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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Du roman de l'archéologue-historien Christian Goudineau, je n'attendais pas grand chose d'exceptionnel. Et je n'ai, en effet, rien ressenti d'exceptionnel lors de ma lecture. Cependant, loin de m'avoir bouleversée, tourmentée, chagrinée ou tout simplement bien émue, ce livre s'est néanmoins ouvert à moi d'une manière très paisible et affectueuse. D'une manière érudite également. Il faut dire que le Monsieur qui l'a écrit est un savant sur la question, et tout dans le style, la plume ou les explications entreposées dans la bouche d'un précepteur (Philodoros) laissent sous-entendre que l'auteur en sait bien plus sur la question, que cela n'est qu'un préambule à un savoir plus grand encore. Spécialiste de la Gaule romaine, Goudineau nous entraîne alors avec lui dans les subtilités d'une campagne électorale antique, à la fois loin de nos habitudes et de nos préjugés et plus proche de nous que nous pourrions l'imaginer.

L'histoire prise en elle-même est simple (le livre l'est aussi) : Marcus, le fils d'un Magistrat de la Gaule Aquitaine (la Gaule était alors divisée en trois parties), alors âgé de douze ans, part avec son père à la conquête de futurs électeurs pour ce dernier qui vise le titre de sacerdos (celui qui gère et organise le culte de l'empereur à Condate, sur les rives de Lugdunum). le voyage les mènera d'une ville inconnue (proche d'Augustonametum, c-à-d Clermont-Ferrand aujourd'hui) jusqu'à Lugdunum (Lyon), lieu de l'élection. le père, le fils, son précepteur Philodoros, quelques gladiateurs embauchés sur le tas pour la sécurité, passent également par Mediolanum (Saintes), Burdigala (Bordeaux), Tolosa (Toulouse), Narbo (Narbonne), Nemausus (Nîmes), Arelate (Arles), Arausio (Orange), et Vienna (Vienne). En faire la liste est important : le voyage, raconté sous forme épistolaire, est ponctué par ces arrêts dans chacune des villes que nous découvrons ainsi dans leur ambiance de l'époque, leur habitudes, leurs moeurs et leurs liens sociaux.

