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EAN : 9782283030547
96 pages
Buchet-Chastel (04/05/2017)
3.59/5   38 notes
Résumé :
"Alors elle l’a préparée, jour et nuit, sa robe de mariage, avec ses mots à lui, et si elle le pouvait, elle les coudrait à même sa peau, elle se les tatouerait à l’aiguille et au fil, sur les seins et sur les hanches, pour en sentir la morsure, pour ne jamais être distraite de lui."
Banlieue parisienne, années 2000. Soir après soir, Leïla se penche sur son chef-d’œuvre d’encre et de papier : une robe constituée des cinquante-six lettres que lui a adressées D... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des livres que l'on voudrait aimer.
Parce que le sujet.
Parce que l'objet.
Cette couverture délicate, très douce.
Cette idée de départ si belle. Une jeune femme, Leïla confectionne sa robe de mariée à partir des lettres envoyées par son fiancé alors loin d'elle.
Chacune des lettres, avant d'être assemblée aux autres, dans une sorte d'ordre chronologique et selon un plan pré-établi ravive des souvenirs, des moments passés à deux. Plus que des lettres, ce sont des morceaux de vie qui vont constituer le vêtement final. Au fil du montage, on en apprend un peu plus sur Leïla et Dan ainsi que sur la raison qui a poussé la jeune femme à procéder ainsi.
Alors ? Qu'est ce qui ne m'a pas plu ?
Disons que je n'ai pas été convaincue. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Un décalage entre une écriture trop précieuse, un style parfois ampoulé et un contenu très terre à terre. L'idée qui aurait nécessité de la simplicité dans l'exécution, une certaine épure est finalement gâchée par trop de lourdeur. J'ai regretté aussi une absence de psychologie fouillée des personnages ; ils ne sont qu'effleurés, du coup on ne vibre pas.
Dommage, c'était pourtant prometteur.
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Deux personnages principaux dans ce court roman.
Leïla, issue d'une famille de réfugiés afghans
Dan, son amour absent, parti dans un pays lointain torride d'où il lui écrit des lettres.
Elle coud ces lettres, soir après soir, pour faire sa robe de mariée.
Beaucoup de tact et de douceur pour écrire cette histoire.
On apprend tout par bribes, par réminiscences.
On suit la passion qui les unit
On découvre le milieu des réfugiés afghans.
Elle est douce et brisée Leïla.
Pourquoi est-elle brisée ?
J'ai beaucoup aimé me plonger dans cet univers étrange et solitaire tout en subtilité.
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Court roman? Longue nouvelle? Après tout qu'importe, puisque seul compte le plaisir que l'on prend à découvrir cette histoire aussi originale que prenante.
Tout commence par une séance photo dans un bel endroit à la campagne. Si le photographe est satisfait de ses prises de vue, son modèle, une jeune femme en robe de mariée, a le regard un peu perdu.
Mais on n'en saura pas davantage pour le moment, car Claire Gondor revient en arrière et nous entraîne alors dans le quotidien de Leïla. Au fil des pages, on comprend que cette jeune femme vit séparée de son homme. Dan est parti dans un pays chaud, laissant Leïla à une solitude bien difficile à combler. Toutefois, un peu comme au temps des croisades où les épouses comblaient l'attente du retour de leurs preux chevalier en effectuant des travaux d'aiguille, Leïla crée une robe avec son bien le plus précieux: les lettres qu'elles reçoit régulièrement de Dan et qui l'émeuvent tant. Elle ne sait trop comment est né cette idée, mais elle y voit un moyen de conjurer son sort funeste « La vie n'attendait pas que Leïla se relève. Il fallait construire à présent, et rassembler les morceaux de son existence en miettes. Les reprendre à l'aiguille, les ramasser au fil, en suivant les courbes d'un patron de robe. Suturer la douleur pour la faire taire enfin. »
