En tant qu'enseignant en art, le fait qu'il n'y ait pas la moindre image consacrée aux oeuvres majeures de Delacroix ou de Géricault me choque profondément. Comment peut-on faire une
histoire de l'art sans montrer la mort de Sardanapale ni le Radeau de la Méduse. Ce sont des jalons incontournables. Dans le même ordre d'idée comment peut-on parler de Courbet en évitant soigneusement une image de l'Enterrement à Ornans au profit d'un "Bonjour, monsieur Courbet" qui n'a pas du tout le même impact dans l'
histoire de l'art du dix-neuvième siècle ? Et on pourrait faire la même analyse pour d'autres artistes : Millet par exemple, on a droit au Glaneuses mais pas à l'Angélus alors que ce tableau a eu une influence profonde sur toute la population française pendant presque un siècle ; encore au début des années 1960, on trouvait des boites de biscuits en métal avec une reproduction de ce tableau ; et même sans parler des biscuits (l'argument est faible mais symbolique), ni du calendrier des postes, c'est une des références iconographiques importantes dans l'oeuvre de
Dali. Idem pour Goya, passer à coté du Tres de Mayo ! c'est inadmissible ! Là, on n'est plus dans le jalon raté, c'est carrément la référence absolue, le point d'axe de l'histoire de l'Espagne, de la France et même de l'Europe, et la bascule pour Goya lui-même, en tant que personne et en tant qu'artiste.
Il me reste un arrière goût de déception pour ce livre qui me met très mal à l'aise et ce d'autant plus qu'on m'a demandé de l'utiliser comme ouvrage de référence pour mon enseignement alors qu'il y a là, assez clairement, la destruction de la vraie
Histoire de l'art pour une autre
histoire de l'art qui prend trop souvent des chemins de traverse très secondaires en montrant des oeuvres fades à la place de chefs-d'oeuvre à la puissance visuelle évidente.