Le livre de
Claire Gondor fait écho à celui de
Pierre Cendors «
Minuit en mon silence » et la longue lettre du lieutenant allemand ferait un beau voile à la robe que coud Leïla.
Leïla, jeune afghane et Stan, jeune homme au regard vert ont eu le coup de foudre l'un pour l'autre. L'une enthousiaste et l'autre taiseux se complètent et s'aiment. Je comprends que Stan est militaire, parti pour une guerre dont il ne reviendra pas. Leïla, sa jeune fiancée a décidé de coudre, sur sa robe de mariée, ils devaient s'unir pendant une permission, les courtes missives qui lui envoyaient son amoureux.
« Cinquante-six bouts de papier ; cinquante-six fragments blancs, sept mois de vie à distance, de serments de miel échangés, entre Khartoum et Paris. »
Pour ce faire, il faut qu'elle soit seule. Personne ne doit voir, personne ne doit savoir, personne n'a le pouvoir de l'aider
« Quels mots pour parler de l'absence, de cet espace inhabité où elle se tenait à présent ? Et ce projet fou, sa tentative à elle pour combler le vide, pouvait-il être compris ? C'était rigoureusement impossible. Leïla tissait son cocon à l'abri des regards. Toute intrusion menaçait son équilibre »
Leila coud
« fil noir au chat de l'aiguille dans la main tatouée de Leïla… Les mêmes gestes tous les soirs, les mêmes mains et leurs aiguilles, et cette robe qui s'évase sur le mannequin du salon, et cette boîte qui se vide, soir après soir, dans le silence.
A l'inverse de Pénélope, elle sait que son amour ne reviendra jamais de là-bas, de la guerre.
C'est sa façon de s'unir à Stan, sa façon d'accepter l'inéluctable, sa période de deuil à elle, toute seule dans son appartement, sa façon de faire face
« La vie n'attendait pas que Leïla se relève. Il fallait construire à présent, et rassembler les morceaux de son existence en miettes. Les reprendre à l'aiguille, les ramasser au fil, en suivant les courbes d'un patron de robe. Suturer la douleur pour la faire taire enfin. »
Claire Gondor a bâti, avec ses mots, une robe d'amour, un livre sur le deuil très beau, bouleversant, fragile comme les lettres cousues par les mains de Leïla.
Je termine ma première saison 68 premières fois sur un superbe livre.
Lien :
http://zazymut.over-blog.com..