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EAN : 9782376620716
228 pages
C&F Editions (08/02/2024)
4/5   3 notes
Résumé :
Gouverner, un pays, une ville, un service, c'est disposer de données pour choisir les orientations et évaluer les résultats. Dans l'équilibre entre pouvoirs et contre-pouvoirs, l'accès direct aux données est indispensable à la participation citoyenne. La démarche de l'open data a été initiée il y a une vingtaine d'années, en commençant par les données scientifiques pour s'étendre aux données géographiques, économiques, sociales, aux informations émanant de la puissa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
LES DONNÉES DE LA DEMOCRATIE : open data, pouvoirs et contre pouvoirs. (Samuel Goëta C&F éditions)

Samuel Goëta est sociologue et maître de conférences à Science Po Aix.
Il déroule dans « Les Données de la Démocratie » une étude passionnante sur le Mouvement de l'Open Data, qui propose un accès libre aux données numériques structurant avec abondance aujourd'hui la République Numérique dans laquelle nous vivons. Plus proche de la thèse de Doctorat que de l'essai médiatique, le livre n'en est pas moins passionnant et de lecture fluide, aisée même pour le non initié. L'étude est à la fois historique et critique sur ce que sont les données numériques, à quoi elles servent, où nous les trouvons ou pouvons les trouver, c'est une exposition d'un accès à la connaissance, dans tous les domaines, qu'ils soient administratifs (beaucoup) mais aussi de la vie courante, domestique et pratique (les informations sur les produits manufacturés, sur les documents accessibles pour la vie pratique, la botanique comme les données économiques, politiques, géopolitiques… ), tout un monde à part entière de données dont nous avons un besoin constant sans pour autant savoir où les trouver, comment les utiliser, les manipuler, les exploiter. Plus politique qu'il n'y paraît, et même si l'auteur ne se défend pas de la nécessité d'exploiter toutes ces masses de données, pour les rendre accessibles et
transparentes à tous, on peut peut-être lui reprocher de ne plus nous balader en dystopie mais dans un monde (hélas ?) désormais devenu Notre Monde. Et plutôt que de contrer cette réalité, mieux vaut l'utiliser pour mieux creuser les sillons d'une nouvelle démocratie. Ce qui reste à discuter. L'Open Data est la mise à disposition de tout un chacun de toutes les données disponibles dans la marchandise et le grand bazar de l'Information. Ainsi Barak Obama lorsqu'il a signé en 2009 deux mémorandums sur l'Open Gouvernement visant à sortir de l'opacité des informations sur les guerres d'Irak ou d'Afghanistan. Toute la première partie de l'ouvrage décrit la naissance et l'émergence de l'open Data à l'étranger comme en France. Plusieurs grandes métropoles lancent leur open data dès 2011, Paris, Nantes ou Montpellier. L'auteur, optimiste, montre comment les outils de l'IA doivent permettre d'utiliser à bon escient les masses de données éparpillées disponibles. Il montre aussi comment ces données peuvent faire peur au point de voir Donald Trump effacer le portail de la Maison Blanche après son élection. Autre point cardinal du livre, la pandémie de Covid 19 en France se révèle un moment charnière et l'auteur décrit avec justesse comment l'exploitation de données désorganisées et assemblées par des amateurs éclairés ont pu donner lieu à la création de portails hyper pointus comme Covid Tracker ou « Vite Ma Dose ». La mise en perspective est passionnante lorsque l'auteur présente l'open data comme une arme anti-complotiste. On peut aussi voir comment l'administration de la santé a pu récupérer des plates-formes open sources alors qu'elles étaient, elles- mêmes dépourvues d'outils pour évaluer la progression de la pandémie comme le niveau de la vaccination en France. L'auteur tente une analyse critique de l'Open Data dans des domaines aussi variés que les inégalités territoriales sur la vaccination, sur les moyens réellement affectés aux réseaux d'éducation prioritaire ou la réalité de la présence des élus dans les collectivités territoriales, la transparence sur les marchés publics, sur l'accès des documents administratifs face à une administration peu formée à l'ouverture ou à lâcher ses prérogatives. L'Open Data peut selon Samuel Goëta se révéler un « nouveau pétrole », avec un gisement de richesses insoupçonné en termes de croissance et d'emploi. Cette partie ne m'a pas paru la plus convaincante du livre. Mais pourquoi pas ? Il décrit très bien les obstacles qui se dressent à la mise à disposition des données et à leur utilisation par tout un chacun. La troisième partie du livre m'a paru beaucoup plus convaincante par la force des propositions de l'auteur, d'abord pour un meilleur accès , plus libre aux sources, et pour améliorer les règles de la vie démocratique en France. Il décrit très bien les stratégies pour l'octroi des informations, y compris les stratégies de contournement lorsque l'on se heurte à un mur et à des résistances pour obtenir ces informations, comme celle du « scraping » pour extraire de pages web des informations utiles et recherchées. le livre est truffé d'exemples pratiques comme l'enquête de l'UFC « Que Choisir » qui par ces techniques-là a pu analyser les dépassements d'honoraires des cabinets médicaux sur Ameli , donc des études que même l'administration ne s'était pas risquée à faire. de même pour la Cimade, association de réfugiés et de demandeurs du droit d'asile, l'association par le biais de robots a pu analyser les masses de données dans les préfectures et prouver que même en situation régulière des réfugiés ne pouvaient obtenir de rendez-vous afin d'obtenir des visas de long séjour. de là, la contestation administrative pouvait se révéler plus efficiente. Idem pour le travail du réalisateur David Dufresne , compilant pour Médiapart les violences policières à l'encontre des Gilets Jaunes et les assortissant de signalements à la Place Beauvau, l'arroseur arrosé !
