Lettre à D.

j'en sors le souffle coupé. Magnifique lettre d'amour qui donne envie de connaître l'homme et surtout la femme à qui sont adressés ces lignes.

Très touchant témoignage de vie de couple de ce philosophe français. J'avais essayé de lire le texte sans succès mais il est revenu par mes oreilles à la faveur d'une émission de radio publique ; l'heure bleue. Lu par petit bout sur 5 épisodes, il permet de comprendre comment Daurine, grâce à sa présence bienveillante et discrète, permet à ce penseur contemporain d'écrire des choses sur le monde du travail, l'écologie et l'anti-capitalisme extraordinairement d'actualité. La fin de leur histoire est à l'image de ce couple, uni jusqu'au bout.

André Gorz écrit depuis presque toujours. Longtemps, il s'est adressé aux hommes avec l'idée qu'il lui fallait être au coeur des débats, sur l'existentialisme, dans la critique du capitalisme comme dans l'écologie politique. Longtemps, il a cru que ce qu'il disait en public, que ce qu'il soutenait au fil de ses écrits suffisait à marquer son engagement en toutes choses et à rendre ainsi la vie vivable. Longtemps, il a appréhendé les rapports d'amour et de couple du côté de l'aliénation, je ne m'aimais pas de t'aimer, ruminait-il pendant que Dorine la compagne aimante de tous les jours patientait dans l'antichambre, come to bed disait-elle au milieu de la nuit, d'ont be coming, come ! Longtemps, il s'est demandé par quel bout prendre l'existence, comment entrer en résonance sans être présent, comment brandir un étendard sans battre en retraite, comment à la fois être et manquer à l'autre, comment être dans le manque de l'autre, comment s'arranger de la division et de l'altérité. Longtemps, il est resté sur la marge, captif de la seule idée de l'amour, assujetti au principe d'un possible bonheur universel. Longtemps, il a été tenaillé par l'angoisse d'une séparation et longtemps il a souffert de la dispersion de ses sentiments. Longtemps, la question du don et de la perte ont taraudé l'homme de raison, l'homme accaparé par l'intellect, cet intellect qui tue elle. Et puis le temps est venu où l'exigence de l'amour, celle qui se révèle dans l'intimité et s'amarre sous les frissons, est devenue décisive, incontournable. Et André Gorz d'écrire, alors qu'approche la fin, une fabuleuse histoire d'amour. Et être enfin l'être à D.
Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien.

Ce texte court et intense est une longue lettre adressée par André Gorz, philosophe, à sa femme, Dorine. Il s'agit ici d'une déclaration d'amour. André Gorz explique et témoigne de tout ce que sa femme lui a apporté et ce qu'ils ont fait ensemble. C'est un texte sincère motivé par une culpabilité ancienne. Dans un essai publié plusieurs décennies auparavant, André Gorz dressait un portrait de sa femme dans lequel il prenait de très grandes libertés. Ce mensonge semble être tellement contraire à leur couple qu'il tient à revenir rétablir la vérité.

Revenant sur des moments marquants et sur les choix essentiels de leur couple, André Gorz fait le récit d'une construction d'un amour. Il leur fallu franchir certaines étapes comme le mariage. Cette décision anecdotique à première vue trouve un réel impact dans la narration. Il explique qu'il était contre et que Dorine l'a convaincu. Leurs deux points de vue se sont opposés : il y voyait une forme d'obligation, là où elle pensait une suite logique à leur amour. le mariage imaginé comme convention sociale devenait un signe extérieur de leur relation. Pour Dorine, la raison était simple : ils s'aimaient tellement qu'ils voulaient rester ensemble et donc se marier.

Au fur et à mesure de la lecture, nous découvrons une union de plus en plus forte qui ne sacrifiait pas les individualités mais les mettait en valeur. Une union de deux volontés, de deux esprits, de deux univers qui ont choisi d'être ensemble, affrontant et assumant toutes les épreuves.

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André Gorz l'homme aux milles vies, milles noms mais un seul amour : Doreen.
De son vrai nom Gerhard Hirsh, pseudonyme de Michel Bosquet co fondateur du Nouvel Observateur.
Dans ce court récit écrit en 2007, il écrit une longue lettre à l'amour de sa vie avec qui il a partagé 58 années de sa vie.
Il retrace toutes les années d'amour, de rencontres, de changement, leur amour reste intacte jusqu'au dernier moment puisqu'ils décidèrent de se suicider ensemble dans leur maison de campagne.
Doreen est condamnée par la maladie et André ne se voit pas vivre sans elle.
« Je ne peux m'imaginer continuant à écrire si tu n'es plus. Tu es l'essentiel sans lequel tout le reste, si important qu'il ne paraisse tant que tu es là perd son sens et son importance » page 80
Page 64 il cite Kafka : »Mon amour de toi ne s'aime pas » Je ne m'aimais pas de t'aimer

@emiliefreche dans son livre « Les amants du Lutetia » cité quelque fois ce livre, c'est ce qui m'a donné envie de le lire et je ne regarde pas.

J'ai trouvé ce livre très imposant de son contenu et son contexte si bouleversant. Je le recommande totalement ; il explore le point de vue de l'auteur, raconte la rencontre et la relation qui s'est développée entre les deux amoureux. Ses mots sont puissants, vibrant et touchant.

J'ai simplement adoré ce livre. A lire quand on sent un certain vague à l'âme, rempli d'incertitude d'être aimé.
Cette oeuvre littéraire est rempli de douceur, de tendresse, d'un Amour inconditionnel, ce qui du baume au petit coeur.

J'ai apprécié la plume de l'auteur, son écriture est, pour moi, limpide.

Ce fut un de mes coups de coeur de 2023.

Une lettre d'amour d'un homme à sa femme ; ils ont tous deux plus de 80 ans et partagent leurs vies intensément depuis plusieurs dizaines d'années. L'écrivain-philosophe semble demander aussi pardon pour une forme d'ingratitude à l'égard de son alter ego, notamment pour l'image erronée et injuste qu'il a pu véhiculer d'elle et de leur amour dans ses écrits. Ce texte est une véritable déclaration d'amour et prend encore plus de force quand on sait que ce couple a fini par se suicider lorsqu'elle fut trop atteinte par une maladie incurable...

Très belle histoire d'amour, très bien écrit et émouvant. J'aurais pu mettre 5 étoiles, mais M. Gorz est trop orgueilleux à mon goût, ce qui par moment entache le texte.

Sublime déclaration d'amour