontrer les barons de la nuit de Caracas où elle séjourne pendant le tournage d'un film. Un univers de couleurs sourdes et de violence, qu'elle restitue avec force dans la série « Siempre que », présentée pour la première fois dans un festival. C'est également une première pour Françoise Evenou, et ses « Reinas del Bosque », portraits dignes et altiers des travailleuses du plaisir en périphérie de Paris. Enchaînement parfait avec la nuit sulfureuse vue par l'Américaine Merry Alpern qui, en 1993, va épingler les moeurs interlopes des traders de Wall Street dans un peep-show clandestin de New-York. Autre série culte qui interroge sur notre place de spectateur/voyeur : « The Park », du Japonais Kohei Yoshiyuki, décédé cette année, à qui le festival rend hommage.
La nuit, au sens métaphorique, le Slovène Evgen Bavcar y est plongé depuis l'age de 11 ans. Aveugle, le photograp
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