Malamour

Malamour est un récit puissant édité chez Thierry Magnier qui aborde avec justesse la construction identitaire et sexuelle d'un adolescent. Un sujet fort et délicat que l'auteur traite avec brio !
Lors d'une fête de fin d'année organisée par un camarade du lycée, Oscar aurait été victime d'une agression. le temps de tirer cette affaire au clair, ses parents décident de le mettre à l'écart et l'envoient chez sa tante. Celle-ci, veuve, est atteinte d'un cancer. Oscar l'aime beaucoup mais la connaît mal. Ce sera l'occasion de renouer un lien…
Hors de ses repères habituels, le jeune homme se repasse en boucle le film des évènements sans parvenir à comprendre les sentiments contradictoires qui l'habitent. Oscar se sent décalé, hors norme, comme son corps qu'il parvient difficilement à accepter. Finalement, c'est ici qu'il se sent le mieux, à l'écart de tout, du lycée, de ses parents, de son monde. Personne ne le regarde, ne le juge. Pourtant, il se sent mal, il est paumé… Il passe des heures enfermé dans la chambre que sa tante a mise à sa disposition. Il ressasse. Seule sa passion le rattache encore à quelque chose même s'il n'ose pas l'avouer au grand jour. Oscar veut devenir nez. Les parfums le hantent, forment la seule grammaire qui ait un sens. Il s'interroge sur les liens qu'il pourrait entretenir avec Grenouille, le personnage du célèbre roman de Patrick Süskind. Comme lui, il est un être à l'odorat acerbe, guidé par de violentes pulsions incompréhensibles, dont Rémi Gordiano s'empare magnifiquement pour retranscrire les montagnes russes que sont parfois les années adolescentes durant lesquelles on se cherche tant.
L'écriture originale et sensorielle sied bien à l'ambivalence du personnage, à sa sensibilité extrême et à l'atmosphère angoissante qui parcourt le texte. C'est aussi une écriture qui questionne la place des autres dans la construction de soi. Durant ce séjour chez sa tante et au contact des amis qu'il s'y fera en rencontrant ses voisins, Oscar grandira, vivra enfin ! Il s'allégera d'un poids mais ne pourra savoir réellement qui il est qu'en acceptant son histoire, qu'en la racontant, qu'en se confrontant au regard des autres, pairs et détracteurs. C'est alors que résonnent les maux de la société confrontés aux limites de l'humain et au regard que l'on porte sur la question de normalité…
Cette lecture pour grands adolescents est haletante et riche de réflexions !
A partir de 15 ans.

Un grand merci au site Babelio et à la maison d'édition Thierry Magnier de m'avoir permis de le recevoir dans le cadre de la dernière Masse Critique, c'était un très beau cadeau! Je l'ai lu d'une traité, en une après-midi. C'est un très beau roman, émouvant et sensible qui aborde les thèmes de l'acceptation de soi à l'adolescence, l'homosexualité et l'amitié, le respect.

Le héros est en effet un jeune adolescent de 17 ans, Oscar, envoyé en vacances forcées chez sa tante Penelope en Alsace suite à une agression avec un autre ado de son lycée, dont il serait l'agresseur selon les autres ados, et la victime selon lui.

Le récit est donc d'abord une forme d'enquête pour le lecteur, afin de chercher à détricoter le noeud de cette soirée qui a dérapé, savoir ce qui s'est réellement passé (d'ailleurs j'ai bien aimé que le résumé n'en dévoile pas trop et préserve cette part de mystère, c'est parfois un peu rageant d'avoir des résumés qui en disent trop ;) ). Oscar chemine en même temps et se dévoile peu à peu au fil de l'été, laissant entrevoir la vérité de cette affaire. On découvre au début un jeune mal à l'aise avec lui-même, qui ne s'aime pas et n'ose pas se montrer tel qu'il est, surtout parler de ce qu'il aime: élaborer des parfums. le parfum constitue de fait un fil conducteur du roman, un point très original et sympa! Il accompagne le récit au fil des notes de fragrances qu'Oscar note autour de lui et qui reflètent souvent son état d'esprit. le thème permet aussi à l'auteur d'évoquer le Parfum de Patrick Süskind, lecture qui accompagne le jeune homme au long de ses vacances.

Alors qu'il est renfermé sur lui-même au début, en conflit avec ses amis et ses camarades de classe, le regard plein de bienveillance et d'amour que posent sur lui sa tante puis la fille des voisins, Margot, l'aide à s'ouvrir dans la confiance et la joie. C'est grâce à son entourage qui le soutient et porte un regard toujours bon sur lui, qu'Oscar parvient à se comprendre lui-même. Margot m'a de fait beaucoup plue et touchée. C'est un personnage plein de spontanéité, directe et joyeuse qui va tout de suite poser un regard bienveillant et malicieux sur Oscar, aller au-delà du mal-être apparent qu'il affiche, contrairement à beaucoup d'ados qui s'y arrêteraient, et redonne confiance à Oscar en l'entourant de son amitié indéfectible. Avec Jonas, le grand frère de Margot, ils vont former un trio inséparable et grandir ensemble à travers leurs expériences, joies et malheurs, en amour, amitié, famille...

J'ai aussi été très touchée par la relation qu'Oscar tisse avec sa tante Penelope, celle-ci l'accueillant sans a priori, affirmant qu'elle le croit. Elle se montre pleine de prévenance et de délicatesse dès le début, lui laissant de l'espace et l'encourageant même à sortir, se faire des amis, vivre, être heureux. Contrairement à la mère d'Oscar, elle ne s'inquiète pas ni ne l'accuse, mais l'aide à se découvrir lui-même et à s'assumer pleinement.

Olivier va aussi se révéler être un personnage plein d'empathie vis-à-vis d'Oscar, surprenant de maturité, et va l'aider dans cette quête d'identité.

Je ne veux pas trop vous dévoiler l'intrigue donc je ne vous en dit pas plus, mais en tout cas Malamour est un très bon roman, sensible et vivant, qui parle de l'homosexualité et de l'acceptation de soi avec beaucoup de délicatesse. J'ai été ravie de découvrir cette pépite par l'opération Masse Critique de Babelio ! En bonus, la bande son du roman, à base de Rosalía et Thérapie Taxi, qui donne envie de replonger dans l'été ! 
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Un roman fort et intelligent et attachant, sur la quête de soi, qui m'a ému et passionné.

Attention spoilers

C'est la première fois que je lis un livre où l'histoire est racontée par un homophobe.
J'ai mis du temps à entrer dans l'histoire. J'ai même failli abandonner le livre. J'ai bien fait de persévérer : j'ai découvert une petite pépite.
Le suspense est bien tenu, on ne sait pas si Oscar est la victime ou le bourreau avant un bon moment et la tension monte crescendo alors qu'il nous révèle peu à peu les bribes de souvenirs de cette fameuse soirée, celle de l'agression.
Et la révélation finale est assez étonnante et pourtant c'est bien souvent la réalité : un acte homophobe justifié par une homosexualité refoulée.

Pourtant dès le début de l'histoire on sait que Oscar est attiré par les garçons, et je me suis tiré les cheveux à chaque fois qu'il le niait. Il est à la fois agaçant et adorable. le thème du parfum est original, ça change d'une passion pour la musique ou l'art (clichés basiques pour un personnage gay).
Au fur et à mesure de ma lecture, je dévorais les chapitres de plus en plus vite pour connaître le fin mot de l'histoire.
Un petit coup de coeur.
J'aimerai tellement connaître la suite de l'histoire d'Oscar et Olivier. Ils méritent une suite. Ils méritent que leur histoire continue...