Revenons sur la correspondance : si je suis en générale assez réticente à cette forme d'écriture dans le roman, je me suis étonnamment laissée prendre au jeu des lettres de Marcus se succédant les unes aux autres et destinées à différentes personnes (tantôt sa mère, ses cousins-cousines, son oncle, un ami proche, etc.) J'ai donc accepté le pari que le roman serait ainsi doté de plus de réalisme.
Aux lettres impassibles et inébranlables de Publius (le père de Marcus) à sa femme, se trouvent les lettres du fils, véritable personnage principal de ce roman, qui utilise la plupart du temps un ton badin et enjoué dans presque toute situation. On prend plaisir à se laisser guider par ce jeune homme, qui comme nous, découvre avec ses yeux innocents le monde dans lequel il est né, dans lequel il grandit, dans lequel il va devoir s'habituer à vivre et faire ses preuves. L'idée est bonne : de part les explorations de cet enfant, l'auteur peut nous expliquer doucement et sur un ton pédagogue les choses qui l'entoure ; c'est-à-dire le monde de la Gaule romaine au IIe siècle ap. J.-C. le précepteur qui l'accompagne pour perfectionner son éducation et ses connaissances, est également le nôtre. Chaque ville permet à Philodoros de nous enseigner quelque chose, sur des coutumes, des stratégies politiques, des faits historiques ou mythologiques, etc. Et c'est la principale magie de ce livre : on apprend en lisant de manière légère, sans même sans apercevoir parfois. Si mes bases en la matière ne sont pas trop mauvaises, j'ai quand même pris un grand plaisir à voir des connaissances ou des détails que je connais replacés dans leur contexte, ou s'agrémenter de certaines anecdotes inconnues. Et surtout, j'ai pu réviser mes connaissances du monde politique romain (et gaulois surtout) et des différents statuts, relations, rites, qui étaient pratiqués à l'époque dans les hautes sphères du politique.
Evidemment, la dimension romanesque est aussi à prendre en compte. Marcus accompagne ses lettres de détails souvent drôles ou cocasses sur ses pérégrinations de ville en ville, et de rencontre en rencontre. C'est le deuxième point positif de ce livre : il nous mène, en plus de nous apprendre des choses, dans une expédition -romancée certes- mais qui ne manque pas de charme ni d'enchantement. Cela nous rappelle, je pense, ce monde que nous sentons encore exister en nous, sous nos pieds, dans la pierre, et qui disparu à jamais, ne cesse de faire entendre les pulsations de vie qui germent toujours de ses ruines.
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Ce roman n'a rien à laisser. A travers le voyage de Marcus au(x) côté(s) de son père, on en apprend bien plus sur la civilisation romaine qu'en un essai. Et c'est peut-être là la magie de cette fiction: nous transmettre un savoir en le replaçant dans le contexte et en l'animant. Des retranscriptions du quotidien des Romains de tous âges, de la description d'une campagne électorale, de l'amitié et des relations familiales entières, voici une liste non exhaustive de ce que nous apporte ce roman. le format épistolaire se prête particulièrement bien au jeu du voyage, surtout quand le petit Marcus raconte ses découvertes à sa mère, son cousin ou son ami. Les lettres de son père dramatise l'histoire sans pour autant la grossir.
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Dans l'Empire romain du 2e siècle après J.C. : le voyage du fils d'un magistrat gaulois.
La vie quotidienne, les luttes pour le pouvoir, la violence de la Gaule.
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«Le voyage de Marcus» se déroule au temps de la Gaule romaine.

Le père de Marcus est un homme politique, qui veut encore gravir quelques marches dans la hiérarchie de l'empire. S'il veut monter, il devra d'abord être élu. Pour asseoir sa renommée, il décide de rendre visite aux gouverneurs des provinces romaines du sud de la Gaule, afin de les convaincre de voter pour lui. Cet homme ambitieux décide d'emmener avec lui son fils Marcus, 12 ans, un enfant intelligent, cultivé et —cela va de soi avec un tel père!— promis à un bel avenir.

Le point fort de ce roman, c'est la reconstitution de cette lointaine époque, qui donne l'impression de voyager à travers les villes, à la rencontre des habitants. Christian Goudineau (1939-2018) a su trouver un juste équilibre entre l'histoire qu'il voulait raconter et les connaissances qui étaient les siennes, qui ne deviennent jamais envahissantes.

Là où je suis moins enthousiaste, c'est sur son choix de tout raconter par les lettres que s'échangent les protagonistes. J'ai trouvé que ce procédé limite les possibilités narratives (linéarité du récit, aspects psychologiques peu développés).

Globalement, «Le voyage de Marcus» est un roman original qui se lit assez bien, et laisse le souvenir d'un périple à travers ce qui deviendra beaucoup plus tard, la moitié sud de la France.
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Le professeur Christian Goudineau profite du voyage de Marcus et de son père Publius à travers la Gaule Romaine pour nous apprendre un tas de choses sur le monde romain du 2e siècle après JC. Ce roman est tout à fait passionnant. Pour ma part j'ai été très impressionné par la description des jeux donnés en l'honneur de Publius à la fin du livre. Le nombre de victimes qui sont torturés et exécutés dans l'arène devant la foule enthousiaste (dont le héros Marcus) est considérable. Cela m'a irrésistiblement fait penser aux flots de sang des sacrifiés dévalant la pyramide aztèque de Tenochtitlan devant le peuple en liesse décrits par Hernan Cortés. Et plus récemment aux génocides des juifs et des tutsis... Décidément les humains sont les mêmes partout et de tous temps.
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