L'Epervier : Archives secrètes

Pirate ou corsaire? Ayant été alternativement l'un et l'autre, Yann de Kermeur symbolise à lui seul les ambiguïtés de ces deux statuts.
Quand le pirate peut, sans foi ni loi, attaquer n'importe quel pavillon de n'importe quelle nation, dans le seul but d'un profit immédiat et personnel, le corsaire est, lui, contraint par un cadre strict. Une lettre de marque ou de course, nominative et signée du roi ou du ministre de la Marine, l'autorise à combattre exclusivement les navires des pays contre lesquels sa nation est en guerre, au risque d'être sévèrement sanctionné en cas d'infraction. Mais dans la réalité, les exemples sont nombreux où, en pleine période de paix, Français, Anglais et Espagnols outrepassent ces règles plus ou moins discrètement. Ainsi les corsaires anglais n'hésitent pas à agresser les navires français qui se rendent aux Antilles. Yann en fit lui-même l'expérience lors d'un voyage à la Martinique. (...) Pourtant, Yann de Kermeur lui-même n'est pas exempt de tout reproche, et dans un de ses propres carnets de bord, un des rares qui nous soient parvenus, nous avons trouvé trace d'un événement où la frontière entre pirate et corsaire est bien ténue.

La cicatrice qui balafrait son fil, la discrète boucle d'oreille qu'il portait en permanence jointe à un passé mystérieux et à l'aura de ses exploits ne pouvaient manquer d'attirer sur le chevalier le regard intéressé et amoureux des femmes.