Si on ne saura jamais vraiment quelle mission a été confiée à Dan, on va en apprendre un peu plus sur leur relation, leur rencontre, leur amour naissant et leur projet de mariage. On va aussi aussi découvrir que Leïla vient d'Afghanistan. Un pays qu'elle a fui avec sa famille et dont elle conserve la nostalgie. Des souvenirs entretenus par sa tante Fawzia, détentrice des belles histoires, des légendes et des recueils de poésie qui vont nourrir l'imaginaire de sa nièce autant que sa mélancolie.
L'auteur brode son récit jusqu'à la 54e et dernière lettre, posant en quelque sorte la dernière pièce d'un puzzle qui révèle alors l'oeuvre dans sa totalité. C'est finement joué, tellement même que l'on aurait aimé suivre cette belle langue encore un peu plus. Après avoir publié des recueils de nouvelles et des poèmes, c'est un peu comme si Claire Gondor n'avait pas osé franchir totalement le pas vers le «vrai» roman. Quoiqu'il en soit, on se réjouit de cette découverte et on attend le prochain roman, plus étoffé, avec impatience !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Admirable, le coeur à l'aiguille est un premier roman admirable.
Fragile, gracieux, gracile. Comme cette robe de papier cousue mains avec les mots d'amour griffonnés par l'amoureux, parti loin, exilé du cocon, pour des missions terrestres dont on devine la rudesse et le réalisme cruel.
En brodant, Leïla raconte son attente, se souvient leur rencontre, se prépare aux fiançailles, et tisse mot après mot la robe de son bonheur, de sa douleur.
Avec à la fois peu de choses, peu de description sur les personnages, leurs psychologies, leurs récits de vie, l'auteure réussit à nous transmettre beaucoup de leurs sensibilités et univers, sans doute grâce à une écriture d'orfèvre, aux mots ciselés.
L'histoire est contemporaine mais il s'en dégage un parfum d'intemporalité. Leïla fille de la ville, très urbaine et féminine, ancrée dans son temps et porteuse d'une autre culture, d'un ailleurs lointain transmis par sa famille présente et chaleureuse. Dan garçon de la campagne, provincial taiseux, fils choyé sans emphase. Et pourtant cet habit cousu, filé, greffé au corps car les mots portent un sens et s'incarnent à même la chair ; oui cet habit pourrait avoir été écrit à d'autres époques, même lointaines, tant la préciosité rappelle le chant d'un amour courtois perdu, tant la poésie convoque les envolées des grands romantiques, et n'est pas loin l'image d'une Pénélope tisserande dans le tourment intérieur d'une attente infaillible.
« Elle avait fait le choix du cloître, un serment intérieur la retenait recluse parmi ses aiguilles, et ses coupons de papier, mais, un jour ou l'autre, il lui faudrait bien reprendre le cours de sa vie. Sans rien trahir, sans se renier, sans oublier l'intensité des moments vécus, il faudrait bien qu'elle trouve la force de passer sur l'autre rive, celle des vivants. »
La nuit, le silence, la torpeur d'un été, la patience et l'ardeur de l'ouvrage sont admirablement retranscrits. C'est aussi un roman d'ambiance, une lenteur passionnée dont on devine de suite le drame qui se joue, dont on sait irrémédiablement l'issue. Et pourtant on accompagne Leïla dans son recueillement presque religieux, voué à son amour ; on chemine, on retient son souffle, on tremble.
« Elle pressentait de quelle ascèse et quelle intériorité était tissé ce projet. Elle savait déjà confusément quel grand silence il faudrait nourrir en elle, jour après jour, pour mener à bien son dessein secret. Palier par palier, atteindre les abysses. Strate après strate, expulser l'inutile. »
Ce roman est beau. Malgré un coeur fendu, le palpitant persiste dans le rythme de l'aiguille ouvrière et en fixant les coutures, en soignant les finitions, ouvre sur un espoir.
« Un ruban de mots perpétuel, une bobine de souvenirs qui se déroulerait, éternelle, autour de son corps orphelin. Sa double-peau ou linceul, robe de noces ou de tombeau…il lui faudrait choisir, plus tard, quelle couleur donner au passé. »
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Coup de coeur pour ce sublime roman, je vous explique :