Ce monde des datas est un univers tentaculaire et kafkaïen, qui ne peut que faire peur au non initié. L'auteur développe dans les dernières pages de son livre, de nombreuses pistes pour rendre plus exploitables ces données comme le crowdsourcing par exemple, l'amélioration et surtout la qualité des données, problème majeur et qui va se poser de plus en plus dans les années à venir. Ou encore la place des données au cours des politiques publiques, la formation à l'usage des données, par exemple à l'école. L'auteur tient un discours plutôt équilibré puisqu'il n'élude pas la piste du renoncement aux données et la dé-numérisation de la société, même si cela lui/nous paraît désormais complètement utopiste. On a envie d'ajouter hélas ! Selon lui, l'utilisation massive de l'Open Data, peut constituer un creuset pour améliorer et donner un sang neuf aux règles démocratiques, en berne, c'est le moins qu'on puisse dire, dans nos sociétés. Approfondir la démocratie par l'Open Source, grâce à l'utilisation massive des données par des organismes comme l'Oxfam, Greenpeace ou l'Affaire du siècle peut-elle être à même de créer un contrepouvoir par des contre règles, au Capitalisme Numérique ? Rien n'est moins sûr, on aimerait partager l'optimisme de l'auteur.
Si nous sommes convaincus aujourd'hui que tout est piratable, et donc manipulable, comme effaçable, nous devons reconnaître que nous n'avons pas d'autre choix que de promouvoir la liberté absolue des données. Cela ne se fera pas sans mal, sans résistance. Connaîtrons-nous, par exemple, un jour les contenus des comptes secrets des banques offshore et tout ce qui en découle ? On aimerait bien.
J'ai trouvé le livre plus technique que politique, plus descriptif et exhaustif que critique. Si on apprend énormément de choses à travers des exemples pratiques, point fort de l'ouvrage, on aurait peut-être aimé une contre plongée plus profonde de l'auteur pour projeter dans le futur l'usage que chacun pourra faire , s'il est formé à cela, à l'exploitation des données libres. N'oublions pas de façon très basique, la fracture numérique qui en France touche 13 Millions de personnes.
Enfin la question demeure: ces données resteront-elles réellement libres, ou simplement présentées comme telles ? La manipulation des cerveaux comme des données n'est pas la dernière arme du capitalisme.
En tous cas, un livre souvent aride mais passionnant, érudit pour lecteur aguerri !
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Une lecture attentive et passionnante vous attend !
A la réception de cet ouvrage par la masse critique (que je remercie), je me suis dit qu'il allait me falloir du temps pour digérer cet essai. Et puis, quand je me suis lancée dans sa lecture, j'ai été conquise et me suis surprise à corner de nombreuses pages.
"Les données de la démocratie" de Samuel Goëta est un ouvrage qui fait réfléchir. Il est d'une lecture accessible, le plan clair et les nombreux exemples concrets facilitent la compréhension de la thèse de l'auteur.
Oui, on le sait, toutes nos données récoltées valent de l'or, elles sont jalousement gardées et monnayées par les grands noms du numérique, alors pourquoi vouloir offrir librement à tous, les données publiques ? Pourquoi les Etats et administrations ne pourraient-ils pas les vendre eux aussi ?
L'auteur, fervent militant de l'ouverture des données publiques nous l'explique alors simplement, mais il faut quand même être bien concentré !
Tout d'abord, on découvre l'historique du mouvement, avec notamment le rôle important de Tim Berners-Lee et son modèle des 5 étoiles qui fixe les règles de l'ouverture des données brutes. On poursuit avec un bilan critique sur les moyens mis en place par les Etats et administrations et les retombées économiques plus ou moins convaincantes de cette ouverture . Enfin, on termine avec des solutions proposées pour développer ce mouvement.
On découvre l'importance de la loi "pour une république numérique" de 2016 en France obligeant une ouverture des données dans les administrations et le rôle du Covid dans le développement de ce mouvement.
On découvre aussi l'importance de ce mouvement de l'open data et tout ce que l'on peut faire et ce qui se fait avec les données ouvertes : créer des services numériques, aider à la décision et l'évaluation, garantir la transparence dans une démocratie et la renforcer.
C'est un mouvement puissant soutenu par des citoyens ou associations citoyennes très actifs.
J'ai relevé la définition de la data littéracie et été particulièrement attentive au chapitre sur le développement de la culture de la donnée.
Même si Samuel Goëta est un convaincu de l'ouverture des données, il nous montre qu'il peut y avoir aussi un risque de contrôle ou de manipulation. Les dangers sont donc abordés également.
Je remercie cet auteur d'avoir vulgarisé ses idées et de nous rappeler que la maîtrise des données apporte une grande puissance qui bien employée permet de faire vivre et grandir la démocratie.
Je remercie C&F éditions pour l'envoi de cet ouvrage.
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Le livre de Samuel Goëta est étayé de nombreux exemples d'utilisation des données par des associations, citoyens ou journalistes, majoritairement dans des cas ayant permis de "soulever un lièvre". Ces nombreux exemples constituent incontestablement le point fort de cet ouvrage.

