En 2018, notre pays compte 2 000 hypermarchés, 10 000 supermarchés (soit deux fois plus qu'en 2008), et plus de 800 centres commerciaux. Ces chiffres vertigineux font de la France la championne d'Europe des zones commerciales en périphérie des villes.
Ce titre, décroché haut la main, est pourtant lourd de conséquences : les villes se font peu à peu dévorer, les petits commerces sont contraints de mettre la clef sous la porte, les centres-villes sont de plus en plus sinistrés, l'artificialisation des terres progresse, les paysages sont dévastés…
Franck Gintrand, expert des relations entre la ville et le commerce met à nu le business des surfaces commerciales périurbaines et lance le signal d'alerte face à ce phénomène qui dévore des milliers de villes sur son passage et défigure la France.
Des villes peu à peu rayées de la carte
Ce phénomène, qui a commencé en 1963 avec le tout premier hypermarché Carrefour, s'observe en particulier aux entrées des villes, le long des nationales ou à l'intersection des bretelles d'autoroutes. Depuis 50 ans, ces implantations n'ont cessé de se multiplier, de s'étendre… et de mettre en péril de nombreuses villes françaises : Metz, Agde, Béziers, Amiens, Caen, Calais, Angers … Des villes moyennes au patrimoine historique riche, qui ont mis, pour certaines, des siècles à se bâtir, sont balayées et enlaidies par d'énormes complexes commerciaux.
«En l'espace de quelques années la multiplication des zones commerciales aura transformé plus radicalement la France que ne l'aura fait l'exode rural d'après-guerre», confie Franck Gintrand.
Les dessous de la crise des villes moyennes pour la première fois dévoilés
Au nom du pouvoir d'achat, la France a fait le choix de ne pas brider le développement de la grande distribution et d'autoriser, à l'excès, la création de zones commerciales, qui n'ont de paradisiaque que le nom : Atoll, Odysseum, Ode à la Mer, Green Center, Créteil Soleil… alors que leurs retombées économiques, sociales et environnementales sont dramatiques.
Plus encore que la multiplication de nouveaux points de vente, l'auteur met en lumière la nouvelle priorité des opérateurs commerciaux : être plus gros que les concurrents afin d'offrir à la clientèle, l'offre commerciale la plus complète possible.
«Il s'agit d'une véritable course à la taille qui ne répond, le plus souvent, à aucun dynamisme démographique, ni développement économique», assure Franck Gintrand
Illustré de nombreux exemples actuels, le livre foisonne d'informations et de révélations sur ce qui n'est qu'un gigantesque business. Mais plus qu'une simple charge envers les acteurs responsables du phénomène, l'ouvrage donne les clefs pour inverser la tendance, en misant sur une vraie prise de conscience des élus et des consommateurs.
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