Les premières pages s'ouvrent avec une prise de vue sur une femme, une mariée. le photographe cherche l'angle parfait, la qualité de la lumière et l'harmonie des couleurs dans un décor choisi avec goût pour donner au cliché la dimension de l'exceptionnel. Et puis, subitement, ses yeux, rivés sur lui dans l'attente de son assentiment, donnent à son regard une puissance incommensurable, une scène d'une profonde intensité, d'une très grande sensualité. "La photo serait belle, assurément." Qu'en est-il du fiancé ? Invisible à cet instant, et plus encore... Leïla, c'est le prénom de la femme photographiée, elle va se lancer dans la réalisation d'une création, elle cout, non pas du tissu, mais une cinquantaine de morceux de papier sur lesquels sont écrits des mots, signés de lui, comme autant de preuves de l'amour qu'il lui voue. Ce chantier, c'est un peu comme une thérapie pour panser ses plaies.

Claire GONDOR dresse un très beau portrait d'une femme éprise d'abnégation et de fantaisie alors même qu'elle sombre dans une profonde douleur. Quel courage, je suis ébahie. La jeune femme, couturière, prend appui sur la technique qu'elle maîtrise depuis sa tendre enfance pour sortir la tête de l'eau et bénéficier d'une respiration. Elle se lance dans une formidable aventure, tout en beauté, un chantier qu'elle a mûri, pensé avant de le réaliser, impossible pour elle de se mettre en échec. La création, véritable instinct de survie !

Alors qu'elle s'attache à localiser avec soin chaque petit morceau de papier qui la lie encore à son amoureux, Leïla se souvient de tous ces moments de passion partagés avec Dan. Tous les sens sont convoqués, le regard, le toucher, l'odorat aussi avec une intensité décuplée la faisant tressaillir jusque dans son intimité la plus profonde.

J'ai été très sensible à la qualité des silences et leur pouvoir fusionnel entre les êtres.

Mais plus encore, ce qui m'a beaucoup émue, c'est l'expression de l'exil et de tout ce qu'il peut recouvrir comme douleur liée au déracinement.

Ce 1er roman de Claire GONDOR est une pure merveille, je vous en dis plus sur le blog !
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'avait jamais imaginé qu'un parfum pût l'émouvoir à ce point, qu'il pût l'appeler tout entière, la mettre en mouvement, faire tressaillir son ventre. Son odeur comme un coup de sifflet la convoquant-sur-le-champ. Elle aurait pu passer des heures à le respirer ainsi, muette, le souffle court, les reins noués, jusqu'à sentir en elle quelque chose s'élargir, un instinct prendre forme, une faim brutale, carnassière, sans bride montrer soudain les crocs. Son odeur singulière, sa signature, attisait chez Leïla le sauvage. (p. 48)
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"C'était toujours le même rituel : elle s'imprégnait d'abord de la lettre de Dan, la lisait lentement une fois, puis une autre fois encore. Chaque mot comptait, chaque signe ; elle fermait les yeux, se laissait emporter par le rythme des phrases , tantôt heurté et tantôt lisse, par leurs sonorités, leur apparente rudesse - tous ces sons qui en bouche avaient la rondeur d'un cocon rassurant, un abri tout chaud, ces mots qui chuchotés luisaient dans la douceur même des premières confidences devenaient aux confins de la rêverie des façades hérissées de herses, des territoires étranges, inconnus, voire hostiles, un pays merveilleux où dans les grottes se tapissent des dragons édentés et des chevaliers stupides. Tout cela tourbillonnait un moment de sa tête, c'était un ballet de mots et de sons, de syllabes qui finissaient par s'entrechoquer et s'amalgamer sans logique. Le sens n'importait plus. "
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Fil noir au chas de l'aiguille dans la main tatouée de Leïla; cinquante et unième lettre dans la main vierge, dans la main gauche de Leïla. Fil, noeud, dent, ciseaux. Les mêmes gestes tous les soirs, les mêmes mains et leurs aiguilles, et cette robe qui s'évase sur le mannequin du salon, et cette boîte qui se vide, soir après soir, dans le silence.
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Oui, à chaque coup d'aiguille monte un souvenir, une odeur, une sensation de cette journée-là, de ce moment d'enfance passé avec Dan à la foire de printemps. A chaque pointe d'aiguille perforant le papier blanc, c'était l'image de Dan léchant ses joues poisseuses qui surgissait.
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« Elle avait montré à sa nièce qu'elle n'était pas son chagrin, qu'elle ne lui était pas éternellement associée. Au-delà ou à côté, subsistait une part d'elle-même intacte, radieuse, une Leïla avide de fables et d'évasion. […] Tout passe, tout s'évapore. Les larmes aussi. »
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