L'utilisation des données lors du confinement lié à la COVID-19 en 2020 est probablement l'exemple le plus marquant, tant il résume à lui seul tous les enjeux de l'ouverture des données: difficulté d'accéder à des données pertinentes et dans un format exploitable, d'abord, mais dont le traitement permet in fine de remettre les décisions politiques en perspective, ensuite.

Je dois avouer avoir survolé la partie historique, fortement marquée dans sa deuxième partie par un contexte franco-français (qui ne parle pas à la lectrice francophone hors Hexagone que je suis). Sauf erreur, il manque notamment d'un éclairage sur la position législative de l'Union Européenne (s'il y en a une...) et, pourquoi pas, d'un comparatif de l'état d'avancement des autres pays non-anglosaxons.

Enfin, la dernière partie de l'ouvrage aborde les perspectives d'évolution pour une politique d'ouverture des données plus large. Bien qu'intéressantes, j'ai trouvé qu'il s'agissait d'un résumé des obstacles évoqués dans les deux parties précédentes et j'aurais aimé un détail plus exhaustif du crowdsourcing, une nouvelle méthode de récolte des données "hors canaux officiels" tellement impliquante en termes de démocratie participative.

En conclusion, ce livre est un bel ouvrage de référence, qualitatif et étayé, pour tout qui s'intéresse à la politique d'ouverture des données. Et ce malgré, selon moi, quelques développements supplémentaires manquants pour le lecteur déjà familier de la thématique. Je remercie Babelio et les éditions C&F de m'avoir permis la lecture de cet ouvrage.
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