La vie des pauvres (...)
On travaille jusqu'à dix-sept heures par jour, hommes, femmes, marmots dès l'âge de six ans. La retraite ? On n'en rêve pas. Pourquoi ? C'est simple. On ne sait pas ce que ce mot-là signifie. On reste attelé à l'ouvrage de la petite enfance. (...) Bref, on estime en ce temps-là l'espérance de vie d'un pauvre de quinze à vingt ans inférieure à celle d'un bourgeois banal. (p. 38-39)
Le père Lamennais fut excommunié et ses -Paroles d'un croyant- estimées impies par l'Eglise. Qu'importe. Louise, ce soir-là, découvre son saint Evangile. Elle le baptise de ses pleurs. De sa vie elle n'en aura d'autre. C'est ce livre cent fois relu qui lui a ouvert le chemin dont elle ne déviera jamais. [Livre de poche, avril 2016, p.22]
Eduquer, première exigence.Le savoir est l'arme imparable.Quand l'esclave aura découvert qu'il n'y a pas de fatalité à vivre soumis à son maître, le pas décisif sera fait.
Nous voulons tout, dit-elle. Tout. Une justice vertueuse, du pain pour les nécessiteux, des écoles pour les enfants, des abris pour les va-nu-pieds, et des musiciens, des poètes, des médecins enthousiastes, des découvreurs émerveillés, des explorateurs intrépides.
Nous ne valons pas mieux, sachez-le, que les hommes. Simplement le pouvoir ne nous a pas encore gâtées et corrompues.
Chez grand-père, autre son de cloche. Voltaire raille et Hugo tonne, on moque, on fustige, on déteste l'empereur Napoléon III, autrement nommé Badinguet. (...) On espère la république, la vraie, intègre et fraternelle. On respecte sans doute Dieu mais on croit au génie des hommes, à la science, aux savoirs futurs plus qu'aux homélies du dimanche. (...)
Elle doit cette grâce à un homme autant fameux que décrié, dont l'œuvre suscite en ces temps d'homériques enthousiasmes: Hughes-Félicité Robert de Lamennais, prêtre républicain, mystique et libertaire. En 1834 il publie un prêche étonnant, -Paroles d'un croyant-, qui à peine paru bouleverse partout en France et en Europe, les cercles littéraires et les clubs de penseurs. [Livre de poche, avril 2016, p. 20-21 ]
La Révolution difficile qu'elle rêve de voir advenir n'aura jamais qu'un ennemi : le malheur né du désamour, de l'absence de compassion, de la terrible indifférence aux souffrances dans les regards que l'on ne veut pas rencontrer.
Elle pense à ce siècle prochain où l’humanité sera libre
Elle a toujours rêvé d'un monde certes délivré de ses pesanteurs, de ses chaînes mais qui demeurerait enraciné profondément dans cette terre poétique où sont les aïeux nourriciers. Du passé, faisons table rase chantent les disciples de Marx. Elle n'aime guère cette idée. On ne construit rien sur du vide.
Elle dit, tranquille, l'œil brillant :
- Ecrivain, femelle et barbare, voilà vraiment ce que je suis. J'aime le canon, la mitraille, l'odeur de la poudre dans l'air, Dieu tout en feu dans ses nuées.