Hergé et les bigotudos

Philippe Goddin, spécialiste reconnu d'Hergé et de Tintin nous décrit l'oeuvre d'Hergé sous un jour original en prenant comme point de départ la création du dernier album du corpus, Tintin et les Picaros.
On apprend ainsi qu'il devait s'intituler Tintin et les bigotudos, ces moustachus qui sont de proches cousins des barbudos qui prirent le pouvoir à Cuba.
A travers toutes les versions et les reprises de l'auteur, on en apprend un peu plus sur sa rigueur et ses doutes, sur son souci du détail et son côté perfectionniste qui ont donné à Tintin la place qu'il occupe.
Cet ouvrage complète très utilement la bibliothèque de tout tintinophile.

Pour rentrer "dans la peau" d'Hergé, ce livre de Philippe Goddin est le recueil parfait : pistes abordées puis avortées...Gags méconnus - et malheureusement non employés, élaboration de "Vol 714 pour Sidney" entre-temps, processus créatifs, biologie de certains personnages... Vous saurez tout sur "Tintin et les Picaros" et la conclusion rejoint celle du lecteur : ce n'est pas le meilleur album, au niveau du récit : les multiples alternatives qui ont été abandonnées donnent une vision trop "simpliste" de cette BD, dont on ne dispose pas de toutes les clés. Pour l'aspect dessin, si les brouillons sont bien de la main d'Hergé, il est permis de douter quant au dessin final. La fameuse ligne claire est présente...mais noyée sous les détails.
Cet ouvrage m'a donné envie de relire "Tintin et les Picaros", sous un angle nouveau.

Comment Hergé créait-il un album de Tintin ? Quels étaient ses travaux préparatoires ? Comment organisait-il son équipe, ses recherches, sa documentation, l'architecture de son récit ? Les albums étaient-ils figés ou évoluaient-ils au fil de l'écriture ?
C'est à travers l'histoire de Tintin et les Picaros que Philippe Goddin, grand spécialiste d'Hergé, répond à ces questions.
Voici donc un ouvrage indispensable pour mieux comprendre Hergé et son immense talent.

Ce livre m'a captivé au plus haut point!
Le récit que concoctait Hergé, avec les Bigotudos, apparaît complètement différent et beaucoup plus "noir" que les Picaros. C'est dommage qu'il n'ait pas été concrétisé.
La genèse de cette aventure "fantôme" du reporter à la houppe est vraiment passionnante.
Du bon travail de recherche et d'investigations, dans les ébauches et brouillons d'un grand maître de la bande dessinée du XXe siècle.